Par M'hamed JAIBI La semaine qui vient de s'écouler a réussi à ramener le sens des réalités et de la mesure dans l'esprit de tous les acteurs de la scène politique tunisienne, et à clarifier les débats et les enjeux aux yeux de l'opinion. Ainsi une «crise» au sein de l'alliance tripartite qui compte gouverner le pays durant les travaux de la Constituante s'est transformée en un examen de passage pour la jeune démocratie tunisienne. Et dans la mesure où la «troïka» a pu s'en sortir mieux soudée sur des bases plus solides et transparentes aux yeux de l'opinion publique et des électeurs tunisiens, source de la légitimité républicaine, cet examen de passage a été concluant et a permis de lever plusieurs équivoques. Notre opinion publique, qui se construit de jour en jour à travers les débats, fait désormais clairement la différence entre la majorité gouvernementale s'appuyant sur 50% et une voix de la Constituante et que représentent les trois partis de la «troïka», et la nécessaire «majorité qualifiée» élargie aux deux tiers des élus, qui exige la légifération constitutionnelle. Sachant que tout le monde déclare désormais s'accorder à souhaiter voir la nouvelle Constitution, celle de la 2e République, bénéficier du consensus le plus large au sein de l'Assemblée, avec une vocation à rallier 100% des suffrages. Cette semaine «chaude» qui vient de s'écouler a vivement illustré la diversité démocratique et le rôle du débat contradictoire au sein des institutions républicaines et en dehors d'elles, dans l'implication de l'opinion publique et des médias. Afin de mettre en exergue les désaccords, les nuances et les options multiples que recèlent les différents groupes politiques et les différentes sensibilités au sein de la société. Différences légitimes en système de démocratie pluraliste authentique, que le régime déchu, détenteur de l'option unique, ne pouvait et ne voulait laisser s'exprimer, encore moins prospérer. Au sortir de cette explication, les positions et les objectifs de chacun sont plus clairs et les attentes du peuple tunisien dans son ensemble plus explicites. Prise dans un cycle de politisation salutaire l'armant pour l'avenir, l'opinion publique se structure et développe sa réactivité. Et c'est le meilleur résultat et la meilleure leçon qui ressortent de cette petite semaine de renégociation entre les différents groupes d'élus au sein de la Constituante sous l'arbitrage attentif des citoyens et des médias. Une semaine qui disqualifie toute velléité de «minorité statique» au sein de l'Assemblée nationale constituante, et qui a ainsi redonné la parole à tous les courants d'élus, comme autant de représentations partielles complémentaires de l'ensemble des électeurs du pays.