Le projet n'est pas vraiment nouveau et tous les secteurs de la vie nationale ont déjà été mis à contribution. Régulièrement, et depuis plus d'une décennie, les acteurs économiques et sociaux sont appelés à faire preuve d'imagination pour changer en mieux les conditions et les mécanismes de travail. Ainsi, et à titre d'exemple, un bus de transport public peut rouler mieux, ou plus économique, ou en meilleur état en optimisant déjà les moyens existants. Le raisonnement est valable pour les rapports de l'administration avec les citoyens, ou le commerce avec la clientèle. Du coup, beaucoup de pratiques ont évolué, en particulier dans le sens de l'information due aux usagers. La démarche a été initiée, mais cela n'en fait pas moins que le citoyen usager se demande encore à quelle heure part le bus de Neuf heures. Et il n'a pas toujours tort puisqu'il est rare de trouver un horaire affiché ostensiblement sur les lieux de départ des bus, probablement pour ne pas avoir à justifier les sempiternelles acrobaties des « régulateurs » du trafic. La recherche de la qualité bute ainsi et assez souvent sur les aléas de l'exploitation au quotidien non maîtrisé. Et il en va de même pour l'actuelle situation créée dans les bureaux de poste. La modernisation des services n'arrive pas du tout à « assimiler » le flux des demandeurs de services. A n'importe quel jour de la semaine, les attentes interminables transforment la démarche en un calvaire insurmontable. Ce qui devait être un mieux croule actuellement sous l'afflux des demandes. Il faut aussi expliquer Ceci étant, rechercher la qualité pour soutenir l'activité économique et sociale ne concerne pas uniquement les services. Les recommandations officielles vont aussi dans le sens des secteurs de formation, et pour l'heure ceux de la formation professionnelle. Le constat que tous les pays du monde font actuellement est que l'offre de formation doit se mettre au rythme des changements que vit le monde du travail. Il n'est en effet plus pertinent de figer pendant des années les programmes de formation vers l'emploi quand tout le système bouge à la vitesse des technologies en progression et des activités en mutation. La recherche de la qualité, reliée à l'observation des évolutions, nécessite des programmes de formation pratiquement à la carte. Ailleurs et dans le cadre commercial, on met sur le marché des produits dont on affiche la traçabilité. La pratique en question n'est pas vraiment répandue chez nous, mais la tendance est à consommer en portant un regard averti sur l'historique et les composantes avérées du produit. L'ouverture des marchés, autant ceux du travail que ceux qui concernent la consommation, est en train de banaliser la traçabilité comme garantie, en même temps pratique et légale du droit à la qualité. La circulation des biens et des services dans le monde est à ce prix, et il est évident qu'il est nécessaire d'être au diapason des pratiques qui ne connaissent pas les frontières. Des efforts certains sont faits par certains secteurs, par exemple dans la mise en application des possibilités offertes par l'outil informatique. Il est maintenant possible d'initier un dossier fiscal en restant dans son bureau, avec le gain de temps et l'économie d'énergie que cela permet. Il est aussi rentré dans les mœurs que les démarches scolaires et universitaires soient gérées à distance. Le maillage mis en place commence à porter ses fruits, même quand des opérations spécifiques doivent encore passer par dossiers papier. Dans ce cas particulier et dans d'autres, le support papier fait de la résistance et agit négativement sur la fluidité des démarches d'inscription ou de gestion courante de la vie universitaire. En fait, et très souvent, la démarche qualité bute sur l'adaptation du volet humain. Il n'est en effet pas toujours facile pour des générations de préposés habitués aux fameux « errements » administratifs de changer les manières de faire. Comme par-dessus le marché le support papier reste la preuve tangible des transactions et des certifications, le carcan tarde à se démettre. Il est en effet encore de mise de prouver une longue période de règlement de crédit de logement par du papier. Les litiges possibles obligent à repasser par le guichet, au moment même où tout laisse croire que les décomptes assurés par la machine sont des plus fiables. A moins de penser le contraire, au fond. Qui croire ? Dans les vieux réflexes commerciaux, l'astuce consistait à jouer sur le produit le plus présentable à exposer en vitrine ou à l'étalage. Ces temps sont révolus et il est devenu normal que la qualité soit égale sur l'ensemble de la marchandise mise en vente. La règle voudrait aussi que le produit de consommation soit accompagné d'une notice en précisant la composition. A ce titre, le Laboratoire Central est réputé pouvoir vérifier la véracité des informations, dans un souci de conformité, mais aussi pour tenir compte des recommandations relatives à la santé du consommateur. Les contrôles sont renforcés à ce titre pendant le mois de Ramadan, ils n'en existent pas moins tout au long de l'année. Dans les faits cependant, le commerce anarchique fonctionne et prospère. On constate aussi que les clients se bousculent devant les marchands à la sauvette, manifestement hors contrôle des circuits de qualité. Dans ce cas, la balle est dans le camp du consommateur manifestement peu, ou mal, sensibilisé aux aléas du commerce de fortune. Quelque chose ne fonctionne pas dans l'efficacité des campagnes initiées par l'ODC, mais pas seulement. L'opinion la plus partagée à ce sujet est le manque de crédibilité des tenants et aboutissants de ces campagnes. Le commun des citoyens pense, peut-être à tort, que les actions de mise à niveau concernent plus souvent les marginaux des circuits de distribution. Il est plus facile d'apercevoir la partie émergée de l'iceberg quand le flux des marchandises mises à disposition « dans le noir » ne faiblit guère. De l'étalage aux bancs de l'école, des guichets de poste à la paperasserie administrative, des règles de jeu ont bien été établies. Des gains d'efficacité ont même été enregistrés dans certains secteurs résolument entrés dans la compétition vers la meilleure qualité. Il n'en reste pas moins que d'autres secteurs restent en dehors des règles. La transparence, conséquence directe de l'objectif « qualité » n'est pas ce qui pourrait arranger le mieux les affaires de tout le monde.