75.000 resquilleurs verbalisés en 2008 ; 97.000 durant les 9 premiers mois de 2009. En attendant les nouveaux contrôleurs promis par la Transtu, le « manège » continue - 75.000 resquilleurs verbalisés en 2008 ; 97.000 durant les 9 premiers mois de 2009** ; tels étaient les chiffres que nous avons rapportés dans l'un de nos précédents articles sur la resquille dans nos moyens de transport public, notamment sur le métro léger. A l'époque, des responsables de la Transtu, nous ont parlé des projets de leur société en vue d'enrayer le fléau : celle-ci prévoit entre autres la mise en place, avant la fin 2012, d'un système de perception qui dissuadera les resquilleurs du moins dans les grandes stations; on compte d'autre part réaménager les stations actuelles de manière à en réduire les entrées non contrôlées. Quant au recrutement de nouveaux contrôleurs, nous avons appris que la Transtu a déjà organisé deux concours à cet effet, mais le nombre de candidats retenus reste toujours insuffisant, selon l'un des agents de la société rencontrés vendredi dernier. En attendant donc que la Transtu réalise tous ses projets et engage le nombre adéquat de contrôleurs, les resquilleurs rivalisent d'astuces pour contourner la vigilance des agents qui sont actuellement en service et dont certains nous ont avoué leur impuissance à éradiquer ce phénomène déplorable. Gare à la provocation Ce vendredi, nous avons assisté, durant les quelques minutes passées dans la cabine de contrôle d'une grande station de la capitale, à la verbalisation d'une dizaine de voyageurs des deux sexes, pour la plupart très jeunes. Mais les agents de la Transtu nous ont précisé qu'il n'y a pas d'âge pour resquiller sur les lignes de métro. Les contrevenants ne sont pas tous non plus de condition modeste : des enseignants et des avocats ont même été épinglés, assurent nos informateurs. Le sexe faible est plutôt fort dans l'art de la resquille, ajoutent-ils : « plus de la moitié des P.V. de cette semaine sont dressés contre des femmes et des jeunes filles », précise l'un d'eux. Il paraît même que les contrôleurs redoutent la réaction des resquilleuses et prennent des précautions multiples avec elles : « il ne faut surtout pas les toucher ; prévient l'un d'eux, sinon elles crient à l'attouchement sexuel !! » En tout cas, nous avons été témoins avant-hier d'une scène assez significative à ce sujet : l'un des contrôleurs ramena à la cabine deux jeunes filles, elles n'avaient pas de titres de transport et refusèrent de montrer leurs cartes d'identité à l'agent de la Transtu. L'une d'elles se montra, en notre présence, très arrogante avec ce dernier et l'a même insulté. Le fonctionnaire évita du mieux qu'il put de réagir à sa provocation ; et tandis que son amie finit par décliner ses papiers d'identité et versa même quelques larmes de remords, l'insolente continua de plus belle- même après avoir été conduite au poste de police de la station. Pour narguer un peu plus la compagnie de transport et ses agents, elle tint à retraverser la station sans prendre de ticket ; ce qu'elle fit sous le regard outré et presque impuissant d'une quinzaine de contrôleurs. La grande comédie! Pour ne pas se faire intercepter, les resquilleurs ont une panoplie de techniques plus ou moins efficaces : « il y en a, reconnaît l'un des agents interrogés, qui savent échapper à tous les contrôles. Ceux-là sont des as de la resquille ». Voici en tous cas quelques unes des astuces les plus répandues parmi nos mauvais payeurs. Par exemple, il vaut mieux- quitte à se laisser piétiner par les autres passagers- prendre place dans un métro boudé de voyageurs plutôt que monter dans une voiture dégagée où le contrôleur pourra facilement passer entre les sièges. En cas de contrôle à la sortie du métro, poursuivre le trajet et descendre à la station suivante. S'il s'agit d'un terminal, et que le contrôle s'effectue à toutes les issues de la station, se glisser parmi les passagers qui attendent leur train et de préférence s'asseoir tout de suite sur l'un des bancs de la station. Ne jamais trahir d'affolement lors des descentes de contrôle. Dans pareilles situations, tenir toujours à la main et avec la sérénité d'un passager en règle, un ticket de la veille ou du même jour ramassé dans les environs ou bien un billet conservé pour les « circonstances difficiles ». Vous avez toujours une chance que le contrôleur apprécie votre « geste civique » et passe trop vite au voyageur suivant. En tout cas, il faut parer d'avance à ce genre de surprises : rester par exemple le plus près de la porte de sortie ; jeter des regards vigilants à l'intérieur et à l'extérieur de la voiture afin d'anticiper les « raids » de contrôle. Si par malheur on vous attrape, ne jamais laisser le contrôleur vous en imposer et surtout prendre les devants et réagir en victime d'injustice criarde. A ce propos, il importe de crier plus fort que votre vis-à-vis et d'ameuter la foule qui, avec un peu de chance, prendra fait et cause pour vous et poussera l'agent à vous lâcher. Si celui-ci vous touche, prendre l'assistance à témoin et accuser le fonctionnaire de la Transtu de vous avoir agressé. Il y a toujours moyen d'appuyer l'allégation avec un certificat médical en bonne et due forme capable d'attester que vous avez subi un mal psychologique et nerveux irréparable suite à l'incident. Par ailleurs ne jamais décliner votre identité sauf en cas de force vraiment majeure. L'idéal serait de ne porter sur soi aucun papier susceptible de révéler quoi que ce soit de votre personne. De guerre lasse, il ne faut jamais capituler : tenter par exemple l'argument du voyageur pressé qui vient de perdre un être cher dont il ne veut pas rater les obsèques ; ou celui du provincial qui ne connaît pas les règlements en vigueur en matière de transport public ; ou encore l'excuse de l'ouvrier fauché qui « descend » en centre-ville chercher un emploi pour pouvoir nourrir les 6, 7 ou 8 bouches qui l'attendent à la maison. Nos filles ont là une occasion (quotidienne si elles le veulent) de mettre à l'épreuve leurs talents incontestés de comédiennes nées. Mais, sur ce plan, nos hommes n'ont rien à leur envier. Si bien que nos stations et nos lignes de transport public s'apparentent chaque jour à d'étranges studios de casting où l'on peut dénicher les acteurs et les actrices les plus doués ! Avis donc aux chasseurs de stars ! Badreddine BEN HENDA **Nous avons essayé d'avoir des statistiques plus actualisées, mais après de nombreux contacts téléphoniques avec les services de la Transtu et du Ministère du Transport, un seul nous a appris que les chiffres rapportés dans ce papier sont les plus récents disponibles pour l'heure.