• La consommation nationale est estimée à 2,6 millions de tonnes de fruits et légumes dont 40% uniquement transitent par les circuits organisés des marchés de gros Une enquête réalisée en 2006 dans le cadre de l'étude d'opportunité de création d'un second MIN dans le Grand-Tunis a montré qu'avec une population de près de 23% du pays, le district de Tunis consomme 25% de la production nationale de légumes, 29% de la production nationale de fruits et 40% de la production nationale de poissons. Face à cette demande, la production des fruits et légumes a évolué suivant une courbe croissante. Annuellement, la consommation nationale est estimée à 2,6 millions de tonnes de fruits et légumes, dont 40% uniquement transitent par les circuits organisés des marchés de gros. D'où une fuite importante des flux vers le marché parallèle et d'autres formes de distribution. En effet, le contexte de la distribution des produits agricoles en Tunisie est caractérisé par une réglementation qui oblige, théoriquement, l'ensemble des intervenants à vendre et acheter leurs produits à travers ces marchés de gros. De plus, les marges de distribution des fruits et légumes sont réglementées. Mais les prix sont en hausse continue et les pénuries sont d'actualité. Sans parler de la rareté des produits de qualité, avec traçabilité et conformité aux normes en matière de sécurité alimentaire. D'ailleurs, l'offre souffre de plusieurs dysfonctionnements en termes de qualité et de volume. L'absence de catégorisation, d'identification, d'emballage adéquat, de traçabilité, etc. banalise les produits et dévalorise les produits de qualité. De même, force est de constater que le marché parallèle bat son plein. Le Marché d'intérêt national de Bir El Kassaâ est la plaque tournante de l'offre et de la demande des produits agricoles frais. Conséquence : les forces et les faiblesses de cette structure auront des influences directes sur l'équilibre du marché national. A cet égard, les agriculteurs relèvent comme faiblesse, la multiplicité des intervenants sur le marché. Les services de certains opérateurs n'ont aucune valeur ajoutée. «Et en plus, ils ne fournissent aucun effort», déplore un agriculteur. C'est l'avis de plusieurs agriculteurs, à en croire ceux qu'on a contactés, sur les coopératives de manutention. Toujours selon quelques agriculteurs, les rapports avec d'autres opérateurs sont basés sur des pratiques immorales et des manœuvres frauduleuses. «Les pertes de quantité et d'emballage sont fréquentes», ajoute un autre agriculteur. De plus, cette multiplicité des intervenants engendre l'augmentation des frais. D'ailleurs, tout compte fait, les producteurs décaissent 12% au titre des taxes et commissions. L'acheteur payera plus de 5%. En outre, les opérateurs du marché évoluent en cartel, du moins pour certains produits, à chaque saison. Pis, le marché souffre d'importantes insuffisances en matière de respect de l'hygiène et de la sécurité alimentaire. Réagissant à ces réclamations, un haut responsable du MIN a souligné que «les victimes d'actes de vol ou d'arnaque peuvent déposer plainte au poste de police du MIN».Et dans plusieurs cas, selon le responsable, ce sont les ouvriers du vendeur qui détournent une partie de la marchandise. Pour ce qui est des rapports avec les opérateurs du marché, il a précisé : «Avec plus de 200 mandataires, le vendeur n'a qu'à faire jouer la concurrence pour obtenir la meilleure offre». Mieux encore, les contrôleurs du marché recoupent les quantités et le chiffre d'affaires réalisé en comparant les quittances et les factures des agriculteurs. Ainsi, le mandataire contrevenant sera sanctionné conformément au règlement du marché. De plus, tous les métiers du marché sont stipulés par des lois spécifiques. «Si les agriculteurs jugent qu'il faut revoir l'un de ces métiers, qu'ils adressent leurs réclamations», ajoute-t-il. Il est vrai que le climat d'insécurité et les conditions climatiques ont dissuadé plusieurs offreurs et ont favorisé le développement du marché parallèle, mais le retour en force des services de contrôle économique et la mise à niveau du marché sont de nature à contrecarrer cette tendance. «Dans les prochains jours, un entrepreneur entamera les travaux de mise à niveau de l'infrastructure du MIN, au niveau des pavillons 1, 2, 3 et 4, ainsi que l'assainissement des conduites des eaux usées et des eaux pluviales», conclut-il.