La saison estivale représente une aubaine pour plusieurs cafetiers, restaurateurs et gérants d'espaces de loisirs pour proposer des produits et des services de qualité médiocre à prix élevé Au cours de la saison estivale, les espaces publics de consommation et de loisirs se préparent comme il se doit pour attirer le maximum de clients sans tenir compte parfois de certaines règles d'hygiène et de bon sens. Il semble que l'objectif premier de certains commerçants dans ce domaine est de faire des bénéfices rapides, quitte à tourner le dos aux dispositions en vigueur relatives aux prestations dans les secteurs des cafés, restaurants et lieux de loisirs qui connaissent d'habitude une affluence record au cours de cette saison, et ce, au cours de la journée mais surtout durant la soirée. Un tour dans ces espaces permet de constater déjà les préparatifs engagés et les manquements au niveau des prix et des prestations qui laissent à désirer. Pourtant, tous les produits de consommation sont proposés au prix fort. Une bouteille d'eau minérale coûte, par exemple, dans un petit café dans une zone balnéaire 1d,500 alors qu'elle est vendue chez l'épicier du coin à 600 millimes. C'est dire le gain substantiel du cafetier. Eviter les hausses vertigineuses C'est à prendre ou à laisser. Certes, les consommateurs ont le choix d'opter pour un autre établissement ou tout simplement de s'installer sur la plage en amenant leurs produits de consommation de chez eux – ce qui revient beaucoup moins cher – mais il est nécessaire de moraliser les prix pour éviter les hausses vertigineuses aux dépens des clients. Mourad, un père de famille rencontré au hasard dans un café de famille, estime qu'il est disposé «à payer le prix fort au cours de la saison estivale, et ce, pour faire plaisir aux membres de la famille». Et d'ajouter : «Je sais que les prix affichés sont très élevés mais je n'ai pas le choix. Quand on choisit de passer quelques heures dans un espace donné, il faut accepter toutes les contraintes qui s'ensuivent». Et les contraintes sont vraiment nombreuses. On se débrouille comme on peut – notamment parmi les familles relevant de la classe moyenne qui sont majoritaires – pour se constituer un petit budget que l'on utilise pendant l'été. La hausse des prix n'est pas pratiquée uniquement par les cafés ou les restaurants classés touristiques, comme on a tendance à le penser, mais même les autres établissements se mettent à revoir leurs prix à la hausse au cours de cette saison. Bien que la centrale patronale ait publié les tarifs des produits de consommations, certains gérants ne les respectent pas. Un cafetier à la banlieue sud, Am Mongi, le reconnaît d'ailleurs : «Au cours de la haute saison, les cafetiers ont le droit de faire quelques bénéficies supplémentaires surtout qu'au cours des autres saisons l'activité est presque stagnante. On essaye d'introduire certaines prestations comme la télévision et les jeux pour inciter les clients à consommer». Risque certain pour la santé En fait, au cours des grandes manifestations sportives – qui constituent une aubaine pour les cafetiers – comme la Coupe d'Europe ou la Ligue des champions, des écrans géants sont installés dans le café et chaque client est appelé à consommer quelque chose aux prix fort pour pouvoir visionner ces compétitions. Les cafetiers ont trouvé une idée ingénieuse pour attirer le maximum de clients parmi les jeunes en achetant une carte de transmission des matchs de la chaîne satellitaire «El Jazeera Sports», notamment. Dans d'autres espaces, on diffuse en boucle des clips ou des chansons de ces chaînes arabes pour que l'ambiance de fête soit totale. Mais le problème que rencontre le client dans certains établissements est le non-affichage des tarifs, qui est sanctionné par la loi. D'ailleurs, les agents de contrôle économique vérifient toujours lors de leurs rondes si le gérant respecte ce petit détail, en l'occurrence l'affichage bien en vue des prix des différents produits de consommation pour que le client puisse choisir en fonction de son budget. Parfois, après avoir consommé, le client constate que la note est bien salée. Au sujet de l'affichage des prix, notre cafetier précise que «le comportement de chaque commerçant est différent. Il y a ceux qui ne veulent pas afficher les tarifs, quitte à encourir les risques de pénalités et d'autres qui se soumettent à la réglementation. Cela ne concerne pas uniquement le secteur des cafés mais tous les autres secteurs d'activité. C'est un comportement personnel à ne pas généraliser». A part les prix, la question d'hygiène laisse à désirer dans plus d'un local. Il semble que certains commerçants ne disposent pas d'assez d'argent pour acheter les produits de nettoyage et les insecticides pour lutter contre les insectes et notamment les mouches qui rôdent et se posent sur les gâteaux. C'est un risque certain pour la santé des consommateurs. De plus, les verres et les autres ustensiles ne sont pas toujours lavés dans les règles de l'art : il suffit de les rincer et de les nettoyer à l'eau claire et le consommateur n'y voit que du feu! Les établissements qui servent aussi des pizzas et des crêpes utilisent, eux aussi, des moyens pas toujours bien entretenus. Les plaques chauffantes ne sont presque jamais nettoyées, ce qui se répercute sur la qualité du produit présenté au client et payé très cher. Les matières premières utilisées, comme le thon, le fromage ou les fruits de mer sont de deuxième choix dans plus d'un établissement. Pourtant, malgré ces insuffisances, il est rare de trouver une place assise dans ces locaux qui se multiplient à vue d'œil dans presque toutes les zones. Mariem, une jeune mère de famille, ne pense pas à toutes ces lacunes quand elle emmène ses enfants manger à l'extérieur de la maison : «Durant l'été, je n'ai pas, envie de faire la cuisine surtout le soir. Je préfère me rendre avec mes enfants à l'un de ces établissements pour manger une pizza ou un sandwich même si je sais d'avance que tout n'est pas parfait au niveau de l'hygiène, de la propreté et des prix». Cet avis est partagé par presque tous les consommateurs qui souhaitent changer, pour quelque temps, de la routine et des travaux ménagers tout en donnant l'occasion aux enfants de se distraire. Mais un tel choix ne devrait pas se faire aux dépens de la santé et du budget familial, surtout que de grandes dépenses attendent la famille tunisienne comme ceux du mois de Ramadan. Les contrôles économiques et sanitaires – renforcés d'habitude en cette période de grande chaleur – sont d'une grande utilité pour rappeler à l'ordre ces gérants récalcitrants qui ne pensent même pas mettre les produits périssables dans des congélateurs pour préserver leur qualité. Le rôle des consommateurs n'est plus à démontrer, eux qui sont les premiers concernés par ces produits et ces services présentés. Ils ont le droit de choisir l'établissement qui offre le meilleur rapport qualité-prix, voire de s'abstenir à fréquenter ces lieux qui ne sont pas très soucieux à la santé des consommateurs ni au respect de la loi en matière de prix.