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Genèse d'une institution souveraine et révolutionnaire Aujourd'hui 55e anniversaire de la première réunion de la première Assemblée nationale constituante
8 avril. Date doublement historique. Doublement symbolique. Le 8 avril 1956, soit un peu moins de trois semaines après l'indépendance de la Tunisie, se réunissait en effet, et pour la première fois, l'Assemblée nationale constituante. Elue au suffrage, secret direct et universel, le 25 mars de la même année, elle avait pour seul objectif (au départ) la proposition d'une nouvelle Constitution pour le pays, à l'époque encore gouverné par une monarchie absolue. 8 avril. Date doublement historique. Doublement symbolique. Le 8 avril 1956, soit un peu moins de trois semaines après l'indépendance de la Tunisie, se réunissait en effet, et pour la première fois, l'Assemblée nationale constituante. Elue au suffrage, secret direct et universel, le 25 mars de la même année, elle avait pour seul objectif (au départ) la proposition d'une nouvelle Constitution pour le pays, à l'époque encore gouverné par une monarchie absolue. Choisi pour sa haute valeur symbolique, ce premier rendez-vous des représentants du peuple commémore, en effet, les événements du 8 avril 1938, journée décisive dans l'histoire du mouvement national. Ce jour-là, le peuple était sorti massivement pour la première fois de son histoire plusieurs fois millénaire pour revendiquer la création d'un Parlement élu lui permettant d'exercer sa souveraineté confisquée par le colonisateur français depuis 1881 et de pouvoir ainsi ressusciter la Constitution du 26 avril 1861, la première dans le monde arabe et musulman. Revendication essentielle du mouvement national depuis sa naissance en 1907 grâce au groupement «Jeunes tunisiens». Nous commémorons donc aujourd'hui le 55e anniversaire de cet événement à marquer d'une pierre blanche puisque c'est la première fois dans son histoire post-punique que le peuple tunisien exprime sa pleine souveraineté. La Constituante a, en effet, permis au peuple de concrétiser ses idéaux modernistes, en jouant aussi le rôle d'une instance législative (Code du statut personnel par exemple) et révolutionnaire (abolition de la monarchie et proclamation de la République le 25 juillet 1957), avant d'adopter définitivement le texte de la nouvelle Constitution (promulgué le 1er juin 1959). La Constituante a ainsi pleinement exprimé la souveraineté du peuple dès sa première réunion en dépassant les limites fixées par le texte beylical qui l'institua (décret du 29 décembre 1955) et qui stipulait qu'elle n'avait pour mission que de proposer le texte d'une Constitution que le Bey (Lamine Pacha Bey) se chargera de promulguer. D'où l'importance de cette structure qui a permis de jeter les fondements de l'Etat moderne en Tunisie. Sous la coupe du Front national C'est le décret beylical du 6 janvier 1956 qui a défini le mode de scrutin, liste majoritaire à un seul tour, les conditions pour être électeur (Tunisien de sexe masculin âgé de 21 ans au moins et résident en Tunisie) et pour être éligible (tout électeur sachant lire et écrire âgé de plus de 30 ans). Les élections étaient pluralistes, quoiqu'ayant suscité plusieurs objections au départ de la part de plusieurs formations politiques et syndicales. 18 circonscriptions ont permis la compétition entre 31 listes du Front national essentiellement formé du Parti du Destour, de l'Ugtt et de l'Utica, et 12 listes du Parti communiste tunisien et une liste indépendante à Sousse. Grâce au mode de scrutin, le Front national a ainsi pu rafler tous les sièges qui étaient au nombre de 98 (98,34% des voix) avec une abstention tournant autour de 15% (70% à Djerba et 59% à Tunis) • L'assemblée ainsi élue était composée de 15 avocats, 14 commerçants, 17 agriculteurs, 18 enseignants, 21 fonctionnaires, 4 pharmaciens, 2 médecins, 2 journalistes, 11 ouvriers et 3 relevant de métiers divers. La moyenne d'âge était de 43 ans et 42% des élus avait poursuivi des études supérieures (7 zeïtouniens contre 26 diplômés des universités occidentales). C'est Mohamed Cheniq qui présida la séance d'ouverture de cette première réunion en remplacement d'Albert Bessis, député le plus âgé (71 ans), qui aurait dû assurer cette responsabilité comme le stipulait le règlement intérieur de l'assemblée (étant de confession juive, il avait préféré se désister en faveur d'un député musulman afin sans doute de respecter la majorité). C'est le député Habib Bourguiba, chef du Destour, qui s'est porté candidat à la présidence de l'assemblée et il avait été élu à ce poste à l'unanimité. Appelé quelques jours après à former le gouvernement, il démissionna de ce poste. Il y sera remplacé le 17 du mois par Jallouli Farès. Au cours de la première séance et juste après son élection, Habib Bourguiba, le président de l'assemblée, prononça un discours dans lequel il mit l'accent sur le fait que le peuple tunisien était pleinement souverain, et ce, en se référant à différents documents émanant des hautes instances du Parti du Destour (congrès de Sfax de 1955 essentiellement). Principes ayant ouvert la voie à l'assemblée afin d'exercer son plein pouvoir et de ne pas se confiner dans la seule mission de proposition d'un projet de Constitution comme le stipule le décret beylical qui appela à l'élire. A l'heure où le peuple tunisien commémore cette date anniversaire, il se prépare encore une fois à élire pour la seconde fois de son histoire une Constituante. Il le fera dans un peu plus de 3 mois, soit le 24 juillet comme le prévoit le décret-loi qui organise cette action décisive pour la Tunisie post-indépendance. Action qui marquera la naissance de la seconde République. Celle-ci sera le fruit d'un processus révolutionnaire effectivement en cours depuis le 14 janvier dernier. Il est prévu de ce fait qu'elle se réunira pour la première fois le 25 juillet 2011, elle aussi date historique et hautement symbolique puisqu'elle a vu la naissance de la 1ère République moderne en Tunisie.