La campagne agricole des grandes cultures s'annonce encore bien difficile cette année dans plusieurs régions du Nord-Ouest où la sécheresse a eu raison des emblavures avant même la levée des graines ou encore le bon déroulement de leur cycle végétatif. Autant dire alors que la campagne 2017-2018 serait cette année de vaches maigres, alors qu'elle avait été entamée sur les chapeaux de roues et dans des conditions climatiques jugées favorables, notamment lors de la période des semailles où les précipitations pluviales ont été on ne peut plus généreuses. Malheureusement, l'hiver a été dur pour les emblavures et le manque d'eau a étouffé les graines sous la terre ou entraîné leur mort quelque peu après leur levée, en particulier lors des deux mois de janvier et de février où l'eau était rare dans plusieurs régions des gouvernorats du Kef, Siliana, Béja Sud et Zaghouan, régions au demeurant classées parmi les principaux foyers agricoles du pays en raison de leur contribution à l'approvisionnement du pays en céréales en quantités variables mais importantes. Déjà, plus 50.000 ha ont été totalement perdus dans les délégations du Sud du Kef comme Tajérouine, Djérissa, Kalaâ Khesba, Kalaât Senan et le sud de Sakiet Sidi Youssef. La récolte est aussi jugée faible dans les deux délégations du Ksour et de Dahmani alors qu'elle semble bonne dans les autres foyers situés au nord du gouvernorat où les dernières pluies ont contribué activement à améliorer l'état des emblavures, annonçant même une forte et bonne récolte localisée, dans les délégations du Kef-Est, Nebeur, Touiref, le nord de Sakiet et du Sers. Seulement 12% des emblavures récoltables A Siliana, le commissariat régional parle même d'une année bien difficile et évoque une saison de calamité naturelle, en ce que seulement 12% des emblavures sont récoltables, alors que le reste des superficies céréalières a été totalement endommagé, y compris aussi pour les pâturages qui sont en souffrance. Le topo n'est guère reluisant dans le sud du gouvernorat de Béja et surtout à Zaghouan où l'on prévoit une production céréalière nulle. En revanche, les régions du nord pourraient générer une bonne récolte comme à Jendouba, Béja nord, le nord du Kef et Bizerte où l'on remarque cependant l'apparition de certaines maladies fongiques, mais tout de même traitées et localisées, ce qui conduit à conclure que la campagne céréalière 2017/2018 ne sera pas celle des records attendus et escomptés comme dans les années à forte pluviométrie. Partant de ce constat difficile et amer pour les céréaliculteurs au demeurant sérieusement affectés pour la quatrième année consécutive, les syndicats régionaux des agriculteurs et les unions régionales de l'Utap ont lancé un cri d'alarme pour réclamer la mise en œuvre rapide du fonds de réparation des calamités naturelles pour dédommager les céréaliculteurs sinistrés qui, jugent-ils, sont les seuls à consentir des sacrifices encore, en raison des pertes énormes qu'ils ont subi tout au long des dernières années, poussant même certains syndicalistes à préconiser des risques de perte totale de certains systèmes agricoles comme ceux de la céréaliculture et des laitages, d'autant plus que le gouvernement a refusé de répondre favorablement aux requêtes des agriculteurs qui réclament de porter à la hausse les prix des céréales et du lait. Pire encore, le gouvernement vient encore, par le biais du ministère de l'Agriculture, de faire pression sur les céréaliculteurs, en conditionnant l'octroi de la prime de prompte livraison de l'orge à la livraison de la production avant le 15 juillet, ce que les céréaliculteurs jugent comme un vrai couperet qu'il convient d'éviter quitte à faire encore des efforts surhumains pour faire parvenir la récolte chez les collecteurs avant cette date, notamment encore dans les zones en altitude où la campagne des moissons s'étend parfois jusqu'à la fin de juillet. Les professionnels du secteur céréalier estiment qu'ils sont dans l'incapacité de poursuivre leurs activités, partant encore de la hausse des coûts de production (carburant, intrants, semences sélectionnés) et menacent même de jeter les clés sous le paillasson si le gouvernement ne réagit pas promptement à leurs requêtes. En attendant, c'est tout l'avenir du secteur agricole qui est en jeu actuellement. Affaire à suivre.