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Rien ne se crée, tout se transforme
Ici-Bas
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 08 - 2012


Par Abdelhamid GMATI
On se rappelle parfois cette maxime devenue célèbre : «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme». Elle est attribuée au français Antoine Lavoisier, considéré comme «le père de la chimie moderne». Elle traduit, en quelque sorte, sa loi de la conservation de la matière. Ce qui a été admis pour la matière est-il valable pour les œuvres et les acquis d'une société? La nôtre, en l'occurrence.
Il y a quelques jours, le 25 Juillet, on commémorait la République, vieille de 55 ans. Inutile de revenir sur l'importance de la République pour le peuple tunisien. Mais il n'y eut pas de fête officielle, comme cela se fait partout dans le monde, et comme cela se faisait parfois chez nous. Nos trois présidents provisoires (République, gouvernement, Assemblée) ont préféré se pavaner devant la Constituante et les caméras, pour prononcer des discours nombrilistes, riches en lieux communs et en langue de bois. Puis rien. Il n'y eut ni drapeaux, ni banderoles, ni défilés, ni manifestations culturelles ou autres, comme cela se faisait auparavant. Il faut croire que la Troïka, au pouvoir, est allergique aux fêtes nationales (se rappeler le 9 avril). Ils étaient pourtant presque tous là lors de la fête de l'Indépendance américaine à l'ambassade US. Passe encore pour les partis opportunistes, passe pour Ennahdha qui ne cache pas son allergie à la République, à l'Etat et à la Tunisie et ne rêve que d'un Califat, mais de la part de M. Moncef Marzouki, c'est pour le moins étonnant. Comment peut il se targuer d'être président de la République lorsque, visiblement, il ne respecte pas et ne fête pas cette République ? Il est alors président de quoi ? Pour le moment, il est heureux d'être résident à Carthage, un provisoire qu'il rêve de faire durer. Heureusement, des Tunisiens, très nombreux et souvent anonymes savent apprécier et honorer leurs acquis. Le Parti Républicain, justifiant son appellation, a organisé un grand gala populaire à l'avenue Bourguiba auquel ont participé plusieurs jeunes artistes et rappeurs et des milliers de spectateurs, jeunes et moins jeunes. Rappelé à l'ordre, le ministère de l'Intérieur a accroché, deux jours après, quelques drapeaux dans quelques artères de la Capitale comme cela était habituel. Un homme d'affaires tunisien a pris l'initiative de confectionner un drapeau tunisien «le plus grand drapeau au monde». Avec ses 65 000 mètres carrés, il sera inscrit dans le livre des records, le Guinness Book. L'information a été relayée par l'agence de presse américaine UPI. Par comparaison, celui du Maroc détenait le record jusqu'ici avec ses 60.000 mètres carrés et son poids de 20 tonnes.
On vient de découvrir dans notre pays le meilleur moyen d'aller au Paradis. C'est une affiche dévoilée sur l'ile de Djerba qui l'affirme : «Les portes du Paradis sont ouvertes, n'hésitez pas à y entrer». Et cela porte le logo d'Ennahdha. Et il y a ceux qui veulent nous ramener dans le droit chemin et nous apprendre les bonnes mœurs et les bons comportements. Ainsi, Adel Alimi, président de l'«Association de l'appel à la vertu et de la lutte contre la débauche» transformée, pudiquement en «association modérée de la sensibilisation et de la réforme», avoue avoir déclenché les événements de la Abdellya et d'être derrière les démonstrations de force des salafistes et, en bon vendeur de légumes qui se respecte, s'autoproclame «gardien des mœurs des tunisiens». Et il annonce: «Après la fermeture des cafés, des fast-foods, des lois concernant les tenues vestimentaires des femmes en ville vont être prochainement promulguées». Ces salafistes continuent du reste leurs exactions. Plus récent exploit : lundi, une cinquantaine d'entre eux, armés de couteaux et de gourdins, ont pris d'assaut un café à La Marsa, s'en prenant à sa propriétaire, saccageant l'établissement... Impunément comme toujours. La police, elle, était occupée par sa nouvelle mission : la fermeture des salons de thé et des restaurants; lundi dernier, ce fut à Bab Bhar, dans la capitale. Une dame qui voulait rencontrer le gouverneur de Sfax, a été agressée verbalement et empêchée d'entrer au gouvernorat par les agents de sécurité; motif : «Elle ne portait pas de vêtements convenables», c'est-à-dire qu'elle ne portait pas de hijab, ni de nikab, ni de djellaba noire...Elle portait pourtant des habits habituels, discrets. Et on vient de légaliser un autre parti salafiste «Errahma». Des renforts légaux en perspective et autant d'acquis menacés.
Pendant ce temps, le gouvernement s'occupe d'indemniser les ex-prisonniers politiques, dont la majorité sont des nahdhaouis. Dénoncée par le ministre des Finances, démissionnaire, cette opération a déclenché un tollé général et a valu au président d'Ennahdha, M. Rached Ghannouchi, des milliers de messages sur les sites sociaux, le traitant de voleur. Déplorable. Néanmoins, on estime que cette indemnisation de personnes, envoyées en prison, essentiellement pour avoir fomenté un coup d'Etat et commis des actes terroristes, couterait à chaque tunisien au moins 100 dinars. Chiffre démenti par le gouvernement qui a retiré, provisoirement, la question de son ordre du jour. Cela n'a pas empêché M. Mohamed Abbou, ministre démissionnaire, de qualifier de «simples d'esprit» les citoyens qui s'étaient rassemblés devant la Constituante, en signe de protestation: Et il a invité les Tunisiens à «se renseigner sur les expériences de peuples civilisés, comme en Europe par exemple, où les anciens prisonniers politiques ont été dédommagés après la deuxième guerre mondiale». Sauf que des gens comme Hamma Hammami et d'autres ont refusé cette indemnisation et que Bourguiba, Mandela et de nombreux autres militants n'ont jamais demandé des dommages et intérêts pour leurs années passées en prison.
Pour revenir à la maxime citée plus haut, rappelons que Lavoisier a été considéré comme traitre par la Terreur et a été guillotiné en 1794. Le président du Tribunal révolutionnaire lui aurait signifié: «La République n'a pas besoin de savants ni de chimistes» Il est vrai que les biens des condamnés étaient confisqués au profit de l'Etat. Ce qui a amené un savant à commenter cette exécution en ces termes : «Il ne leur a fallu qu'un moment pour faire tomber cette tête et cent années, peut-être, ne suffiront pas pour en reproduire une semblable». Espérons que ce qui a été acquis et réalisé par le peuple tunisien pendant des décennies voire des siècles ne sera ni perdu ni transformé, étant donné qu'on a déjà fait son deuil de la création.


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