A part la fleur au fusil et la prestance de l'uniforme, nous ne savons pas grand-chose de notre armée : son histoire, ses structures, ses codes, ses missions, ses droits et ses devoirs. Pour célébrer ce soixantième anniversaire, les éditions Leaders consacrent un très bel hommage à cette armée tunisienne «républicaine, silencieuse, sauf sur les champs de bataille, et vaillante sur tous les fronts». Le titre peut sembler exagérément optimiste ou du moins, si on est optimiste, prometteur. La grande muette a soixante ans : cela méritait un bel hommage. D'autant plus que jamais au grand jamais nos vaillants soldats n'ont bénéficié d'un tel capital, mérité, de sympathie. Et que nous découvrons qu'à part la fleur au fusil et la prestance de l'uniforme, nous ne savons pas grand-chose de notre armée : son histoire, ses structures, ses codes, ses missions, ses droits et ses devoirs. Pour célébrer ce soixantième anniversaire, les éditions Leaders qui continuent courageusement de s'impliquer dans le créneau hélas pratiquement disparu aujourd'hui, du «Beau-livre», consacrent un très bel hommage à cette armée tunisienne «républicaine, silencieuse, sauf sur les champs de bataille, et vaillante sur tous les fronts». Notre ami Taoufik Habaïeb, qui signe l'avant-propos, reconnaît avec modestie qu'il ne fait que «lever un coin du voile » qui a longtemps occulté l'Histoire de cette institution si familière et si peu connue. Et il faut reconnaître qu'en ces temps où l'on parle beaucoup de l'armée, de son rôle et de ses droits citoyens, où le soldat n'est plus un mythe, mais celui qui veille sur nos nuits, et auquel les jeunes filles ont offert des fleurs sur les tanks, il a réussi à éveiller notre curiosité. Pour réaliser ce livre, on a fait appel à un collectif d'auteurs : des historiens qui, comme Mohamed El Aziz Ben Achour, évoquent l'Histoire de cette armée, née en 1831, avec Hussein Pacha Bey à qui l'on doit également le drapeau tunisien. On retrouve, dans cette partie historique, une iconographie célèbre comme les portraits du général Kheireddine, ou le fameux «Retour de Crimée». Un grand bond dans l'Histoire évoque les pères fondateurs de l'armée républicaine, le mythique quatuor de grands généraux : Habib Essoussi, à qui le regard perçant et la moustache blanche avaient valu le surnom de «Major Thompson», Mohamed Kéfi, qui fut le père de la première madame Ben Ali, et laissa un souvenir vivace de probité et de rigueur, Habib Tabib et Mohamed Salah Mokaddem. On fit appel aussi, et surtout, à des militaires qui vécurent les grands moments quelquefois oubliés, de l'armée tunisienne : La Bataille de Bizerte, racontée par le général El Kateb, une guerre commencée «sans tambours ni trompettes», qui fut le baptême du feu pour les jeunes soldats tunisiens. La mission de maintien de la paix des Casques bleus au Congo pour laquelle la Tunisie n'hésita pas à envoyer un contingent de plus de deux mille soldats de sa toute jeune armée, et que raconte le colonel Ben Kraïem. Une mission difficile qui fit longtemps l'objet de terribles récits dans les familles, à la veillée. Mais une mission si bien remplie que, depuis 1960, l'armée tunisienne n'a cessé d'être sollicitée par les Nations unies pour des opérations semblables aux quatre coins du globe Outre de nombreux hommages, cet ouvrage, qui a réussi la mission dévolue, «éveiller notre curiosité», évoque le faste et l'apparat du régiment d'honneur, son école de musique, son carrousel équestre de grande tradition. Il n'oublie en aucun cas la présence des femmes au sein de l'armée, encore discrète, déjà valeureuse, et en promesse de développement. Il ne nous laisse pas oublier non plus les sentinelles, celles qui gardent les marges du pays, les gardiens de phare, les meharistes, sentinelles du désert. Et si vous voulez en savoir davantage sur notre grande muette, valeureuse, citoyenne, et, oui ma foi, invincible, lisez maintenant Invincible Tunisie.