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Enseignement secondaire : chronologie d'une crise
Publié dans Business News le 24 - 04 - 2018

C'est le feuilleton à rebondissements du moment, éclipsant au passage une campagne municipale qui semble n'intéresser personne ou presque. Ce que l'on appelle aujourd'hui la crise de l'enseignement secondaire a pris, ces dernières 24h, une nouvelle ampleur qui n'augure en rien une résolution prochaine. Chronologie d'une crise sans précédent !

Alors que les enseignants font grève depuis quelques jours et qu'ils retiennent les notes des élèves, l'UGTT annonce la reprise des cours à partir de mardi et la remise des notes. C'est le secrétaire général de la centrale syndicale, Noureddine Taboubi qui l'avait annoncé lundi en début de soirée à l'issue de la réunion de l'instance administrative nationale.

Les parents ont soufflé un grand ouf de soulagement après des semaines de bras de fer entre le syndicat et le gouvernement, leurs enfants étant les victimes « collatérales » de cette crise. L'opinion publique a salué une décision, enfin, « raisonnable » de l'UGTT. Noureddine Taboubi a multiplié les déclarations dans les médias, louant « le sens de la responsabilité » chez les enseignants : « La décision de reprendre les cours et de remettre les notes est tout à l'honneur des enseignants et ne peut que les gratifier », avancera-t-il. « La centrale syndicale a toujours été aux côtés du peuple tunisien. Notre ambition est de réformer l'école publique. C'est l'avenir de nos enfants », dira-t-il. Toutefois, Taboubi tempère en avisant de la tenue d'une réunion au ministère des Finances pour relancer les négociations. Entretemps, l'instance administrative reste en réunion et peut se rétracter à tout moment en rouvrant les hostilités si elle constate des tergiversations de la partie gouvernementale. On annonce la couleur, mais le plus gros est fait. La grève est suspendue, les notes seront rendues aux élèves, tout le monde est content.

Cependant, cela était sans compter sur la réaction de la fédération générale de l'enseignement secondaire. A la surprise générale, le syndicat fait savoir, quelques minutes après l'annonce de l'UGTT qu'il n'en est rien ! La suspension des cours est maintenue et les notes ne seront pas remises, contrairement à l'annonce faite par l'instance administrative nationale. Nos enseignants syndicalistes désavouent publiquement la centrale syndicale, dont ils relèvent. La fédération jette aux orties la décision de l'instance administrative nationale et s'en tient à celle de l'instance administrative sectorielle. Un imbroglio que les Tunisiens peinent à comprendre, surpris qu'ils sont de la tournure de cette affaire.
C'est au lendemain d'une rencontre entre Noureddine Taboubi et le chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi dimanche que l'instance administrative a décidé de la reprise. Le président de la République a endossé le rôle de médiateur afin de résoudre la crise. Il n'est pas le seul puisque vendredi, le chef du gouvernement, Youssef Chahed est intervenu en direct pour rappeler les enseignants à l'ordre et calmer les esprits. Peine perdue, sa sortie médiatique n'a fait qu'envenimer les choses, les syndicalistes l'ayant perçue comme une menace à peine voilée et ont promis une escalade des protestations. De l'autre côté, les observateurs de la scène politique ont désapprouvé cette apparition du chef du gouvernement, considérant qu'il s'agit d'un faux-pas, Chahed s'étant exposé à la défiance d'un Lassâad Yaâcoubi plus que jamais déterminé à aller jusqu'au bout dans son « combat ».

La crise a atteint son paroxysme après que la fédération générale de l'enseignement secondaire a désavoué la plus haute instance de l'UGTT. Le syndicat campe sur sa position, ne veut en aucun cas lâcher prise ou faire quelque concession.
Toujours est-il, Youssef Chahed a réagi dès l'annonce de la centrale syndicale, exprimant son soulagement et saluant une « brave position » de l'UGTT qui a fait primer la voix de la raison et l'intérêt des élèves. Il remerciera dans la foulée Noureddine Taboubi pour « son rôle positif qui a œuvré pour éviter une année blanche ».

Tout de même, le belliqueux Lassâad Yaâcoubi continue à défier tout le monde, il ira jusqu'à se mettre à dos les journalistes en les insultant (il s'excusera par la suite). Sur son compte Facebook, il pavoise en se félicitant de la réussite de la grève « qui revêt, dans ces circonstances, un sens nouveau et démontre l'union des enseignants autours de leurs revendications », au grand dam des parents dépités de voir leurs enfants pris en otage de ce bras de fer. Ces parents créeront d'ailleurs des groupes sur les réseaux sociaux pour dénoncer « une mascarade » et pour la première fois en Tunisie, ils se mobiliseront en organisant des marches de protestation.

Pour les enseignants grévistes, la fédération de l'enseignement secondaire est souveraine et la décision de suspendre les cours et de retenir les notes lui revient à elle seule. La décision d'un retour à la normale aussi. Selon ces enseignants, l'instance administrative ne peut que proposer ou appeler à révoquer cette décision et rien d'autre. Leurs revendications, ils y tiennent et rien, semble-t-il, ne les empêchera de les exiger, quitte à envenimer la situation et à risquer une année blanche.
Mais quelle est la nature de ces revendications que les autorités se refusent à satisfaire dans l'immédiat ? Les syndicalistes demandent en gros une hausse des primes, à en créer de nouvelles, et à baisser l'âge de la retraite. Des exigences que la partie gouvernementale voudrait tempérer estimant qu'elles ne collent pas avec le contexte actuel du pays.


Récemment, le ministre chargé des Relations avec les instances constitutionnelles et la société civile, Mehdi Ben Gharbia a souligné que l'Etat traverse une crise des finances publiques (ce qui n'est un secret pour personne). Il ajoute que malgré cela, des négociations seront entamées avec l'UGTT sur les augmentations salariales : « Or, aujourd'hui, un secteur (en l'occurrence l'enseignement secondaire) demande des augmentations spécifiques d'à peu près 400MDT ce qui représente 3% de la masse salariale du pays ! », s'est exclamé le ministre. Ces demandes spécifiques seront ainsi ajoutées à celles générales qui devront être négociées avec la centrale syndicale. De plus, les enseignants demandent la révision de l'âge de la retraite au moment où le gouvernement évoque une réforme des caisses sociales et l'augmentation de l'âge de départ à la retraite.

Cette situation inextricable n'a fait que renforcer le conflit entre le gouvernement et le syndicat, le premier jugeant inopportunes les revendications, le deuxième allant dans l'escalade pour faire pression et obtenir ce qu'il réclame. Finalement, la fédération de l'enseignement secondaire se conformera à la décision de l'instance administrative en suspendant la grève. Elle décide cependant de ne pas remettre les notes aux élèves, ce qui représente un retour au point de départ.
Il faut dire que dans ce conflit, la fédération y a laissé des plumes. Jusqu'au-boutiste, elle a perdu la bataille de l'opinion publique, une grande partie des Tunisiens critiquant les méthodes extrémistes du syndicat. Les cadres de l'UGTT ont saisi le message mais pas la fédération qui s'est rebellé cette fois contre sa hiérarchie.
Sauf que dans cette bataille il n'y a ni vainqueur ni vaincu. Il y a des parents et des élèves déboussolés, une année scolaire bousillée. Le grand perdant dans cette affaire est le secteur de l'éducation publique.


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