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« Il faut que tous les journalistes s'imprègnent de l'âme de la Révolution »
Thema - Presse et Révolution
Publié dans Le Temps le 17 - 02 - 2011

Interview de Larbi Chouikha, (professeur à l'Institut de presse) - Larbi Chouikha, est professeur à l'Institut de Presse, collaborateur dans des publications indépendantes en Tunisie et à l'étranger et surtout, connu depuis longtemps, pour ses engagements en faveur de la liberté d'expression et du droit des journalistes. Dans cette interview, il nous livre ses réflexions sur la situation actuelle des médias ainsi que sur les moyens à déployer pour que les journalistes s'imprègnent des valeurs et des acquis de la Révolution démocratique. Interview.
Le Temps : Comment jugez-vous la situation actuelle du secteur de l'information après la Révolution du 14 janvier?
Larbi Chouikha : Nul doute que depuis le 14 janvier, le secteur connaît une dynamique inédite qui se distingue par la liberté de ton, la qualité des contributions, l'audace des journalistes en voulant briser les tabous, en explorant des sujets qui relevaient encore de l'impensé, etc…. Nul doute aussi que la suppression du ministère de la Communication et de l'ATCE y a, aussi, contribué. Mais dans le même temps, je relève aussi des dérapages parfois dans la manière de sélectionner et de traiter des informations, dans la manière de conduire des interviews télévisées... Et dans ce même sillage, je constate aussi des hésitations à immerger dans cette nouvelle culture politique marquée par l'irruption de personnalités qui étaient jusque là méconnues du large public.
Par exemple ?
Cette effervescence médiatique est certes remarquable dans la mesure où nous sommes passés du, pas d'informations, à l'étape actuelle marquée par une prolifération - parfois fébrile - des informations en tous genres et de toute nature ! Or, nous devons d'abord rappeler les principes journalistiques de base qui portent sur les fondements de la nouvelle, sur la vérification de sa source, son traitement, sa médiatisation,…. Sur la nécessité de ne pas se focaliser sur une seule opinion - même dominante - mais de rechercher, à chaque fois, des opinions contraires, fussent-elles minoritaires,... Il convient aussi de se demander, s'il y a lieu, parfois, d'amplifier certaines informations en minorant bien d'autres, ou vice-versa ?... D'autre part, dans ce climat de surabondance d'informations et de libertés arrachées, la question de l'éthique et de la déontologie se pose avec une grande acuité et la crédibilité même de la profession en dépend. Enfin, dans ce processus de transition démocratique nous assistons à l'émergence de nouvelles figures, de nouvelles formations et associations…auxquelles la plupart des journalistes, un mois auparavant, ignoraient encore tout de leur évolution, de leur programme, des conditions de leur émergence !
Alors ! Que faut-il faire ?
Pour bien délimiter le rôle et la fonction des journalistes et des médias dans cette étape cruciale de notre histoire, il importe d'organiser des sessions de recyclage à l'adresse des journalistes, et ce, pour plusieurs raisons à la fois. D'une part, pour débattre ensemble des principes professionnels fondamentaux, comme ceux portant sur la définition de ce qui constitue un évènement dans cette étape et la façon de le couvrir. Mais aussi, pour s'interroger sur ce qu'il convient d'entendre par : les sources d'information, au moment où les réseaux sociaux, à l'instar de facebook, accaparent nos activités quotidiennes. Ou encore, pour réfléchir sur la manière de conduire des débats télévisés sans se départir de son rôle de journaliste,… D'autre part et sur cette lancée, il convient de rappeler à chaque fois les principes portant sur l'éthique et la déontologie professionnelle. Enfin, pour permettre aux journalistes de bien comprendre les balbutiements de la nouvelle configuration de la vie publique tunisienne, il faut susciter entre eux un débat pour savoir ; qui sont, aujourd'hui, les principaux acteurs publics ? Que représentent-ils, réellement ?... Les réponses à ces questions sont nécessaires pour pouvoir conduire des entretiens avec ces acteurs et organiser des débats contradictoires entre eux.
Il ne fait pas de doute que tous ces thèmes et questions ne peuvent être traités, abordés, développés que sous l'égide du syndicat des journalistes, et il revient à lui, et à lui seul, de choisir les compétences extérieures à la profession pour les associer au travail de recyclage.
Et quel serait le cadre approprié, dans ce cas ?
Il faut revenir aux fondamentaux en rappelant, qu'à l'origine, le Centre Africain de Perfectionnement des Journalistes (CAPJC) a été créé pour permettre à la profession représentée naguère par l'Association des Journalistes Tunisiens (AJT) dans les années 1980 d'en être le principal partenaire. Or, les objectifs et la mission de ce centre ont été complètement dévoyés pour d'autres raisons et à d'autres fins…, et je me joins aujourd'hui aux voix qui s'élèvent pour exiger qu'un audit soit effectué sur la gestion de ce centre depuis sa création afin de délimiter les responsabilités - de chacun - et en toute transparence !
On remarque que certains journalistes ont opéré des virages à 180° par rapport à leurs écrits avant la Révolution?
Dans toutes les phases post révolutionnaires, vous trouverez toujours d'anciens responsables des médias et des institutions annexes, mais aussi des journalistes et autres, comme des formateurs, des experts en médias, des enseignants,…opérer des revirements « spectaculaires » en feignant d'occulter - aujourd'hui - leur ancien pouvoir de nuisance à l'encontre des opposants et des défenseurs aux droits de l'Homme. Leur nuisance s'exprimait, de manière directe mais surtout, indirecte, dans leurs écrits, actes, propos, rapports, positions, interventions et coups bas,…! Aujourd'hui, beaucoup d'entre eux souhaitent surtout dissimuler au grand public les nombreux avantages et gratifications - en tous genres - qu'ils ont accumulés depuis des années pour : « services rendus » aux gens de l'ancien régime. Heureusement que personne n'est dupe et un travail de mémoire s'impose aujourd'hui ! Il doit être mené publiquement, sur la base d'accusations fondées et sans complaisance
Le conseil des ministres a annoncé le 10 février la création d'une commission de déontologie pour remplacer le conseil supérieur de la communication. Qu'en pensez-vous?
Je vous avoue que j'ai été très surpris par l'annonce d'une telle mesure qui montre ; soit que les anciens réflexes perdurent encore, soit qu'il existe un cafouillage flagrant dans la manière de communiquer ? Bien évidemment, et cela ne devrait pas faire l'ombre d'un doute ; toutes les questions portant sur l'éthique et la déontologie du journalisme relèvent de la profession elle-même. C'est-à-dire des journalistes, entre eux, au sein de leur salle de rédaction, mais aussi au sein de l'instance qui est censée les représenter : le syndicat des journalistes tunisiens !
Entretien conduit par Néjib Sassi


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