La communauté internationale, à l'heure qu'il est, joue les prolongations. Après le sommet du G20 à Londres le jeudi 2 avril -pour une fois qu'il ne s'agit pas d'un jeudi noir- les esprits sont rivés sur les 25 et 26 avril. C'est en effet là que l'on abordera la question de l'appel de fonds en faveur du FMI, qui triplerait ses ressources, passant de 250 à 750 milliards de dollars, ainsi que de l'épineuse question de sa reconfiguration faisant, peut-être, plus de place aux pays émergents. Après l'effet d'annonce, il est normal que l'on croise les doigts dans l'attente des résolutions. Pour décrisper les esprits et ramener la croissance, les opérateurs ont besoin, afin de se dégourdir et de se remettre à la bourre, de voir du concret. La cagnotte totale est tout de même bien dotée avec 1.100 milliards de dollars. Qui saurait le leur reprocher, tétanisés et échaudés qu'ils sont dans cette crise de confiance. Le préjugé favorable A priori à Londres, le G20 a consacré son unité. Ayant réussi à dégager une certaine unanimité autour de la plate-forme européenne de «l'étalon légal», cette structure gagne en crédit et en représentativité. S'imposant comme le «directoire mondial», compte tenu de son panachage entre pays nantis et le peloton de tête des pays émergents -les BRIC-, le G20 éclipse totalement le G7, trop discriminant, et se donne une coloration politique manifeste. Réunissant des chefs d'Etat, il fait de l'ombre à l'ONU et à sa structure dédiée aux affaires économiques du monde, à savoir la CNUCED (Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement) laquelle possède une représentativité incontestable de 185 Etats. C'est Mezza voce que l'on évoque, une certaine impartialité du G20 mais pour l'instant le reste du monde ne cherche pas à finasser et laisse faire le préjugé favorable se disant que si on parvient à infléchir le cours de la crise, on pourra toujours reparler d'IDE en faveur des pays émergents. Il faut avoir à l'esprit que ces derniers sont terriblement sinistrés et qu'ils sont dépourvus des aisances budgétaires des pays riches et que par dessus tout leur équilibre social est vulnérable. Et qu'ils risquent gros. Et le gros du bataillon se trouve en Afrique, oubliée et mal aimée du marché global.Sans avoir été pour rien dans le déclenchement de la crise, elle subit ses épouvantables dommages collatéraux. Par conséquent un regain d'espoir n'est pas chose de trop. Va-t-on enfin ouvrir les robinets du crédit ? L'UE a ficelé un ensemble de doléances et en a fait un «étalon légal» en référence à l'étalon dollar, et le G20 l'a entériné. Les pays anglo-saxons ne l'ont pas boycotté malgré leur divergence de pensée avec les pays de l'UE qui ont mobilisé dans leur sillage les pays émergents majeurs. Parmi les grandes propositions, il y avait celles relatives à la «moralisation» du capitalisme. Visiblement l'amorce est faite. Les paradis fiscaux ont promis de rendre les armes. Les «Hedge Funds» font mine d'obtempérer. On va mettre de l'ordre dans la finance internationale. Mais la grande question est de savoir si l'assèchement du crédit, cet horrible «credit crunch» est désormais dépassé. C'est après tout la crise de confiance qui a grippé, tout net, la machine. Le système avait quelques munitions en réserve mais le climat généralisé de méfiance a engourdi toute initiative. Au plus fort de la crise, les banques entre elles ne se prêtaient plus d'argent car chaque établissement pensait que l'autre pouvait se déclarer à défaut sans crier gare. Et par effet de chaîne, c'est ce qui a tari le crédit à la conso et les crédits aux entreprises. La spirale s'est étendue aux compagnies d'assurance-crédit à l'export lesquelles, à leur tour, ont réduit la voilure, pénalisant de plein fouet les pays émergents qui ont fait le pari de l'ouverture et de l'export. Le sommet a promis au FMI 500 milliards de dotation en capital, pour venir en aide aux Etats en les «recapitalisant» en quelque sorte et 250 autres pour renflouer le commerce mondial. Il faut espérer que ce pactole renfloue le commerce mondial via notamment les compagnies d'assurance à l'export. Ce serait un précieux stimulant pour soutenir l'activité en attendant que la reprise se mette en route. Des «AMM» pour les produits financiers Ainsi que le recommande la raison, il faut observer un certain gradualisme dans ces plans d'urgence et ne pas exiger tout et tout de suite. Il faut se réjouir de voir que le monde retient le principe de la régulation du marché financier. Il semble que l'on soit en train d'activer les instances découlant du Comité de Bâle et notamment le Conseil de stabilité financière qui vont confectionner des règles prudentielles en vue d'instaurer un contrôle et une supervision des marchés. Ce serait bien vis-à-vis des pays émergents que ces instances songent à établir une clause de sécurité tel que les «Autorisations de Mise sur le Marché» (AMM) que les autorités exigent lors du lancement des médicaments nouveaux. En effet, ce serait un antidote à de nouvelles aventures financières. Les produits structurés auraient-ils été cette force de contamination si on les avait soumis à un tel test préalable? Les pays émergents n'ont pas une grande immunité face à ces produits et chaque crise grève leur richesse injustement. Il faudrait qu'ils puissent s'assurer contre ces martingales à répétition. Il faut se rendre compte qu'en 10 ans ils ont essuyé coup sur coup, la bulle technologique en 2000, puis l'affaire Enron et ce qui s'en est suivi, la crise de l'énergie dont on sait qu'elle est en partie manipulée par des forces noires et occultes, puis la flambée des matières premières tout aussi mystérieuses et ruineuses, et depuis 2007 on les trempe dans la crise financière. Ces secousses à répétition ont écrémé leurs patrimoines et les frustre des rentrées de leur travail. Il faudrait que l'on puisse les leur épargner à l'avenir ainsi qu'au reste du monde d'ailleurs. Et c'est à cette condition qu'on pourrait croire à ce nouvel ordre mondial équitable que l'on nous promet.