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La Tunisie est-elle vraiment prête pour l'open sky ?
Publié dans Business News le 12 - 04 - 2010

L'Open sky avec l'Union européenne est un choix conscient et délibéré de la Tunisie. C'est également un choix irréversible, fruit d'une volonté politique progressiste, d'autant plus que la libéralisation du secteur aéroportuaire s'impose aujourd'hui, et plus que jamais, comme un moyen de remédier à certains dysfonctionnements, dus à une situation de monopole longuement ancré sous notre ciel. Le président Ben Ali est convaincu de cette approche et l'a même intégrée dans son programme présidentiel pour le quinquennat 2009-2014. Sauf que cette nouvelle donne n'a pas fait l'objet d'une unanimité. Quelques uns, surtout les hôteliers, y voient une opportunité certaine et une voie juteuse pour l'économie nationale, d'autres estiment qu'il s'agit, plutôt, un risque certain à même de menacer les compagnies aériennes, dites « classiques ».
Opportunité ou mal obligatoire, la question est posée. Et, bon gré, mal gré, il faut y répondre.
Sur le terrain, les choses sont très différentes surtout quand il s'agit d'apporter des éléments de réponses aux questions suivantes : les compagnies aériennes nationales sont-elles suffisamment outillées pour jouer dans la cour des compagnies low cost qui ont amorcé la genèse d'une nouvelle donne, ce qui risque, dans un futur certain, de détrôner les compagnies classiques ?
Ne serait-il pas difficile pour les compagnies tunisiennes de les concurrencer alors qu'elles n'ont pas encore finalisé leur mise à niveau, notamment en matière des réformes visant essentiellement l'amélioration du rendement de tous les facteurs de production (flotte, personnel…) et l'instauration d'un système de réduction de coûts permanents ? Concrètement, les craintes des opérateurs tunisiens sont-elles vraies, ont-elles un bien fondé ou s'agit-il simplement de suppositions qui attendent une mise à l'épreuve sur le terrain ?
Le déjeuner-débat sur l'Open Sky, organisé la semaine dernière par l'Association des Tunisiens des Grandes Ecoles (ATUGE), a fait couler beaucoup d'encre. En fait, le sujet n'a pas arrêté de créer le débat et ce depuis plusieurs mois. L'ATUGE a cherché à tirer toutes ces questions au clair en conviant un panel des plus prestigieux : Nabil Chettaoui, président directeur général de Tunisair, Mohamed Cherif, président directeur général de l'Office de l'Aviation Civile et des Aéroports (OACA) et Haluk Bilgi, président directeur général de TAV Airports Holding Tunisie.
Pour le PDG de Tunisair, une chose est sûre. Il ne faut pas s'aventurer à tirer des conclusions hâtives. Un travail de benchmarking est à entreprendre afin de recueillir des expériences et réflexions menées dans d'autres pays, notamment de voisinage, qui ont été confrontés à cette situation. " L'expérience marocaine est riche en enseignements.
Le Royaume chérifien a libéralisé son transport aérien dans un contexte différent du nôtre. Le nombre de compagnies charters y était moitié moins important que celui de la Tunisie. Après l'open sky le nombre de compagnies charter opérant sur le Maroc a été multiplié par deux pour atteindre le nombre de compagnies charter desservant la Tunisie. La libéralisation du ciel marocain a, ainsi, provoqué une croissance à deux chiffres dans les arrivées aux aéroports et un extraordinaire boom du nombre de touristes. Seulement, elle n'a pas engendré une augmentation des nuitées dans les hôtels. Au contraire, elles ont chuté. A la longue, les Marocains résidents à l'étranger ont intensifié leurs voyages et le tourisme résidentiel a progressé, mais pas le tourisme hôtelier packagé. Conséquence : les grandes compagnies ont quitté le pays", a précisé M. Chettaoui.
Quelle conclusion faut-il tirer donc ? M. Chettaoui répond en toute franchise. "L'open sky va permettre aux compagnies du pavillon national ainsi qu'aux compagnies régulières européennes qui opèrent déjà sur la Tunisie d'intensifier leur présence dans un environnement plus libéral. Vu de ce point, c'est une opportunité pour Tunisair puisque elle aura libre accès au marché européen. Néanmoins, les menaces sont bien réelles et les risques importants. Tunisair sera, en effet, en concurrence avec des compagnies low cost qui ont développé un modèle économique et une culture d'entreprise bien différentes de celles de la compagnie nationale. Cette concurrence n'obéit qu'à une logique : les bas prix, quelle que soit la qualité du service rendu.
« En ce qui nous concerne, nous sommes bien préparés », a rassuré Nabil Chettaoui. Tunisair s'est engagée, depuis le début des années 2000, dans une mise à niveau couvrant le renforcement de la flotte, l'arsenal commercial, surtout en matière de tarification, l'actualisation de son management, par l'adoption de la stratégie de filialisation, et la compression des coûts, notamment avec la réduction de surplus d'effectif.
A entendre M. Chettaoui, c'est une condition nécessaire mais pas suffisante, étant donné l'importance des réformes, qui restent à accomplir visant, essentiellement, l'amélioration de la productivité et l'instauration d'un système de réduction de coûts permanents.
Le patron de la compagnie nationale a souhaité, qu'à l'instar de la démarche de libéralisation entreprise progressivement en Europe, par "paquets" de 1987 à 1997, la libéralisation en Tunisie se fasse progressivement sur un minimum de 3 ans pour permettre aux opérateurs nationaux de poursuivre leur mise à niveau et pour que l'entrée des compagnies à bas coût se fasse par étapes. "Il nous est difficile de les concurrencer sur leur champ de bataille, plus particulièrement la tarification. Comme il nous est impossible de se transformer en low cost.
En Europe, la tendance actuelle montre que les 7 premières compagnies low cost détiennent 40 % de la flotte aérienne sur le marché européen, contre 60% de parts de marché pour les compagnies de vols réguliers. Dans un futur proche, les compagnies classiques seront détrônées. Pour nous, les choses sont claires. Avec des sacrifices, nous tiendrons le coup. Déjà, la Tunisie a, depuis longtemps, libéralisé l'activité charter et fortement modifié ses accords aériens au niveau du régulier. Plusieurs accords de libéralisation ont été déjà signés avec le Maroc, la Libye, l'Algérie et certains pays européens. Des pourparlers sont en cours avec les Etats-Unis d'Amérique".
Jalel Bouricha, patron de la chaîne Yadis Hôtels et représentant de la Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie (FTH), estime, pour sa part, que l'open sky va permettre de drainer une nouvelle clientèle, d'augmenter exponentiellement les réservations et les nuitées, du fait du démantèlement de toutes les entraves devant une frange d'opérateurs, en l'occurrence les compagnies low cost, connues pour l'efficacité de leur modèle économique et l'étendue de leurs gammes.
En outre, cette démarche de libéralisation permettra de provoquer une nette augmentation des arrivées aux aéroports et une intensification, non seulement, du tourisme résidentiel, mais aussi du tourisme classique packagé. Les retombées économiques ne peuvent être que bénéfiques notamment en matière de création de postes d'emploi et de la richesse à même de booster le développement régional.
Une opinion largement partagée par Haluk Bilgi, président directeur général de TAV Airports Holding Tunisie, qui voit en cette donne une opportunité certaine pour la Tunisie. En témoigne la réussite de cette expérience dans son pays, la Turquie, puisque ses retombées ont débouché sur une montée spectaculaire du nombre des entrées et des réservations. Elle donnera un nouveau souffle à l'employabilité étant donné qu'un million de passagers de plus, c'est automatiquement la création de 4000 nouveaux postes d'emploi.
Un petit retour au scepticisme, cette fois purement "tarifaire". Mohamed Chérif, PDG de l'OACA, a tenu à préciser que les opportunités et les menaces coexistent ensemble. Il donne, à cet effet, l'exemple de l'augmentation du trafic dans l'Union européenne (estimée entre 11 et 14%). Cependant, M. Chérif a fait savoir que la vraie menace se pose au niveau de la déréglementation tarifaire d'autant plus que les bas tarifs sont le nerf de guerre des compagnies low Cost.
Nonobstant la réticence, la crainte et le scepticisme de certains, les intervenants s'accordent sur un fait. Seule l'épreuve sur le terrain pourrait juger de la capacité des compagnies tunisiennes à tenir le coup ou non. Walid Ahmed Ferchichi


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