En dépit du caractère très festif qui a marqué la 2ème édition de La Nuit du Théâtre Tunisien (26 mai dernier), il y a eu tout de même des critiques et des mécontentements qui se sont exprimés. Le président du Comité directeur de la manifestation, M. Mohamed Médiouni, donne ci-après son point de vue. Qu'y a-t-il après La Nuit du Théâtre. Ou bien sitôt fait, sitôt oublié ? Alors là, pas du tout. Nous sommes en passe de publier une sorte de Répertoire du Théâtre tunisien en cinq titres. C'est la réunion d'œuvres complètes d'hommes de théâtre et des traductions d'œuvres étrangères réalisées également par des Tunisiens. Il va s'agir du regretté Samir Ayadi dont l'œuvre s'étalera sur…1460 pages ; de Mustapha Fersi et Tijani Zalila, soit une réédition d'environ 800 pages ; de Hassin Zmerli, 800 pages ; de Ezzedine Garouachi et Taoufik Achour qui ont travaillé sur la traduction de pièces étrangères ; ainsi que la réédition des pionniers de l'écriture théâtrale, de 1910 à 1957. Quel bilan feriez-vous de cette 2ème édition de la Nuit du Théâtre ? Le programme a été annoncé l'an dernier à la même date à l'occasion de la célébration du centenaire du théâtre tunisien, et dont l'objectif est d'instaurer une tradition dans ce sens. D'avoir assuré l'organisation de cette 2ème édition avec tout le succès qu'elle a connu est déjà en soi une réalisation, le but étant de rendre visibles les efforts des hommes et des femmes de théâtre en mettant en exergue les réalisations accomplies sur tous les plans, autrement dit l'acte théâtral pris dans sa globalité. Par conséquent, ce sont la production et la distribution, l'espace théâtral, la diffusion de la culture théâtrale et la critique théâtrale qui sont mis en exergue. Est-ce que toutes les « Scènes d'Or » se valent pécuniairement ? Non, elles vont de mille à cinq mille dinars. Pour autant, il ne faudrait pas minimiser la Scène d'Or en tant que telle, c'est-à-dire une reconnaissance exprimée par un Trophée en cristal, ce qui n'est pas peu de choses. Il semble qu'au rang des hommes de théâtre il y ait eu mécontentement et même boycott de la Nuit du Théâtre… Non, il n'y a pas eu boycott de la Nuit. Pour des raisons de santé ou autres, quelques hommes de théâtre ont dû être absents à la fête, mais ils se sont fait représenter par les leurs. Ce qui veut dire que tous les lauréats se sont vu remettre les Scènes d'Or, directement ou indirectement. Pour ce qui est du mécontentement, qu'il me soit permis d'exprimer mon étonnement devant une telle attitude qui, à mon sens, manque un peu de délicatesse, de tact. Ou être déclaré Scène d'Or de la meilleure œuvre ou s'en offusquer pour ensuite s'en prendre au jury ne me semble pas assez élégant, et surtout que cette réaction émane de gens qui se disent artistes. Cela étant, il importe de savoir que le jury était composé de professionnels du théâtre, de connaisseurs et même d'universitaires, tous assidus de la scène théâtrale en Tunisie. Et de toute manière, c'est très tôt pour juger de la compétence ou non des membres du jury. A mon avis, les enjeux réels sont ailleurs, dont cet objectif consistant à installer une tradition pour le 4ème art tunisien. Mais émettre un doute quant au mérite de tel homme de théâtre à qui est revenue une Scène d'Or et alors qu'il a fait tout un parcours, me semble un peu déplacé, cela ne sert en rien de toutes façons le secteur. La Nuit du Théâtre tunisien récompense les œuvres et les spécialités inhérentes au 4ème art. Mais c'est le ministère de la Culture qui finance tous les projets. Comment expliquer qu'à l'occasion de La Nuit du Théâtre on reconnaisse la valeur de certains projets mais pas les autres. Est-ce à dire que le ministère a dû se tromper sur quelques projets ? Non ! Non ! Rappelons-nous d'abord que nous sommes l'un des rares pays, sinon l'unique au monde, dont le ministère de la Culture assume un rôle vis-à-vis des hommes de théâtre, et lequel consiste à consentir une aide selon des critères bien déterminés et sur l'avis de la Commission, laquelle est constituée d'hommes de théâtre. Ce sont toujours des professionnels de théâtre qui ont leur mot à dire, non le ministère. Propos recueillis par Mohamed TOUNSI