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Le FMI et les multiples « gouvernements des copains et des coquins »
Publié dans Le Temps le 17 - 04 - 2020

Le FMI (fond monétaire international), ce n'est pas la maison du bon Dieu. Ce n'est pas un hospice. Et certainement pas la maison de la charité. Après l'indépendance, Bourguiba y a eu recours pour sortir le dinar de la Zone Franc. Parachever l'indépendance, en somme. Il en a recours, une deuxième fois pour les besoins du collectivisme planifié par Ahmed Ben Salah. A son accession au pouvoir, Ben Ali y recourait aussi, tout autant qu'à la Banque Mondiale, pour actionner les plans d'ajustement structurel (PAS1 et PAS2) pour sortir le pays de la récession ayant mis à mal l'économie nationale en 1986.
Les dépendances vis-à-vis des grands bailleurs de fonds, pour une économie aussi frêle que la nôtre -et surtout après la « révolution » où tous les équilibres ont été détruits- sont inévitables. Coercitives.
Leur interventionnisme fait que nous ne saurions parler de « souveraineté économique ». Ben Ali avait même conspué, en 1993, Mansour Moalla après que ce dernier eût déclaré à Jeune Afrique que la Tunisie se comportait juste comme un bon élève de la Banque Mondiale, un peu la Bible de l'ancien Président. Dominique Strauss-Kahn, à l'époque Président du FMI, a même intervenu une fois auprès du gouvernement Mohamed Ghannouchi, pour alerter quant à des prévisions de croissance qu'il jugeait gonflées dans la loi de finances. Et le gouvernement s'y est aussitôt exécuté, échafaudant une loi de finances complémentaire avec une prévision de croissance revue à la baisse. Quand on se met sous la coupe de ces organismes, on en subit le diktat. C'est simple.
On se lèche les babines…
Il se trouve, néanmoins, qu'on se lèche les babines face au « généreux » pactole de 2,2 milliards de dinars, ce décaissement que nous accorde le FMI au titre du IFR (Instrument de financement rapide) mis en place par le FMI, spécifiquement dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Marouane Abassi, Gouverneur de la toute puissante Banque centrale, Nizar Yaïch, ministre des finances et Slim Azzabi, ministre de du Développement et de la Coopération internationale sont, certes, à créditer d'un bon point pour la dextérité mise à en mener les négociations.
Sauf, qu'il n'y a qu'à lire le communiqué du FMI, à ce propos. Il prévoit une contraction de l'économie tunisienne à hauteur de -4,3 de croissance, scénario apocalyptique pour nous, si l'on considère qu'un point de croissance varie entre 15 mille et 18 mille emplois. Imaginons-en, donc, la montée exponentielle du chômage.
Dans ce même communiqué et sortant du cadre du Covid-19, le FMI remet sur la table les exigences, les conditions imposées au gouvernement tunisien depuis Avril 2013, date à laquelle Elyès Fakhfakh, alors ministre des finances, nous a remis sous son parapluie. Quand on entre dans la tanière du loup, on n'en sort pas indemne. Et, en termes économiques, en termes monétaristes et outrancièrement monétaristes, le FMI n'a pas d'états d'âme à teneur sociale. Et, du coup, ce dernier décaissement est tout aussi assorti de conditions : la décongestion du secteur public, la privatisation des entreprises publiques déficitaires, le démantèlement de la caisse de compensation, particulièrement en ce qui concerne les hydrocarbures et, dans la foulée, la dépréciation du dinar, ce qui génèrera la contraction de l'Epargne et d'insoutenables tensions inflationnistes pour les ménages
Encore une fois, cette générosité ressemble à un cheval de Troie : elle véhicule autant de mesures répressives. Et, si le FMI ne nous a pas répertoriés dans la liste des pays dont la dette a été carrément supprimée, c'est que le pays serait paradoxalement « riche ». Riche en quoi, justement….
Harceler les hommes d'affaires et « oublier » les Barons …
La vérité est que l'économie et la finance ont été, durant dix ans, ballottées au gré de l'amateurisme, du clientélisme des gouvernements des coquins et des copains qui se sont succédé depuis la « révolution ». La démarche a toujours été la même : racler dans le « social » pour rééquilibrer -et encore !- la finance publique et donner l'illusion de répondre aux exigences macroéconomiques. Pour emprunter une tristement splendide image donnée par Mustapha Kamel Nabli (ancien Gouverneur de la BCT qui dérangeait autant Ben Ali que Marzouki), les gouvernements se sont comportés, face aux tendances dangereusement inflationnistes, comme ce profane souffrant de tension artérielle et qui a recours au vieux coiffeur de l'époque qui lui colle des ventouses à la nuque pour extraire du sang ! Et hop, il se croit soulagé !
Or, voilà que le gouvernement Fakhfakh se prend les pieds dans le tapis. Et, de surcroît, dans d'innombrables contradictions. Déclarer la guerre aux hommes d'affaires, les menacer de représailles fiscales -nous parlons des hommes d'affaires propres (terme à la mode depuis l'avènement de Mohamed Abbou)- est, pour le moins malvenu. D'un côté, Fakhfakh parle de pérennité de l'entreprise, de l'autre, ses ministres Abbou et Chaouachi se braquent sur le «Capital» dans un sournois remake diabolisant de ce qu'en disait Hamadi Jebali. Les chiffres sont pourtant là. Les entreprises privées ont payé à l'Etat 3835,2 millions de dinars d'impôt en 2019, soit les 30% de la masse fiscale. Ils ont reversé à l'Etat près du triple au chapitre de taxes indirectes, entre TVA et droit de consommation. Soit. En tous les cas, la pression fiscale (35,5% du PNB) est l'une des plus élevées parmi les pays émergents.
Mais, par ailleurs -hormis la cacophonie de la communication gouvernementale où l'on se permet de parler en dehors de son propre champ de compétences- n'est-il pas plus indiqué, maintenant, d'aller sonder ces « loges », ces arcanes hermétiquement protégées des barons, ceux-là mêmes qui brassent près de 4 mille milliards de dinars dans l'informel, dans les circuits parallèles ? Une gangrène contre laquelle Fakhfakh ne peut rien. Car, c'est l'émanation d'une nouvelle corruption d'Etat ayant émergé après « la révolution de la dignité ». Ah, tiens, une belle trouvaille : mièvre réduction des prix des hydrocarbures, alors que 80% des véhicules en Tunisie sont à l'arrêt, et augmentation du prix de l'eau, alors même que les Tunisiens sont appelés à se laver les mains cent fois par jour !


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