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The Life of Muhammad, de poignants parallèles entre les lignes !
Lu pour vous
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 10 - 2014

Hichem Djaït nous mène irrésistiblement à de poignants parallèles entre ce que l'extrémisme (Qaïda, EI, AnsarChariaa...) a fait à l'Islam et l'exemple fondateur, mesuré, intelligent et humaniste de la vie du Prophète qu'il brasse en profondeur en 3 volumes.
Si les parallèles de l'autre côté du miroir (alors que Djaït place l'Islam face aux autres croyances déterminantes ; Christianisme, Judaïsme, Bouddhisme, Confucianisme...) prolifèrent dans l'imposante trilogie, il faut juste lever la tête de temps en temps de l'ouvrage et écouter la radio ou regarder la télévision pour se rendre très vite compte qu'il est absolument incontournable d'opérer de poignantes comparaisons entre l'esprit profond de l'Islam tel que décrit par l'auteur et les incursions lugubres des extrémismes dont les agissements en sont aux antipodes.
Certainement conscient des parallèles que ses lecteurs allaient tracer, Djaït a manifestement souhaité aborder les choses la tête froide, comme un laborantin qui dissèque et décrit. Il a d'abord isolé (comme on agirait en laboratoire) les 5 thèmes à développer : Révélation, Prophétie, sémantique coranique, historicité de la prophétie et du Prophète, posant ainsi l'axiomatique, les principes fondateurs de la thèse des 3 volumes de l'ouvrage.
C'est dans cette dynamique que son examen du corps du sujet l'a conduit à attester que le Coran est descendu (nazala) en Révélation (wahiy) du Seigneur vers Muhammad qui, le récitant, lui donne sa forme naturelle (Coran-caraa-lit-lecture). Car ‘'L'original''; l'archétype divin, l'écriture sainte, reste entre les mains du Seigneur. L'écrit, les Ecritures du Seigneur, reste inconnu de nous.
Dans la foulée, il s'attaque au concept de Vision (ru'ya) qui, pour lui, n'a rien d'ésotérique, mais référant à une réalité ; une vérité présente ou future... et nous parle d'une ‘'vérité extraordinaire inaccessible à la raison ou aux sens.''
Un fait majeur alimente sa réflexion : l'analphabétisme avéré de Muhammad mis en perspective de la richesse incommensurable du texte coranique. ‘'Comment ne pas être abasourdi par la position paradoxale de certains orientalistes qui, en continuant de croire que le Coran est l'œuvre de Muhammad, ne s'interrogent pas sur le savoir immense, la maîtrise exceptionnelle de l'hébreu, du syriaque et du grec, le savoir étendu des religions, investis dans la composition du Coran ?''
La vision claire d'un homme serein
Ses références sont les sourates Ennajm et Attakwir... C'est là où le Coran atteste de la concordance de l'apparition d'un être surnaturel (Jibril) à Muhammad et du début de la Révélation. Et c'est aussi là que Djaït souligne le désir du Coran, dès le début, de ne pas contredire les traditions anciennes, comme un attachement à la continuité monothéiste; de Noé à Abraham, des enfants d'Israël aux Chrétiens et même aux Sabiens... Même s'il considère la Trinité comme une hérésie, rejoint en cela par deux grands esprits de l'Humanité ; Newton et Darwin.
Allant droit au but, l'analyse de Djaït le conduit à formuler 7 a priori :
-Muhammad a vraiment vu Jibril
-ses visions ne sont pas de l'imagination
-c'est la vision claire d'un homme serein
-l'être qu'il a vu n'est pas comme les autres
-nous ne savons rien de l'envergure de cet être
-l'être interpella Muhammad d'une voix audible
-la Révélation se fit par cet esprit loyal ; Jibril.
Mais les ennemis de Muhammad l'accusèrent de folie ; c'est leur manière d'exorciser le surnaturel. Malgré cela, ‘'l'Islam a eu l'opportunité exceptionnelle de se développer dans une société où il n'y avait ni Eglise ni Etat, qui auraient été par définition hostiles à toute innovation''. Mais ce n'était pas aussi simple et il fallait une ténacité ‘'inspirée'' pour faire face à toutes les vicissitudes qui se déclarèrent.
Retournant à son analyse, Djaït fait le parallèle entre Muhammad et les prophètes judaïques (Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, David, Salomon...) avec un statut particulier pour Abraham. Et, à la fin de ce premier volume, il trace les traits caractéristiques de la grandeur de caractère de Muhammad :
-il est autorisé à recevoir la Révélation
-la Révélation est un moment d'illumination
-après avoir reçu la Révélation, le Prophète a observé l'humilité très naturelle d'un homme ordinaire, sans distinction des autres membres de Quraysh.
Il est simplement porteur du Message, de l'Avertissement et des Commandements du Seigneur
-il a besoin de patience pour assimiler la parole du Seigneur
-il a été fort dans ses convictions et sa foi malgré l'accueil très limité qu'il reçut au début
-il a fait face à l'adversité avec beaucoup de patience
-sur les devants, l'éternelle figure du Seigneur
-la personne de Muhammad est proche de nous, située dans l'espace et le temps
-les plus grands rationalistes estiment que Muhammad est un grand sage réformateur
-en termes intellectuels, la Révélation est un événement de l'histoire des religions
-la Révélation peut prendre plusieurs formes.
La conclusion de Djaït pour ce volume singulièrement difficile à aborder : ‘'Muhammad est l'un des hommes qui ont modelé la conscience humaine, enrichi la civilisation et élaboré l'héritage éthique du genre humain.''
Un ‘'Musulman moderne et intellectuel''
Le premier volume (La Révélation et la Prophétie) était une réflexion sur l'essence de la Révélation et de la Prophétie, une approche à mi-chemin entre philosophie, théologie et métaphysique d'un côté, et histoire de l'autre côté; là où le souci était de développer le point de vue d'un ‘'Musulman moderne et intellectuel''.
Par contraste, le second volume (Prédication à Macca) propose un changement de direction requérant une adhésion stricte du point de vue historique à propos d'un sujet extrêmement sensible car touchant à la foi et au surnaturel. Et ici, Djaït préfère parler d'itinéraire plutôt que de biographie en dédiant le second volume à la vie proprement dite de Muhammad, de sa naissance à la Hijra.
En deux parties distinctes, il brasse d'abord les racines de l'Islam, avec une première évaluation de ses principales sources, il analyse les considérations anthropologiques tournant autour de Quraysh, les origines et le développement de Macca, sa société, les influences chrétiennes...
Puis, dans la partie qu'il consacre à la naissance de l'Islam et son développement, il entreprend une analyse historique remarquable des sourates du Coran révélées à Macca, s'arrêtant pour une analyse critique des ouvrages de la Sîrah, situant ensuite les croyants et les non-croyants avant de traiter la migration du Prophète et de quelques dizaines des plus fidèles vers Al Madina.
Le charisme politique du Prophète
Pour Djaït, il existe deux périodes distinctes à Madina, chacune de 5 ans ; la première de 622 à 627, et la seconde de 628 à la disparition de Muhammad en 632. C'est ce qu'il décrit en profondeur dans le troisième volume (La vie du Prophète à Al Madina et le triomphe de l'Islam).
La première période est caractérisée par l'organisation de son installation et celle de ses disciples qurayshites, par la guerre contre Quraysh qui commença avec l'épisode de Badr lors de l'an II et qui fut le début de toutes les guerres, les conflits avec les Judaïques de Madina, avec les Munâfiqûn (les hypocrites) mais, étrangement, pas avec les Païens de la cité. En ce temps, le Prophète était loin de contrôler la situation générale, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de Madina. Son autorité n'était pas bien établie et il devait faire face à des défis majeurs. Lors de l'an III à Uhud, il allait être presque éliminé et, l'an V, Madina fut assiégée et terrorisée mais la cité se trouvait dans un état de résistance tenace et elle parvint à résister.
Après l'an V, au contraire, renforcé par le succès de sa résistance, le Prophète prit l'initiative de diversifier son approche.
Celle-ci devient simultanément politique, militaire, diplomatique et religieuse et il réussit à réunir autour de lui le monde bédouin du Hidjaz. L'expédition de la Hudaybiyya, suivie par la soumission de Macca elle-même, fut décisive. Le Hidjaz adopta l'Islam grâce à la force de frappe créée par Muhammad mais aussi grâce à ses talents de négociateur, pacificateur et diplomate ; ce qui revient à dire le charisme politique du Prophète.
A partir de ce moment, l'Islam pouvait paisiblement pénétrer dans différentes régions d'Arabie. C'est au cours de cette dernière période que Muhammad créa le noyau d'un Etat (des années IX à XI), l'allégeance étant concrétisée par la levée de taxes avec une consonance religieuse (sadaqât) qui prit place dans le système de solidarité de Muhammad.
‘'The Life of Muhammad'', 3 volumes (134p., 430p., 265p.), mouture anglaise 2014
Auteur : Hichem Djaït
Edition : Beit-al-Hikma


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