Par Abdelkader KACEM* La morale, c'est fondamental. Elle est à la base de l'équilibre des sociétés humaines et le garant d'un développement humain, économique et social, juste et harmonieux qui respecte les personnes, leur culture et les civilisations dont ils dépendent. Le modernisme induit par le développement et le progrès technique sans précédent a favorisé des dérapages, des abus et des excès de toutes sortes au mépris des règles fondamentales de respect de la bonne éducation et des conduites saines indispensables au maintien de la paix intérieure et de l'harmonie sociale à l'intérieur d'un même pays et vis-à-vis de l'extérieur. Le mariage des fondamentaux de la morale et du modernisme est complexe en dehors d'une éducation harmonieuse qui favorise la culture des sciences et des philosophies dans un cadre respectueux de la morale pour favoriser la conception d'une génération soucieuse de créativité, de l'innovation, du travail bien fait, honnête, respectueuse de la société, sans basculer dans la délinquance, les abus nuisibles et la dégradation des mœurs. Si cette démarche idéaliste, non difficile, a conduit les sociétés à choisir les voies de la facilité pour basculer soit dans le modernisme avec tout son volet de dérapage moral, soit dans l'excès de religion avec leur lot de fondamentalisme, d'intégrisme, d'intolérance, et même de terrorisme, ce qui a conduit simplement à l'incompréhension, aux désaccords, et à l'affrontement des sociétés et de leurs civilisations. En effet, cela nous a conduit, aujourd'hui, à la production de plusieurs modèles de sociétés dont les frères sont simplement ennemis et se regardent avec mépris. Le moderniste accusant le moraliste d'arriéré et de terroriste dangereux pour la paix, alors que celui-ci accuse le premier d'être insolent et dépravé qui a infecté la société humaine par ses dérapages et ne mérite plus de vivre. Le décor général étant planté, nous essayerons de montrer, rapidement, en ce qui suit en huit points, le besoin d'équilibre à observer de part et d'autre par les antagonistes pour se rapprocher et comprendre que les uns et les autres sont dans le tort et que la logique se trouve dans une éducation responsable médiane qui concilie le modernisme avec une morale équilibrée dans le cadre d'une religion ouverte qui tolère les imperfections humaines. Quelle est la portée réelle des religions ? Les religions célestes s'entendent sur de grandes valeurs morales indispensables pour une vie paisible sur terre et défendent le besoin d'une conduite tolérante, solidaire qui respecte les individus quelles que soient leurs convictions, culture, couleur de peau ou origine. Il serait indiqué que le non-respect de ces principes serait sévèrement sanctionné par notre Dieu, le tout puissant, qui, l'on souligne garde les portes du paradis grandes ouvertes pour tous ceux qui, un jour gagnés par la raison, demandent pardon et s'y appliquent. Qu'en est-il des mauvaises interprétations ? Emportés par l'amour grandissant à notre Dieu, le Miséricordieux, et le désir de le servir sans fin, un grand nombre de pratiquants religieux ont fait du surplus, au détriment des devoirs professionnels et familiaux. Contrairement aux vœux divins qui recommandent la patience, le dialogue, la conviction, et l'avancement par étapes successives dans la promotion de sa parole pour mettre en relief sa tolérance et sa compréhension aux erreurs humaines, certains religieux, soucieux de gagner Sa bénédiction rapidement ont vite accusé l'autre d'incroyant, manquant de respect aux règles divines, ce qui mérite châtiment et mauvais traitements. Cette pratique a été aggravée par le manque de culture, de respect, de compréhension et de tolérance à l'adresse des autres religions célestes respectives. Il en ressort, que chacune se tient à ses valeurs, défend ses convictions, et fait la promotion de ses seuls principes, parfois moyennant carrément le rejet de celles des autres, contrairement aux principes divins qui ont fait un enchaînement harmonieux dans la promotion des religions par étapes successives. Quelle serait l'image perçue par l'autre ? De telles pratiques n'ont pas facilité le respect total des religions et ont conduit parfois aux attaques virulentes, au mépris et au rejet. En effet, l'on a compris que les religions seraient introverties, manquent de culture, d'ouverture, refusent le progrès et ne s'adaptent pas à leur époque. Inversement, les religieux soupçonnent les non-pratiquants d'ennemis irréversibles de Dieu qu'il convient de combattre sans merci à tout instant et par tous les moyens. En effet, on se trouve dans un dilemme devant des laïcs qui se réclament savants détenant la vérité et des religieux qui se réclament conservateurs défendant les textes divins. Pourquoi est-elle déformée ? En effet, l'arrivée à ce stade d'incompréhension et d'affrontement est simplement induit par les excès dans les pratiques et les convictions des uns et des autres qui ont conduit simplement à l'impasse. Comment rétablir l'équilibre ? Comme il a été précisé plus haut, le rétablissement de l'équilibre spirituel et civilisationel et leur harmonisation avec les progrès est conditionné par le maintien du juste milieu de part et d'autre. En effet, il appartient aux religieux d'approfondir les sciences, les philosophies, de s'ouvrir aux différentes civilisations, pourêtre plus tolérants et en mesure de se mettre dans la peau de l'autre et connaître ses motivations . De la part des modernistes, il convient de les soumettre dès leur jeune âge à une éducation morale et spirituelle globale et suffisante pour renforcer leur conviction en rapport avec Dieu, notre Seigneur, ses différentes créations à l'origine de la vie, en leur montrant la faiblesse et l'incapacité des hommes malgré tous les progrès, à les maîtriser et parfois de les comprendre. Pourquoi faut-il garantir une image sans faille et éviter la stigmatisation? Il faut admettre que le monde moderne a besoin de chaque individu pour se construire et progresser. Mais, depuis l'ouverture totale des frontières et les possibilités de déplacement rapide à travers la planète, les incompréhensions se sont aggravées du fait des divergences culturelles et matérielles. En effet, et en observant de plus près le comportement de l'autre au regard des excès développés plus haut, on s'est rendu compte des insuffisances et des dérapages chez l'autre dont les uns et les autres n'ont pas été préparés précédemment en l'absence de préalables et de garde-fous nécessaires pour les empêcher. Cela a été encore aggravé par les attentats du 11 Septembre 2001 aux Etats Unis qui ont été imputés aux musulmans, et aux méfiances, parfois humiliation, qui ont suivi dans l'approche des personnes aux voyages et au traitement de l'autre à tous les niveaux, culturels, économiques, sociaux, relationnels, etc. Comment y parvenir ? Nous pensons qu'il convient d'apporter une révolution dans l'approche éducative des générations moyennant l'ouverture sur les civilisations, en développant l'éducation des philosophies, des sciences, de la spiritualité et de la morale quelle soit la spécialité. Cela doit être renforcé par les langues étrangères, la culture d'ouverture, de dialogue et de tolérance. Il serait si important de commencer dès à présent par la rédaction d'une charte internationale qui régisse l'ensemble des règles morales et juridiques à respecter par tous pour favoriser une meilleure coopération. Cela n'empêche pas les associations et les personnes volontaires et soucieuses de réduire les tensions et les incompréhensions à travers la planète de contribuer favorablement moyennant le soutien des plus démunis. Comment y rester ? L'histoire récente, pleine de conflits et de crises à répétition, nous enseigne que le monde gagnerait à réduire ses divergences pour se rapprocher à la faveur d'une meilleure justice, entente et solidarité. De tels comportements sont de nature à souder les personnes et les amener à favoriser les investissements, les échanges et les déplacements à travers la planète. En somme, nous avons rapporté nos constatations dans l'approche de jugement de l'autre et leurs répercussions quant aux rapports humains en regard de leurs civilisation, culture, morale, et spiritualité , en soulignant la nécessité de maintenir de bons rapports entre les personnes et les sociétés en interne et vis-à-vis de l'extérieur. Il a été question d'incompréhension dangereuse due au fait d'une culture introvertie négligeant les sciences, et les philosophies d'une part et la morale et la spiritualité de l'autre. Nous avons émis le souhait de parer à ses insuffisances moyennant une éducation qui couvre l'ensemble des disciplines de nature à construire des personnes équilibrées reconnaissant l'existence divine tout en autorisant le développement du savoir et des connaissances à la faveur d'une contribution positive dans le développement des sociétés sans nuire aux règles de bonne conduite et des exigences morales des sociétés.