Par Khaled EL MANOUBI Le dossier Hached remis par le président Hollande à la famille Hached n'est pas loin d'enfoncer une porte ouverte, du moins si l'on se fie à ce qu'en a révélé La Presse dans sa livraison du 16 Juillet. En effet, si le résident général, Jean de Hauteclocque, écrit bien dans son télégramme du 16 mai 1952 que «seule l'annihilation de Farhat Ached permettra d'avoir le calme», cela montre clairement par là même que le dépositaire des pouvoirs de la France à Tunis en est arrivé à la conclusion que «Hached» doit disparaître du moment que Bourguiba est arrêté. On savait depuis longtemps que la «Main rouge» et la résidence agissaient de concert. Du moins, ce document en particulier et le dossier dans lequel il se trouve constituent un aveu de la France en la matière. Mais le résident n'y fait que s'en remettre à Paris, et c'est à juste titre que la journaliste Olfa Belhassine se pose une série de questions dont celle-ci : «Qui a donné l'ordre de tirer ?» (p.4). Les juristes apprécieront en termes de responsabilité pénale même si la responsabilité civile de la France semble maintenant engagée. Cependant, nos nombreux articles consacrés au dauphinat mènent à la conclusion logique suivante : au moins les présidents de la République, les présidents du Conseil, les ministres des Affaires étrangères et les résidents généraux à Tunis s'en tenaient, le régime de Vichy et la France libre de de Gaulle compris, à la transaction du dauphinat conclue avec Bourguiba en 1931 au plus tard. Aussi, lorsque de Hauteclocque affirme que les connaisseurs « des affaires tunisiennes associent dans la même responsabilité et dans une action commune Bourguiba et Farhat Ached», et que la question se pose de savoir «si nous devons nous laisser déborder par le second après avoir jugulé le premier», il ne fait que prendre des précautions élémentaires pour que la transaction évoquée ne soit pas soupçonnée. Il a simplement cherché à déclencher une action impliquée par cette même transaction, transaction dont l'objet est de consacrer le dauphinat de Bourguiba. A la limite, du reste, ce geste incomplet de mémoire fait par la France pourrait même contribuer, par son caractère incomplet même, à détourner l'attention de l'essentiel, à savoir le dauphinat, cette atteinte anticipée à la souveraineté du peuple.