Depuis 1985, deux villes européennes sont chaque année les capitales de la culture. 2013 le sera pour la ville slovaque de Košice et pour Marseille. Cette dernière valorise sa dimension méditerranéenne et s'ouvre sur les artistes de l'autre rive, qu'elle invite à enrichir l'événement. Au-delà d'un projet culturel, c'est un projet de territoire qui s'installe pour Marseille-Provence, dont les préparatifs ont commencé depuis 2008, avec des aménagements et un investissement total de 650 millions d'euros à Marseille et 900 millions d'euros sur l'ensemble du territoire de Marseille-Provence 2013. «Nous voulons que la manifestation laisse derrière elle des structures solides», nous affirment Jilue Chénot et Anne guiot, du comité d'organisation de Marseille-Provence capitale européenne de la culture 2013, venues en visite à Tunis pendant le déroulement de Dream City 2012 (26-30 septembre). Le festival sera l'invité de Marseille-Provence, pour une session exceptionnelle. Il illustre bien l'esprit voulu pour la capitale de la culture européenne 2013: épouser l'espace public pour créer des œuvres qui interpellent les citoyens, avec une place de choix pour les arts contemporains. Il trouve sa place parfaitement dans «La folle histoire des arts de la rue», une grande manifestation organisée par l'association Karwan et qui occupera 6 villes du territoire du 3 au 20 mai 2013. Dream City aura rendez-vous avec le quartier de l'Estaque du 17 au 19 mai avec des parcours parsemés d'œuvres d'artistes tunisiens, marseillais et méditerranéens. L'équipe de Dream City est loin d'être la seule à représenter la Tunisie à Marseille-Provence 2013. En effet, les mosaïques des lutteurs seront prêtées par le musée du Bardo pour être montrées lors d'une exposition nommée «Méditerranées», dans but de questionner la méditerranéïté entre hier et aujourd'hui. Côté musique, les rappeurs des groupes Armada Bizerta et Sound of Freedom feront partie du salon professionnel Babel Med Music (21-23 mars 2013) et ce au bout de deux résidences artistiques, une en France et une à Tunis, le tout dans le cadre du programme d'échange WATT! Par ailleurs, un autre projet du duo Sofiène et Salma Ouissi, Laâroussa, participera à sa façon à Marseille-Provence capitale européenne de la culture 2013, en permettant aux potières de Sejnane d'être les invitées d'honneur du salon Argilla 2013 (17 et 18 août 2013). Laaroussa est aussi un programme œuvrant pour la transmission et l'échange de savoir-faire entre les potières de Sejnane et des céramistes de la rive opposée. Sofiène et Salma Ouissi s'en inspireront pour créer une nouvelle chorégraphie. Outre la dimension méditerranéenne de l'art, Marseille-Provence 2013 sera également l'occasion de réfléchir le «renouveau des arts qui parlent à tous : cirque, arts de la rue, grands rassemblements autour des musiques actuelles, arts numériques, danse, poésies urbaines. Ce dynamisme est entretenu par une politique d'accueil et d'implantation d'artistes, de créateurs, de compagnies qui investissent de nouveaux territoires, des lieux délaissés, partent à la rencontre du plus grand nombre, participent de l'invention artistique et de l'action culturelle», comme le précise l'argumentaire de la manifestation. Dans ce sens, et dès 2008, des programmes ont été mis en place pour accueillir les artistes participants. Il s'agit des «Ateliers de l'EuroMéditerranée», où «des artistes de toute discipline sont invités à créer des œuvres dans des espaces non culturels et atypiques sur l'ensemble du territoire», des entreprises privées aux organismes publics. Parmi ces artistes figure la Tunisienne Alia Sellami qui a collaboré avec les salariés d'une plateforme téléphonique marseillaise. La performance qui en a résulté a été présentée lors de Dream City et le sera en mai 2013 à Marseille, pendant «La folle histoire des arts de la rue». Il y a aussi les «Quartiers créatifs», qui installent des artistes en résidence au cœur de certains quartiers en rénovation urbaine sur tout le territoire de la Capitale, dans le but de développer des interventions artistiques destinées à «questionner, à améliorer ou à changer le cadre de vie des habitants» et enfin «Les nouveaux commanditaires» qui «permet aux citoyens confrontés à des enjeux de société d'associer des artistes contemporains à leurs préoccupations en leur passant commande d'une œuvre». Plus globalement, l'année 2013 et ses quatre saisons se déclineront en trois épisodes pour Marseille-Provence. De janvier à mai, c'est «Marseille-Provence accueille le monde», de juin à août, «Marseille-Provence à ciel ouvert et de septembre à décembre, «Marseille-Provence aux mille visages», avec près de 500 événements et 100 expositions. Dès l'ouverture, la Cité phocéenne connaîtra de grands moments. Le week-end d'ouverture (12 et 13 janvier) sera d'ailleurs marqué par un grand événement participatif avec des animaux venant de Camargue, d'Italie et du Maroc : TransHumance. Pour résumer l'esprit de la manifestation, les organisateurs ont choisi ces quelques mots: «En 2013, nous souhaitons créer une plateforme d'échanges et de créations entre les cultures des deux rives, ouvertes aux artistes de toutes disciplines, européens et méditerranéens. Ces échanges traversent toute la programmation, en constituent le fil rouge. Ils représentent le support du récit de l'année 2013 : Le partage de midis».