La toxicomanie aux solvants de colle se manifeste dès l'âge de six ans et constitue une forme méconnue d'abus d'intoxicants. Ce phénomène commence à faire tâche d'huile chez certains jeunes. D'où la nécessité d'endiguer ce fléau et prévenir nos enfants des effets néfastes de ces substances inhalées. 5 à 10% des jeunes sniffent la colle. Ce phénomène s'observe surtout chez les jeunes de 14 ou 15 ans, mais il peut commencer dès l'âge de six à huit ans. D'ordinaire, la consommation chute vers 17 à 19 ans, mais certains utilisateurs poursuivent cette activité à l'âge adulte. Les profils d'utilisation de substances inhalées sont semblables à ceux d'autres types d'intoxicants. On remarque les expérimentateurs, les utilisateurs occasionnels et les renifleurs chroniques. L'utilisation chronique tend à être endémique dans les quartiers urbains défavorisés. Les produits que choisissent les utilisateurs de substances inhalées procurent une expérience sensorielle agréable rapidement et sont disponibles, pratiques et peu coûteux.
La voie à d'autres intoxicants ! L'étude rétrospective sur trois ans de 2000 à 2003 concernant huit adolescents de 12 à 17 ans de sexe masculin réalisée par une équipe médicale de l'hôpital régional de Kheireddine de Tunis a montré que ces substances inhalées entraînent : «un ralentissement psychique chez ces jeunes, une apathie apragmatisme chez six malades, une pâleur, une ébriété, un état dépressif pour deux malades, un déficit sensitif chez deux malades, une amyotrophie des muscles intrinsèques des mains et des pieds. » Cette étude a révélé aussi que « l'inhalation de colle est une forme particulière de toxicomanie. Ainsi, étant donné que le cerveau est un organe riche en lipides, l'abus chronique de solvants dissout les cellules cérébrales. Cette intoxication à la colle s'explique par des facteurs sociaux notamment un absentéisme fréquent, un statut socio-économique bas, une surpopulation, une négligence des parents, l'échec scolaire. La sensation de bien être engendrée par l'inhalation encourage le futur toxicomane à répéter cette expérience initiale pour tomber dans la dépendance pharmacologique et la toxicomanie. L'intoxication aux substances inhalées peut ouvrir la voie à l'abus d'autres intoxicants. Les effets immédiats de l'intoxication aux substances inhalées sont semblables aux premières étapes classiques de l'anesthésie. Au départ, l'utilisateur se sent stimulé et enclin à un comportement impulsif. Son élocution devient ensuite empâtée, et sa démarche, chancelante. L'euphorie, souvent accompagnée d'hallucinations, est enfin suivie de somnolence et de sommeil, surtout après des cycles répétés d'inhalation. Il est rare qu'un coma s'installe, parce que l'utilisateur devenu somnolent cesse de s'exposer à la substance inhalée avant d'en absorber de trop fortes doses ». Une étude britannique a expliqué que «prola suffocation, les comportements dangereux et l'aspiration sont responsables chacun de 15 % des décès dus à l'intoxication aux substances inhalées, tandis que les 55 % restants sont attribuables à la mort subite après inhalation volontaire »
La prévention s'impose! L'usage des substances inhalées peut donner lieu à une dépendance. La manière la plus efficace de résorber l'usage des substances inhalées passe par la prévention. L'attention de tout médecin spécialiste ou généraliste doit être attirée sur cette pratique heureusement restreinte chez nos jeunes. Ils pourront sensibiliser davantage ces jeunes aux aspects et complications cliniques uniques de l'intoxication aux substances inhalées, en particulier les dommages au système nerveux central et la mort subite après inhalation volontaire. Ils doivent promouvoir l'éducation sur les dangers pour la santé que pose l'abus d'intoxicants auprès des enfants. L'école, la famille, les associations, les cellules d'action en milieu scolaire ont un rôle à jouer dans le renforcement du système d'éducation sanitaire dans ce domaine et l'amélioration de la prise en charge des toxicomanes. Cette prise en charge doit être multidisciplinaire que possible pour sauver certains jeunes de ces drogues qui les guettent.