Comme on peut considérer qu'il peut y avoir prescription, nous pourrions peut-être en parler aujourd'hui, même si le journaliste est parfois tenu au secret professionnel. Mais comme nous considérons que ce n'est pas un secret et que nous voulons briser le tabou, nous avons décidé de nous jeter à l'eau dans une tentative de dédramatiser les choses, de les relativiser et de redonner au football sa véritable dimension. Ni plus, ni moins. Il y a donc quelques semaines, votre serviteur a reçu un coup de fil d'un ami qui m'a informé qu'il y a un nouveau candidat à la présidence de l'Etoile et que ce monsieur avait envie de me voir et de discuter avec moi. En vieux combattant rompu aux traditionnelles manœuvres de dirigeants en mal de publicité et de notoriété et vacciné contre elles, j'ai commencé par refuser, puis par accepter sur insistance de mon ami à la moralité au-dessus de tout soupçon. C'est ainsi que j'ai fait la connaissance de M. Hafedh Hmaïed, nouveau président de l'Etoile. Trois premières impressions favorables : voilà un monsieur qui ne se la joue pas, qui veut savoir et apprendre et qui sait écouter. Je me rendais compte rapidement que l'homme n'a aucune intention de me manipuler, de «me mettre dans la poche», comme on dit et encore moins d'user de méthodes qui arrangent tant quelque président sans scrupules et quelque journaliste de mauvaise moralité. Avec une constante «je ne me jetterais pas dans la course sans être assuré d'avoir des chances réelles de m'imposer». Là on a reconnu l'homme d'affaires et le gagneur. Avec une précision : gagner pour lui et pour l'Etoile. Trois heures durant, cela a été un échange, un vrai entre un candidat-président, animé de très bonnes intentions et d'une grande volonté de réussir, et un journaliste professionnel dont c'est le boulot et le devoir de rencontrer et d'écouter un nouvel arrivant dans la planète foot. Pour en revenir au projet Hafedh Hmaïed, il m'a séduit par une chose au moins : le monsieur n'a nullement l'envie et encore moins l'intention d'accaparer le club. Son objectif est de mettre en place des structures humaines, techniques et administratives durables. Nous nous étions par la suite quittés avec promesse de nous revoir. La seconde rencontre n'a jamais eu lieu et c'est comme tout le monde, sur les journaux, que j'ai lu sur des insertions publicitaires que notre homme est officiellement candidat à la présidence de l'Etoile. Il pourrait très bien se répandre sur les journaux, les radios et les télés. Il ne l'a pas fait. Et, quand votre serviteur a pris le téléphone pour le féliciter de cette élection et s'étonner qu'il n'ait plus donné signe de vie, M. Hafedh Hmaïed s'est confondu en excuses et avoué : «Je ne voulais pas vous déranger». Non, monsieur Hfaïedh, vous ne me dérangez pas et il n'est pas écrit qu'un journaliste et un président ne se rencontrent pas et ne dialoguent pas. Je l'ai fait avec Mohamed Acheb, Othman Jenayeh, avec d'autres encore et même avec Slim Chiboub du temps où il ne se prenait pas encore pour le bon Dieu. L'essentiel, c'est que chacun garde sa place, ses principes et sa liberté de penser et d'agir. Ce n'est que ce jour-là que les liaisons souvent dangereuses se transforment en liaisons pas dangereuses du tout.