La vigilance est bonne conseillère. Face à un monde dominé par la volatilité, le pays s'est, dès le début de l'année 2009, doté d'un Comité de vigilance pour surveiller les évolutions de l'économie mondiale. Gérer, c'est prévoir, cette attitude a l'avantage de sa cohérence. Avoir le marché à l'il est une assurance pour ne pas se laisser surprendre. Cette posture nous a prémunis, bien prémunis, des méfaits de la crise. Le soutien au secteur exportateur est une conséquence qui découlerait de cette dynamique. Poumon de notre industrie, le secteur exportateur a été impacté par le ralentissement de la croissance mondiale. Un soutien budgétaire lui a permis de traverser la bourrasque sans grands dommages. Ce soutien a été accordé à tous sans discrimination de nationalité puisque les non résidents ont été servis autant que les nationaux. Cette attitude de bienveillance vis-à-vis des investisseurs a également joué dans le Programme de mise à niveau qui a été ouvert aux non résidents. Cette tradition d'hospitalité économique est tout à l'honneur du pays. L'information économique a été célébrée au cours de 2009. C'est une denrée précieuse. Elle est l'une des expressions de la transparence et de la bonne gouvernance. Elle est matière d'expertise. Et dans ce sillage, la presse économique a pris ses marques et s'est mise en perspective d'avenir. Professionnalisme et qualité seront des repères du futur. Forum de Carthage, à sa onzième édition, il réalise une affluence record. Cette manifestation a pris de l'envergure et l'offre exposée aux investisseurs a acquis de la profondeur. Le package est devenu global. La Tunisie s'oblige à un triptyque de productivité - compétitivité-attractivité. Fort de son classement à Davos d'abord, ainsi que de sa pole position dans le rapport de la Banque Africaine de Développement, le pays est en légitime aspiration quand il projette d'intégrer le saint des saints, le périmètre de l'OCDE. De la sorte, il s'est autorisé un saut de palier en convoitant des projets industriels de haute valeur ajoutée, des projets IT ancrés sur la composante innovation et des partenariats dans des industries liées à l'aéronautique. C'est grosso modo l'essence de la prospective 2016 qui a d'ailleurs fait l'objet d'un road show européen lequel a été du meilleur effet en matière de promotion pour le site national. Gulf Finance House, sur son élan d'insertion à l'international, le démarrage du port financier international vient rappeler l'objectif de faire de Tunis une place financière régionale. Cette plateforme drapée de tous nos attributs de performance économique saura se donner une offre en intelligence avec nos ambitions. La Bourse n'est pas en retrait après qu'elle eut marqué un point gagnant en 2008 avec une performance positive dans un panorama mondial en berne. La grande dame de la Tour Babel de Montplaisir a rallongé de deux heures la séance de cotation. Elle envisage d'intégrer les ordres clients via internet grâce à sa nouvelle plate-forme et même que nous prenons le pari qu'elle saurait donner plus de punch au marché alternatif, qui ne trouve pas encore ses marques. Le sport fait large place à nos athlètes dans les disciplines individuelles et toujours ce goût de l'exploit que Oussama Mellouli symbolise à l'extrême. Le voilà qui reconquiert son titre de champion du monde, après en avoir été frustré. Ouss' sait fendre les profondeurs sans soulever de vagues mais en faisant exploser le chronomètre. Ce sportif en «Or», triplement médaillé, est la meilleure icône que nous pouvons offrir au monde l'année où la planète a validé notre proposition de faire de 2010 l'année de la jeunesse. Cela nous consolera de la contre performance de nos aigles qui n'ont pas volé très haut vers le Mondial de 2010. Kairouan, capitale de la culture islamique, voit son rayonnement à son zénith. Cette cité illustre, ville phare, doyenne de ses filleules maghrébines, dont Fès, n'a rien perdu de sa superbe. Quatrième lieu saint de l'Islam, par la majestueuse prouesse architecturale de la Grande mosquée, elle a été une capitale autant de la piété que du savoir et des connaissances. Matrice du progrès et de la science dans la région de Kairouan est restée fidèle à elle-même. Okba Ibn Nafii, son fondateur l'avait calquée sur le projet du messager de Dieu à Yathreb, elle est en effet regardée comme la Médine du Maghreb, une vitrine de la civilisation. Jusqu'où a-t-elle influencé l'imaginaire d'El Farabi ? L'hypothèse est séduisante. L'eût-elle inspiré pour son uvre célèbre de la «Cité idéale», qu'on n'en serait pas surpris. Outre que cela donnerait de l'aplomb à l'uvre historique de Okba. Aboulkacem Chebbi vient relever la dot culturelle de l'année 2009, qui n'aura pas manqué de relief. Le poète-mirage ne s'est pas attardé dans cette vie. A peine vingt cinq ans. Et, une uvre magistrale. La vie lui a soustrait des années mais l'a récompensé en talent : «Qui n'étreint d'amour la vie, se volatilise dans l'atmosphère et dépérit» a été sa réponse. Bien qu'elle l'eut stressé au chrono, il l'a aimée à plains poumons et lui a servi une rente littéraire viagère. Se sachant condamné, Chebbi a pourtant rédigé son célèbre recueil «la Volonté de vivre», pas moins. Ce n'est pas pour rien que ses vers garnissent notre hymne national. Le tourisme fait le ménage avec un branle-bas de combat jamais observé jusque-là. Une vague de reclassements a secoué le secteur et le Département entend mettre de l'ordre avec résolution. On sévit parce que la profession a manqué de mordant. Elle ne s'est pas hâtée pour engager la mise à niveau autant de l'infrastructure que de la qualité de services. Pour l'infrastructure la cause est entendue, car les mécanismes financiers sont là. Mais pour la formation, les efforts sont partagés entre la profession et le Département qui est responsable de la formation. Cette mise à jour d'ampleur, a priori devrait servir le redémarrage du secteur, qui a toujours besoin de ce tour de vis technique ainsi que de plus d'innovation. A Douz, le besoin s'est notamment fait sentir. Le folklore dominait trop le festival. Il faut surprendre les touristes pour que l'effet de dépaysement soit total. Le Salon des services bancaires et de la Monétique, à sa troisième édition, a créé l'événement. Ce forum professionnel est un grand espace de rapprochement entre banquiers et clients toujours fascinés par leur puissant partenaire. Une moisson de nouveaux services notamment de Mobile-banking était au rendez-vous au bonheur du grand public qui voit la «banque des particuliers» progresser en direction du concept de la banque «multicanal», ce qui est un «plus» pour la clientèle autant qu'une protection pour le secteur alors que les négociations sur l'ouverture des services est dans l'air. Lors du Salon, le public a fait connaissance avec la banque islamique Zitouna qui venait de se constituer et se mettait en activité. Hommage était rendu à la Banque de Tunisie toute auréolée de son titre de meilleure banque de l'année, distinction attribuée par le Jury de «Global Finance» relevant du groupe anglais «Financial Times». L'élection présidentielle et les législatives ont constitué à l'événement politique suprême de l'année 2009. Le programme électoral du président Ben Ali servira de GPRS pour le prochain quinquennat. Il fait une large place, à l'emploi, à l'entreprise et au développement durable. Il contient tout le travail de reconfiguration du secteur bancaire, et fait majeur, il culmine avec la perspective de libération totale du dinar. Cette résolution est notre cap de bonne espérance, notre gageure pour l'avenir. Oui, le pays tient le pari, pour relever les défis.