Ahmed Mestiri, homme politique et fondateur du mouvement des démocrates socialistes, a déclaré que l'état du pays se dégrade de jour en jour sur tous les plans. Dans son billet publié sur Facebook, il a ajouté que « le sort de la Révolution est aléatoire. La contre-révolution, de l'intérieur et de l'extérieur, se manifeste maintenant ouvertement et utilise des bandes de criminels de droit commun, déguisés parfois en militants politiques pour s'attaquer aux biens et aux personnes». Le politicien a souligné également que le pouvoir provisoire mis en place est « un pouvoir de fait, mais, tout de même, un pouvoir réel; et tout se passe comme si ce pouvoir s'était octroyé la plupart des responsabilités; celles de légiférer, de gouverner le pays, de prendre en son nom des engagements financiers extérieurs à long terme, de nommer des ministres et des hauts fonctionnaires, des gouverneurs, des magistrats, des généraux de l'armée, des ambassadeurs, des officiers supérieurs de la Garde Nationale et de la Police; celles de disposer des finances publiques, exercer son autorité sur l'armée, la police et les média audiovisuels publics, et ordonner des poursuites judiciaires ». Quant aux partis politiques, organisations professionnelles, diverses associations censées représenter la société civile pour constituer un contre pouvoir crédible, M. Mestiri a précisé que beaucoup d'entre eux ont été créés de toute pièce, pour les besoins de la cause, ou reçu les autorisations administratives avec une rapidité et une facilité déconcertantes. Le but est de salir l'image du pluripartisme et de discréditer le système démocratique lui-même dans l'esprit des citoyens. A ce propos il a révélé que l'argent – celui laissé par Ben Ali ou provenant d'autres sources – coule à flots pour entretenir la contre révolution. D'après M. Mestiri, il est utilisé aussi pour alimenter les caisses de certains partis, organisations, ou associations dans des desseins pas toujours innocents ni en toute légalité. « Tout cela ne présage rien de bon pour le proche avenir, après l'élection de l'Assemblée constituante. Il m'appartient, comme citoyen indépendant, libre de tout engagement, d'exprimer publiquement mon opinion à ce sujet. Tout comme je me dois de déclarer clairement et dores et déjà, mon opposition formelle – une opposition politique, pacifique et éloignée de la violence – à la démarche du pouvoir, celle de ses agents et de ses acolytes dans la classe politique – une démarche qui est de nature à compromettre l'avènement de l'Etat de droit et du régime démocratique, à court et à long termes », affirme-t-il.