Mme Zeineb Essaddam Ben Cheikh est docteur en langues et enseignante universitaire en Tunisie. Elle a mis au point une méthode d'enseignement de la langue anglaise, qu'elle a adaptée à la langue espagnole. Elle présente cette méthode et ses perspectives. Bon à savoir Cette méthode ne s'adapte qu'aux adolescents et aux adultes. Née de l'expérience et pratiquée, par l'auteur, avec succès pendant plus de vingt-cinq années, elle s'est révélée à partir d'un travail sur terrain, et sans aucun a priori théorique. Elle présente des caractéristiques: structuration du mental des apprenants, réduction considérable du temps imparti à l'apprentissage, parfaite maîtrise de la langue à l'oral et à l'écrit, épanouissement des apprenants. Au vu de ces résultats, par un travail introspectif, l'auteur a soumis cette méthode à une analyse rigoureuse, à partir des quatre aspects du comportement humain: cognitif, neurologique, psychologique et psychomoteur; et également à partir des thèmes concernant l'acquisition des langues: compétence/performance, compréhension/production, input/discours, l'aspect inné / l'universalité, imitation/pratique, langage/pensée. Elle l'a ensuite comparée à toutes les méthodes: depuis le XV° siècle à nos jours. Les résultats de ces recherches et de ces analyses ont mis à jour les différences fondamentales qu'il y a entre cette méthode et les autres. Ces différences se situent à tous les niveaux du processus d'apprentissage: compréhension, accompagnements de la compréhension pour sa transformation en connaissance acquise, et installée dans le système conceptuel de base des apprenants et rétention définitive de la connaissance. La réussite de ces trois étapes permet une production et une autonomie progressives jusqu'à la parfaite relation entre langage et pensée. C'est dans un premier ouvrage publié en 2009 par le Centre de publication universitaire et intitulé «Nouvelle méthode pour l'acquisition et l'enseignement des langues étrangères» que l'auteur présente toutes ces analyses et tous ces résultats. C'est au sein du second ouvrage, en voie de publication à l'Université de philologie de Cordoue (Espagne), que l'auteur présente les synthèses. Les synthèses de cette méthode comparée à toutes les autres montrent clairement que les divergences fondamentales entre les autres méthodes portent sur l'enseignement ou non de la grammaire, mais c'est dans leurs convergences que l'auteur décèle trois convictions communes, qui renferment les clés du mystère, et qui expliquent les causes de leur échec: La compréhension - La première conviction erronée est que à partir du moment où un individu (adolescent et adulte) a acquis sa langue maternelle de manière naturelle, il est donc en mesure de tirer tout seul les conclusions à l'heure de comprendre l'articulation d'une seconde langue. La charpente inconsciente qui articule de manière spontanée sa langue maternelle est supposée opérante par elle-même, de manière systématique, pour déclencher la compréhension des structures de la langue en voie d'acquisition. En effet, dans l'enseignement structurel, pour la compréhension, la règle est proposée à partir de l'extérieur du cerveau, et énoncée en des termes grammaticaux difficiles. C'est une sorte de «greffe»; et les apprenants, livrés à eux-mêmes, doivent faire le travail d'intégrer cette «greffe». Les méthodes d'enseignement communicatif intègrent la compréhension de l'articulation à la notion et à la fonction, et là le défi est encore plus grand pour les apprenants. L'approche tient plus du «virtuel» que du réel. Les accompagnements de la compréhension pour sa transformation en connaissances acquises et installées dans le système conceptuel de base des apprenants. La seconde conviction erronée est que à partir du moment où un individu a reçu une instruction (lycée, collège,...), il a donc un cerveau structuré qui lui permet de transformer, tout seul, cette compréhension en connaissance acquise. En effet, dans l'enseignement structurel, des exercices sont proposés, et corrigés, par l'enseignant, par la réitération de la règle; et ensuite, l'on passe à la règle suivante. Les méthodes d'enseignement communicatif, qui ont évolué depuis 1980, proposent également, à présent, quelques exercices destinés à mieux comprendre l'articulation contenue dans la notion et la fonction, sans beaucoup d'insistance. Rétention de la connaissance La troisième conviction erronée, pour les deux visions de l'enseignement, structurel ou notionnel et fonctionnel, est que la seule compréhension permet la rétention définitive qui va mener vers la production et l'autonomie. Ces trois convictions communes touchent aux trois moments-clés, compréhension-accompagnement-rétention, de n'importe quel processus d'apprentissage. Après analyse, l'auteur nous révèle les causes profondes de ces convictions: il y a une confusion et un amalgame systématiques entre l'analyse qui se fait pour l'acquisition naturelle de la langue maternelle par l'enfant, et surtout la facilité et la rapidité avec lesquelles un enfant acquiert, sans instruction, une seconde langue, dans toutes ses dimensions (intonation, rythme, prononciation, articulation grammaticale et vocabulaire : celles qui peuvent être maîtrisées à cet âge), et l'analyse réservée à l'adolescent et à l'adulte. Or, le travail sur terrain que l'auteur a effectué, et qui a mené à déceler ces erreurs de base, nous montre qu'il faut définitivement séparer les capacités et les compétences de l'enfant de celles de l'adolescent et de l'adulte. Ce sont deux réalités neurologiques et psychologiques radicalement différentes, et la première ne peut en aucune façon servir de postulat de base à la seconde. Pour l'acquisition et l'enseignement des langues, il faut réfléchir ces deux âges à partir des différences et tirer les conclusions qui en découlent. Contrairement aux autres méthodes dont l'approche est extérieure au cerveau de l'apprenant, cette nouvelle méthode est centrée sur lui. Elle a suivi pas à pas le fonctionnement du cerveau des apprenants, en essayant de ne jamais heurter leur ego. De cette pratique est né un processus, dont les trois étapes essentielles sont radicalement différentes de celles des autres méthodes, et dont les résultats sont également différents, du fait que les convictions de base ne sont pas les mêmes. Il est important de souligner qu'à partir du moment où une méthode est formalisée et présente tout un processus d'apprentissage, avec son organisation, ses étapes, ses procédés, ses techniques et ses stratégies, qui peuvent être enseignés et adaptés à d'autres langues, il ne peut s'agir seulement de la personnalité de l'enseignant. Un bon professeur peut influer sur des aspects psychologiques: motivation ou meilleure aptitude au travail, mais pour ce qui est de la construction de la connaissance, il ne peut y avoir d'effet placebo, il y a un programme de travail défini ou non. Cette méthode a donné un nouveau concept pour l'apprentissage et l'acquisition des langues étrangères. Cet apprentissage est l'acquisition de connaissances organisées de manière rationnelle et logique, identifiables et préalablement identifiées par les apprenants. C'est la création d'une mémoire de données qui impliquent l'accumulation des systèmes et de leur mémorisation à travers des exercices d'automatisme et des formes de pratiques écrites et orales. Et enfin, cet apprentissage a établi dans ses stratégies d'apprentissage, conscientes et inconscientes, dans ses procédés d'acquisition, de perception, d'accumulation et de renforcement des connaissances, une parfaite symbiose avec les réalités neurologiques, psychologiques et affectives des apprenants adolescents et adultes Par ailleurs, il serait erroné de dire que cette méthode soit la seule à permettre la parfaite maîtrise d'une seconde langue, puisque tant de personnes de par le monde parlent parfaitement d'autres langues. Cependant, elle est la seule à structurer le mental à travers l'apprentissage, et à permettre une parfaite maîtrise de la langue en un temps record, et à la grande satisfaction des apprenants. L'auteur termine sur une interrogation. Ce travail qu'elle propose pour les langues, n'est-il pas une réforme de l'enseignement tout court puisqu'il révèle une tout autre manière d'appréhender le cerveau humain pour l'apprentissage? De plus, il se trouve que deux de ses frères, l'un professeur en médecine (prix des sociétés maghrébines 2007) et l'autre professeur de mathématiques (au Canada), chacun dans son domaine, sont arrivés aux mêmes résultats ci-dessus mentionnés. Et, également une sœur qui enseigne le français à l'école primaire dont la méthodologie d'enseignement donne les mêmes résultats. Voici trois disciplines très différentes, pour lesquelles les mêmes causes ont donné les mêmes effets.