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Eléments de datation de la transaction du dauphinat (II)
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 07 - 2013


Par Khaled EL MANOUBI*
La France mit activement en selle Bourguiba par « l'affaire des naturalisations ». Elle « commença à Bizerte » suite à « une fatwa émise (dans cette ville) par le Cheikh Idriss» interdisant l'inhumation des naturalisés dans les cimetières musulmans. Il faut dire que la France y dispose, comme à Monastir, de bon nombre d'hommes de mains — notamment algériens — dans la ville du Nord de sorte que s'y produisit une manifestation assez violente ». El Materi aurait dû s'interroger sur le fait que « le hasard a voulu qu'une série de naturalisés aient trouvé le moyen de mourir à cette époque de sorte que des manifestations de plus en plus violentes se sont renouvelées dans différentes villes de l'intérieur et à Tunis». Le hasard, ici, a-t-il pour visage la France ? Le docteur El Materi aurait dû se poser la question de savoir comment la très faible proportion de naturalisés au sein de la population musulmane a pu autoriser une telle fréquence peu naturelle de mortalité.
Cette mortalité – dopée ? – donna lieu à des manifestations «notamment à Monastir (...) le 6 août 1933 » si bien que « Peyrouton qui arriva en Tunisie quelques jours après les incidents de Monastir se pressa d'adresser de nouvelles instructions aux contrôleurs civils pour leur demander de hâter la création de cimetières spéciaux dans toutes les localités de la Régence où il y avait des naturalisés». Au préalable «la Résidence décida, le 12 mai 1933, la création de cimetières pour les naturalisés, que les gens du peuple baptisèrent «cimetières des charognes». Curieuse façon pour la France et les nouveaux Français de fêter l'anniversaire du Traité du protectorat, mais quelle impulsion donnée à Bourguiba, cet adversaire déclaré de la nationalité française réduite par la France à la condition d'envelopper des charognes ! Dans le fond, l'abandon par la France de ses naturalisés montre qu'elle se prépare déjà à plier bagage sauf qu'il faut laisser entendre le contraire.
Peyrouton, désireux de laisser le champ libre à Bourguiba, a cherché à acheter Mahmoud El Materi : il a chargé le directeur de l'Intérieur Dominique Graudiani d'offrir «un poste de médecin à l'hôpital Sadiki » à El Materi ; et même si ce dernier trouvait «cette offre insuffisante, le Résident Général était prêt à détacher l'hôpital de la Rabta de l'hôpital Sadiki (et de lui en) donner la direction, (ce à quoi El Materi répondit) : «Sachez, Monsieur que, je ne suis ni à acheter ni à vendre». Face à ce déni de collaboration, les « prépondérants, organisèrent, le 13 mars 1934, une manifestation monstre dans la ville européenne » (58). Une contre-manifestation fut la réponse tunisienne à la colonie française. « Ce fut la seule fois à ma connaissance que Habib Bourguiba prit part à une manifestation sur la voie publique de la ville de Tunis »). La vie du dauphin sera, désormais, un souci de premier ordre de la France, tout comme la liquidation politique ou physique de ses camarades de Borj-Lebœuf : El Materi, Hédi Chaker, Salah Ben Youssef, Belgacem Gnaoui. Après la fin du calvaire de Bordj-Lebœuf — parce que c'en est un !—, Armand Guillon incita les anciens déportés à rendre visite au docile Ahmed Bey. Le groupe s'entendit alors sur une adresse au Bey, dont la mise en forme a été confiée à Tahar Sfar pour être lue par le président El Materi. Mais Habib Bourguiba prit le texte dans la salle d'attente des mains de Sfar «pour y jeter un coup d'œil ») puis s'avança de son propre chef vers le Bey et le lut.
S'agissant du fameux procès-verbal de Borj-Lebœuf, il était «entendu que le procès-verbal de cette réunion demeurait secret, que Habib Bourguiba n'en fera état que dans le cas où les conséquences de l'envoi de la lettre au général Azan se révèlerait préjudiciable au Néo-Destour et à la cause nationale afin qu'il puisse dégager sa responsabilité». Aussi El Materi s'est-il étonné, en décembre 1935, de s'entendre dire par le capitaine Mathieu : « vous croyez que nous ne sommes pas au courant d'une réunion qui a fait l'objet d'un certain procès-verbal? ». Et El Materi de préciser:
« J'ai pensé immédiatement au Chaouch Saïd ». Il n'a pas pensé à Bourguiba lui-même ! Il estime même que « M. Bourguiba a tenu parole jusqu'à décembre 1958. C'est pendant un voyage officiel dans le Sud tunisien où il était entre autres accompagné par le Dr Materi et Bahri Guiga que Habib Bourguiba, alors président de la République, devait, lors d'une visite au camp de Bordj-Lebœuf, évoquer publiquement cet épisode. D'ailleurs, deux jours plus tard, « El Amal » allait à son tour publier le procès-verbal de cette réunion».
Mahmoud El Materi n'était peut-être pas au courant que Félix Garas, dans un ouvrage publié en 1956 – dont je détiens un exemplaire portant une double dédicace, celle manuscrite de l'auteur et celle, également écrite par la main de Bourguiba datée par celui-ci du 22 mai 1956 – (Bourguiba et la naissance d'une nation, Julliard, Paris) écrit à la page 85 : « Bourguiba signe la lettre, sous réserve qu'un procès-verbal, paraphé par eux tous, constatera leur désaccord (...) Les gardiens avaient-ils entendu la conversation des détenus ? c'est probable ».
Relevons la contradiction : alors que Garas est dubitatif, El Materi est affirmatif en citant le capitaine Mathieu. C'est que Garas et Bourguiba cherchent à immuniser politiquement le dauphinat prolongé par le vice-dauphinat. Toujours est-il que El Materi n'arrive pas à se faire à l'idée que Bourguiba, le Bach-Chaouch Saïd et le capitaine Mathieu sont pour ainsi dire la même chose : Mahmoud El Materi n'est-il pas allé trouver Bourguiba chez lui le 9 avril 1938 comme émissaire d'Armand Guillon pour prêcher la modération ? ».
Quant à M'hamed Bourguiba, qui sait que lorsqu'on est couvert par la France on peut se présenter comme une tête brulée, n'a-t-il pas, pour les besoins de la cause de la lettre et donc du fameux procès-verbal, ainsi décrit Habib : «Ne me parlez pas de Habib. C'est un gamin nerveux qui ne sait pas ce qu'il fait. Je le connais bien, je l'ai élevé comme mon fils. Est-ce que nous allons longtemps suivre ce mahboul ? ». Mais lorsque vous êtres déjà désigné dauphin bientôt flanqué d'un vice-dauphin, ce ne sont pas les poussières d'individus qui vous feront rougir. Quant à El Materi, il s'étonne encore en 1958 de ce que dans une lettre que lui « a écrite (Bourguiba d'Amérique) en 1951(...) tout ce (que Bourguiba) avait prédit dans cette lettre s'est réalisé entre 1951 et 1955 (par cette faculté qu'à Bourguiba) de deviner à l'avance» ce qui va se passer. Et si le dauphin ne fait qu'endosser le plan arrêté par la France ?
*(Universitaire)


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