Mustapha Baazaoui semble avoir les idées bien claires: pour lui, «il est beaucoup plus important aujourd'hui de fructifier la richesse que de procéder à des saisies par l'Etat . Et c'est bien là l'esprit même du projet proposé qui repose sur le fait que les richesses, propriétés et sociétés des familles Ben ali et Trabelsi étaient par définition hors du contrôle et du domaine de l'Etat. Ils ne payaient pas l'impôt, les cotisations sociales, les droits de douanes, ne payaient pas les droits d'enregistrement vu que les achats et les acquisitions qu'ils ont pu faire étaient sous-évalués. Donc, conserver ces richesses hors du contrôle de l'Etat ne nuit en aucun cas aux équilibres macroéconomiques du pays tant que nous sommes encore en période transitoire». comprendre qu'il est de la pure sagesse de ne pas laisser passer ces richesses, qui vont être saisies par la force des choses, d'une main à l'autre. La saisie en faveur de l'Etat va créer des problèmes juridiques, financiers qui compliqueront ces transferts et créeront des tensions à plusieurs niveaux et entre plusieurs intervenants. De plus, la gestion de l'Etat de ces fortunes va aboutir à leur disparition et leur extinction dans le temps. Les expériences ont montré que l'Etat n'a pas d'urgence et l'administration prend toujours son temps, ce qui expose ces avoirs à une mort lente dans les rouages des bureaux et les exigences des intervenants. M.Baazaoui pense justement que «passer le contrôle de ces richesses de la main des anciens mafieux au profit de l'Etat va engendrer un problème de gestion de ces fortunes éparpillées ici et là. Le transfert de propriété par la saisie et la mainmise de l'Etat sur ces fortunes contribuera forcément à la perte de contrôle de la fluidité du produit de leurs résultats et nécessite une procédure houleuse dans le temps pour leur liquidation. Le plus important dans cette proposition c'est de maintenir la viabilité des entreprises en question en garantissant leur fonctionnement dans le temps et ne pas créer de tensions entre les autres associés qui vont viser, certainement, à acquérir ces participations auprès de l'Etat lequel n'est pas en mesure de gérer tous les portefeuilles en même temps». Or, l'objet de cette proposition est de maintenir en activité ces richesses pour qu'elles contribuent au développement de l'économie étant donné qu'elles sont en premier lieu la propriété du peuple. La centralisation de la gestion de cette fortune par son maintien et non par sa liquidation constitue une chance unique pour concrétiser la justice, rendre les droits aux ayants droit et permettre aux sociétés existantes de continuer leurs activités dans la légalité et la sérénité. La sauvegarde de cette fortune Ces richesses énormes laissées par ces familles constituent un capital liquide et immobilier immense pour entreprendre une action de développement dans les régions déshéritées. De plus, ces richesses seront des mannes liquides permanentes pour alimenter en partie les besoins en capital des investissements et des programmes de développement dans les régions défavorisées dans le futur. La meilleure façon d'éviter la saisie et la liquidation du patrimoine des familles Ben ali et Trabelsi, c'est le choix de les regrouper dans une société financière qui se chargera de sa gestion comme toute société financière et ce n'est nullement la mer à boire. 1 - Les premiers éléments vivants de cette richesse sont les participations des membres de la famille Ben Ali, Trabelsi, Materi, Mabrouk, Chiboub, etc. dans différents secteurs et sociétés qui sont encore actifs et même les fleurons de notre économie. On cite, à titre d'exemple, Tunisiana, Orange, Société le Moteur, Société Ennakl, les concessions Automobiles, les hôtels, les centres commerciaux et les grandes surfaces... Et même la banque Ezzitouna, les stations de radio, les journaux et la liste n'en finit pas! Les actions dans ces sociétés ou groupes de sociétés constituent un portefeuille important capable de générer des dividendes et des liquidités annuelles substantielles susceptibles de financer des investissements. Regrouper toutes ces participations dans un seul portefeuille au sein d'une seule société de gestion constitue un fonds d'investissement digne des plus grandes places financières. Cette société financière, sorte de société de capital risque SCR, aura à gérer l'ensemble de ce portefeuille suivant les règles et usages courants. Cette société aura pour mission principale de gérer les différents portefeuilles dans les différentes sociétés auxquelles Ben Ali et consorts étaient associés ou avaient des participations. Par le biais des revenus de ces portefeuilles, elle va financer les investissements dans les régions dans le cadre de projets de développement régionaux. 2 - Les seconds éléments de cette richesse sont les propriétés privées en biens immobiliers, fonciers, agricoles, matériels roulants, aériens ou maritimes et tout autre bien susceptible d'appartenir d'une manière ou d'une autre aux membres de cette famille. Cette deuxième composante prendra du temps pour sa liquidation et devra être monnayée et mise à disposition de la société financière au fur et à mesure des opérations de liquidation et de vente. 3- La dernière catégorie des avoirs est celle qui est à l'étranger et qui fera l'objet de poursuites judiciaires auprès des Etats et banques concernés. La société, par mandat de l'Etat tunisien, peut se substituer à l'Etat et se constituer partie civile pour récupérer ces avoirs de l'étranger. Cette architecture permettra de regrouper un fonds d'investissement capable de véhiculer une action de développement global articulé autour des principaux besoins et des activités de base dans les régions nécessiteuses. Cette assurance de financement entraînera une dynamique économique qui engendrera la création d'emplois, l'augmentation de la production agricole ou industrielle, la baisse des coûts des facteurs de production, ce qui améliorera automatiquement les revenus des citoyens et la qualité de la vie par la force des choses. Une des retombées essentielles de cette action, c'est le choc psychologique qui va se produire sur les populations et surtout chez les jeunes, l'espoir étant le moteur de la vie et l'essence même de l'activité humaine.