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De l'amour inné pour les vers ...
Publié dans Le Temps le 09 - 06 - 2017

Notre poète Hechmi Khalladi est professeur de français depuis trente-cinq ans et journaliste au quotidien -Le Temps- depuis au moins une dizaine d'années. Il couvre par ses reportages un grand nombre d'activités culturelles : vernissages d'explosions d'arts plastiques, festivals de musique, colloques et dédicaces d'œuvres littéraires et autres. Il vient de publier au début de cette année deux recueils de poésie « Révolution dites-vous ? » et « Vers divers » que nous allons voir de près .Ce dernier est composé de 35 poèmes variés allant du sentimental au spirituel en passant par les faits divers.
Le langage du poète est clair, à la portée de nos élèves du secondaire. Son style est fluide et lyrique même. Sa technique, je peux dire qu'elle est parfaite et sans bavure aussi bien sur le plan architectural que celui de la suffisance, pas de mots ambigus ou longs, rythme intérieur varié musical et images souvent métaphoriques. Ses vers sont authentiques et reflètent bien sa personnalité et sa culture.
Des poèmes d'architecture parabolique comme « le collier de jasmin de Nizar Kabbani » comme ce premier poème « Fleurs et pleurs » Dans ce poème, le poète part de la tristesse « Ces larmes brouillent l'éclat de tes beaux yeux » pour atteindre le sommet de la parabole « Cesse chérie, mon chagrin est au comble », en revenant par dégradation jusqu'à la joie « que nos cœurs soient désormais pleins de joie »
A mon avis c'est un très beau poème chargé de nobles sentiments et de très belles images décrivant l'état d'âme du poète. « Enfin ne t'ai-je pas dit que je t'aime » et « Souviens-toi comme tu étais très badine »
Des poèmes sinusoïdaux à refrain et spirituels, comme dans le poème intitulé: « Ainsi va le monde » où l'on peut lire : « Chaque jour/ Des amours naissent/ D'autres disparaissent/ Des cœurs en souffrance/ D'autres en jouissance/ Chaque jour/ Tant de secrets sont confiés/ Et tant d'autres divulgués »
L'anaphore « chaque jour » est répétée ici quatre fois, tel un refrain, partageant ainsi le poème en quatre strophes parallèles parlant chacune d'un problème de la vie. Allant de ceux du cœur à ceux de la fortune et de la guerre avec des vers opposés le « clair- obscur » de Picasso. « Les riches font la guerre/ Les pauvres la subissent »
De cette manière l'impact des mots et celui des sentiments sont très forts comme celui du contraste dans la peinture, ainsi le poète réveille aussi bien l'esprit que les passions endormies du lecteur et le pousse à s'intégrer dans le paysage du poème.
Le troisième poème que nous allons étudier est « le nouveau-né ». C'est un poème centré. Il part d'un point réel - la naissance d'un enfant - qui par les prouesses du poète peut s'élargir et prendre de la valeur comme l'Albatros de Charles Baudelaire ou la fenêtre de Nizar Kabani. Si l'espace de l'albatros est un navire dont l'entourage est un équipage de marins ; l'espace de notre bébé est un petit lit et son entourage une famille, le bateau de l'albatros navigue dans l'océan et le petit lit du nouveau-né dans la maison : « Ce matin une petite princesse est née/ Au sein de notre famille tant émerveillée »
Cet élément si petit qu'il soit va progressivement s'étaler dans l'espace-temps et prendre de plus en plus de valeurs affectives et spirituelles au sein de son entourage. : « Elle comble la famille de joie et de bonheur/ Quant à moi je suis heureux de devenir grand-père. La petite fille parvint en peu de temps à occuper toute la maison et ensorceler toute la famille et finit par s'enraciner dans le temps qui est la vie toute entière du poète. Enfin « L'événement m'a réjoui et j'en suis bien fier ! » C'est la conclusion qu'il faut pour ce poème alors que pour Baudelaire l'Albatros est comme le poète dont les ailes de géant l'empêchent de marcher sur terre. À mon avis, ce poème aurait pu être plus fort si le poète avait parlé un peu du futur.
De ces trois poèmes nous pouvons conclure que le poète maîtrise bien la forme; mais comme en peinture la valeur d'une œuvre dépend aussi bien de sa forme que de ses couleurs, ce que nous appelons en poésie la texture, les vers et les mots qui les composent. Pour cela voyons de près ces vers : « L'Amour nous conduit aux splendeurs/ Pour peu qu'on lui ouvre le cœur » Les mots « amour », « conduit », « splendeurs », « ouvre » et « cœur » ont des consonnes et des voyelles communes, ce qui les rend harmonieux et rythmés, étant donné les assonances et les allitérations. De plus ils sont métaphoriques. Surtout « l'amour nous conduit » qui veut dire l'amour est un véhicule, mais aussi une lumière, un guide et même une énergie etc... Enfin c'est beau.
De même dans le poème « Evasion » dont voici la première strophe : « Je partirais sans laisser aucune trace/ Vers de nouveaux horizons plein de grâces/ Vers des confins qui me sont inconnus/ Vers des régions étranges et méconnues »
Les vers sont bien tissés, en plus ils décrivent bien l'amour de l'aventure qui bouillonne au fond de tout artiste authentique qui déteste l'ordinaire et la platitude. Ces vers nous en trouvons beaucoup dans ce recueil, surtout dans le poème « Souhaits »
On trouve aussi des poèmes dont la texture est basée sur le collage et le contraste comme les tableaux basés sur le clair-obscur de Picasso.
Dans le poème « L'argent », on peut lire : « Il y a l'argent qui n'a pas d'odeur/ Mais aussi l'argent venu du labeur.../ L'avare en est avide/ Le généreux le dilapide »
Un autre poème intitulé « Le Poète » constitue un vif hommage au poète et à la poésie. « Ô poète chantre de notre liberté/ Tu souffres pour notre dignité/ Tu es le sourire de notre bonheur/ Tu es le cri de notre douleur » On ne saurait qu'admirer ses vers !
Quant aux thèmes choisis par le poète, qu'ils soient sentimentaux, sociaux ou philosophiques, ils captent notre intérêt si bien qu'ils traitent de questions générales touchant à tous les domaines, comme « le poète », « l'argent », « le Harrag », « prisonnier d'amour », « la jalousie », « la solidarité », « le mensonge », « la lecture »..., ce qui confère au poète un caractère non égocentrique, vu que les thèmes abordés relèvent des soucis quotidiens vécus par ses semblables. Cela me rappelle les grands de la poésie, Victor Hugo, Jacques Prévert, Abou Kacem Chebbi et Pablo Neruda, ces poètes sont en général altruistes et des défenseurs farouches des valeurs universelles comme la liberté, la justice, la solidarité et l'amour. Lisons ces vers dans « Le Harrag » (l'immigré clandestin) : « Depuis longtemps/ Il vit oisivement/ Il a tant souffert/ Du désœuvrement/...Un diplôme obtenu depuis des ans / Ne vaut plus rien avec le temps.../ C'est dur quand on est sans le sou.../Qu'attend-on/ Pour se jeter à l'eau/Ainsi ces malheureux voyageurs/ Sombrent dans les profondeurs...
Dans un tel poème, il parle des malheurs de ses frères et nous fait partager leur souffrance : sensible et audacieux, il pousse un cri de détresse, appelant l'humanité à intervenir pour sauver notre jeunesse d'une perte certaine. Un poème bouleversant comparable à la tragédie classique par son authenticité, sa sincérité et son impact.
« Où sont les arbres ? » est un autre poème de la même valeur qui aborde l'environnement et qui nous rappelle celui de Ronsard « Le bûcheron ». Le poète, indigné et furieux devant un spectacle désolant : la forêt ravagée par le béton ! On peut ainsi lire : « Où sont les arbres/ Qui nous ont abrités ?.../ On ne voit plus de verdure/On n'écoute plus de murmure/ Rien ne bourdonne/ Rien ne fredonne/... La forêt est ravagée/ Par les hommes enragés/ La forêt s'est évaporée/ Le béton s'en est emparée... »
Ce poème évoque la plainte profonde et en même temps le désarroi du poète devant la folie des enragés qui continuent à détruire notre écosystème et à nuire à notre environnement et notre nature. En l'écoutant j'ai eu l'impression d'entendre la forêt elle-même se plaindre et pleurer son destin, priant l'homme de bouger pour la sauver de la mort. Hechmi Khalladi, poète d'Ezzahra, cette belle ville, entourée au nord et au sud par la forêt de Radès et celle de Boukornine, qui a longtemps vécu en symbiose avec la nature, a réussi à nous transmettre la douleur de la forêt.
Abdessattar Abrougui


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