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Les avatars du système d'évaluation
Enseignement
Publié dans Le Temps le 04 - 11 - 2009

Notre école serait-elle victime de son système d'évaluation ? On répondrait immédiatement par l'affirmative après avoir lu « La constante macabre ou comment a-t-on découragé des générations d'élèves ? » d'André Antibi ou après en avoir discuté avec cet universitaire français qui vient de passer quelques jours parmi nous et qui s'est même rendu auprès de notre ministre de l'Education et de la Formation pour présenter son action en faveur d'un système d' « évaluation par contrat de confiance ».
C'est que, pour André Antibi, le système d'évaluation appliqué en Tunisie s'inspire largement du modèle français lequel trahit un très grave dysfonctionnement responsable de plusieurs cas d' « échec scolaire artificiel ». Depuis 2003, ce professeur de mathématiques à l'Université Paul Sabatier de Toulouse, milite pour l'éradication de ce dysfonctionnement qu'il appelle « la constante macabre », véritable plaie qui pourrit (ce sont ses termes) le système éducatif de son pays et celui de plusieurs autres qui adoptent le système français en matière d'évaluation scolaire. Qu'est-ce que « la constante macabre » et que propose-t-on concrètement pour la supprimer ?

Le fameux pourcentage de mauvaises notes
Dans son livre cité plus haut, André Antibi explique la notion de « constante macabre en ces termes : « Lorsqu'un enseignant prépare un sujet de contrôle et lorsqu'il choisit un barème, il fait en sorte, plus ou moins constamment, que les notes soient étalées convenablement : il faut qu'il y ait toutes sortes de notes, des bonnes, des moyennes et des mauvaises ; et cela quel que soit le programme du contrôle, la qualité de l'enseignement, le niveau de la classe ». Il se demande ensuite ce qui arriverait si un professeur ne mettait à aucun de ses élèves, une note inférieure à 12 sur 20. « Notre malheureux collègue passerait probablement, dans son établissement, pour un professeur trop gentil, un peu démagogue même, qui ne traite peut-être pas le programme convenablement. On aurait même quelques inquiétudes pour les élèves qui, dans un tel contexte, seraient orientés, en fin d'année, vers des sections scientifiques. Mais pratiquement personne ne penserait que, tout simplement, le niveau des notes peut-être dû, par exemple, à la compétence du professeur, à son aptitude à motiver les élèves. » Pour André Antibi, « les parents d'élèves et les élèves eux-mêmes suspecteraient a priori un professeur d'une matière importante dont la moyenne de classe serait souvent de 14 ou 15 sur 20 ». C'est pour lui un phénomène de société qui impose aux enseignants, pour être crédibles, pour être pris au sérieux, de mettre un certain pourcentage de mauvaises notes, même dans les classes de bon niveau. C'est cela la constante macabre, se sentir obligés inconsciemment de mettre des mauvaises notes et avoir le sentiment de n'avoir pas rempli son contrat lorsqu'on n'en attribue aucune.

Aux origines du mal
Le phénomène de la constante macabre est le plus souvent inconscient et les enseignants ne peuvent en être tenus pour seuls responsables dans la mesure où ils subissent eux aussi la pression de la tradition, à savoir cette tendance à reconduire sans se poser de questions une situation qui existe. D'autre part, comme une bonne majorité de gens et d'enseignants pensent à tort que la répartition des notes est un phénomène naturel, il lui semble tout à fait normal qu'elle donne lieu comme tous les phénomènes naturels à une courbe de Gauss centrée sur le chiffre 10. La troisième cause qui explique la persistance de la « constante macabre » est la confusion récurrente chez les enseignants entre la phase d'apprentissage et la phase d'évaluation : « Pendant la phase d'apprentissage, écrit Antibi, il est souhaitable de proposer aux élèves des activités riches, parfois sources d'obstacles (...). Mais ce n'est certainement pas en posant un exercice trop difficile un jour de contrôle que l'on fera progresser l'ensemble d'une classe. Au contraire, cela conduit le plus souvent au découragement d'une majorité d'élèves qui se rendent compte que leur travail n'est pas récompensé. ».

Questions trop difficiles et « pièges » incontournables !
Pour obtenir leur constante macabre et le taux « inévitable » de mauvaises notes, les professeurs tombent inconsciemment dans certains pièges non indépendants les uns des autres : comme la difficulté des questions posées (par exemple, celles-ci ne ressemblent pas aux questions déjà traitées en classe), le rejet de « la question cadeau » à laquelle toute la classe saura répondre, la conception de sujets déséquilibrés (avec des questions de plus en plus difficiles), le réajustement du barème pour obtenir le pourcentage « normal » de mauvaises notes, l'exigence de la rigueur dans la rédaction et la présentation de la copie, des sujets trop longs, le désir de balayer tout le programme du contrôle, la précaution sadique d'empêcher les meilleurs éléments de terminer avant la fin du temps imparti. Parmi les conséquences « catastrophiques de la constante macabre, on note le fait que chaque examen devienne un concours déguisé ; que le taux des échecs injustes et artificiels augmente, que la confiance ne caractérise plus le rapport entre les élèves et leurs professeurs, qu'on recoure trop souvent aux cours particuliers (car il ne suffira plus de comprendre les leçons pour s'en sortir, mais il faut aussi et surtout éviter de faire partie du « mauvais tiers » de la classe ). Il en résulte aussi un sentiment de mal être parmi les élèves et plusieurs d'entre eux se découragent de s'orienter vers les filières réputées « dures » comme les filières scientifiques.

Pour remédier à la « constante macabre »
Mais il y a moyen de lutter contre la constante macabre : dans ce sens, le système d'évaluation par contrat de confiance a été expérimenté durant trois ans et a donné satisfaction dans plusieurs établissements français. La méthode repose sur le principe de base suivant : « l'élève doit prendre conscience du fait que les efforts qu'il fournit ne sont pas vains et que le travail est une valeur importante ». Concrètement, cela se traduit par l'annonce une semaine avant chaque contrôle des connaissances, du programme du contrôle lequel doit revenir sur toutes les notions fondamentales du programme officiel : on informe l'élève de la liste des questions sur lesquelles il sera interrogé et qui ont été déjà traitées et corrigées en classe (cette liste doit être suffisamment substantielle pour écarter tout risque d'apprentissage par cœur immédiat. Des séances de questions réponses pré-contrôle doivent d'autre part programmées 2 ou 3 jours avant les épreuves afin de permettre à ceux qui n'ont pas compris certaines notions du programme de demander des explications à l'enseignant; il importe enfin de proposer, à l'examen, des sujets qui évitent les pièges évoqués plus haut. Pour les étudiants brillants qui ont des chances de terminer avant l'heure, on préparera une question hors liste mais qui ne sera pas notée. Les expérimentations de ce système font apparaître clairement que la constante macabre est supprimée, que les élèves font leurs révisions en confiance et bien moins stressés, que les moyennes de classe augmentent de 2 à 3 points sur 20, que les élèves travaillent beaucoup plus. Cependant cette méthode qui enraye les échecs scolaires artificiels ne viendra pas à bout de tous les cas d'échec. Elle aura permis néanmoins de mieux repérer les élèves qui ont vraiment besoin de soutien scolaire.
Badreddine BEN HENDA
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Enthousiasme au ministère de l'Education et de la Formation pour la méthode d'André Antibi
D'après M.André Antibi, le ministre de l'Education et de la Formation l'a très bien reçu et a montré, durant l'entretien de plus d'une heure qu'il lui a accordé, beaucoup d'intérêts pour les méthodes qu'il préconise dans sa lutte contre l'échec scolaire artificiel. Un accord de principe a été donné pour que cet universitaire organise en Tunisie un cycle de conférences sur le système d'évaluation qu'il défend. Concernant les livres qu'il a publiés sur la question, André Antibi souhaite que les contacts soient établis du côté tunisien avec les éditeurs français de ces ouvrages pour en enrichir les bibliothèques des établissements scolaires et universitaires. Nous rappelons à ce sujet deux des principaux titres écrits par André Antibi : « La constante macabre ou comment a-t-on découragé des générations d'élèves », et « Les notes : la fin du cauchemar ou en finir avec la constante macabre » (édités tous les deux chez Math'Adore). Signalons enfin qu'André Antibi préside depuis 2003 une association appelée Mouvement Contre La Constante Macabre (MCLCM) et qui possède un site sur Internet. Pour en savoir plus sur ce mouvement, sur ses objectifs et sur ses militants, il suffit de cliquer sur « mclcm.fr ».


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