Formée à l'Ecole des Beaux-Arts de Tunis, Rachida Amara s'est très rapidement dirigée vers la gravure qu'elle affectionne tout particulièrement. Elle trouve sa source d'inspiration en elle-même partageant les mêmes interrogations, les mêmes perplexités et les mêmes inquiétudes ou angoisses que le reste de l'humanité. Elle exprime ses idées par le moyen de mouvements et de formes, par des instants de vie, de personnes anonymes, d'étrangers croisés ça et là. Toujours illustrée de personnages cloîtrés dans des espaces limités, sa peinture semble se libérer pour donner encore plus d'espace et d'importance à ces petits êtres qui animent si bien la matière. Pourtant, dans sa gravité, le corps semble se battre pour son indépendance avec toute l'élasticité de sa plasticité, éloigné de toute eurythmie aux lois de l'anatomie. Le corps se retrouve à l'étroit dans l'exiguïté du cadre, se tord, se contorsionne et s'allonge dans un conflit sans fin. Cette silhouette creusée dans le linoléum, cherche à se libérer des confins du papier, explorée de lignes graphiques, elle tente de s'arracher à la matière chaotique et à l'indissolubilité chromatique. Derrière ces humains aux épaules décharnées, à la poitrine démesurée et aux hanches trop envahissantes, c'est certainement la force de l'ivresse de la vie que l'artiste cherche à exalter. Les silhouettes sont souvent cernées de blanc, réserve de la couleur par la gravure dans le linoléum. Suivent des compositions aux lignes courbes, jouant sur l'opposition du sombre et du clair, du froid et du chaud, des pleins et des vides, qui confèrent leurs lettres de noblesse à la gravure pour épouser le bonheur, amener le corps à s'affirmer et à vivre tout simplement en toute liberté et en pleine jouissance jusqu'au 30 janvier 2010.