Depuis le 14 Janvier, l'administration tunisienne est en ébullition, les mouvements de contestation en son sein ne connaissent pas de répit. Il n'est pas question de réclamations sociales visant l'augmentation des salaires, mais d'action révolutionnaire dont le but est la purge de nos institutions des impuretés qui l'envahissent et menacent leur existence très sérieusement. C'est un signe de bonne santé qui montre à l'évidence que nos fonctionnaires assument leur responsabilité comme il se doit et s'inscrivent à fond dans la Révolution. Ils sont tout à fait conscients du fait que la réussite de celle-ci passe nécessairement par l'assainissement de l'administration qui était l'un des appareils coercitifs dont usait le régime déchu pour bien appliquer sa mainmise sur le pays et causer par là même sa ruine. Cette spoliation qui n'a épargné aucun domaine a particulièrement touché le secteur bancaire, c'est logique, puisque c'est là où sont placées les richesses. « La machine » Le Syndicat Autonome des Agents et des Cadres de la BNA mène depuis des semaines une lutte sans merci contre ceux qu'il appelle les résidus et les symboles de la malversation. Certains parmi eux sont partis à la retraite et les autres sont toujours en exercice. Avant de partir, l'ex PDG a laissé derrière lui, selon le syndicat, une « machine » constituée de directeurs chargés des administrations centrales sensibles, de chefs d'agences et de quelques directeurs régionaux. Cette « machine » est chargée d'effacer toute trace des vols commis, falsifier des papiers et faire disparaître les documents compromettants. Un autre incriminé, l'ex DGA, a été nommé PDG dans une autre banque, toujours d'après les affirmations du syndicat qui a présenté une liste préliminaire de ceux qui sont impliqués dans des dossiers suspects comprenant dix noms. Certains de ces derniers, a-t-il précisé , ont menacé les membres de son bureau de limogeage et ce au cours d'un rassemblement organisé par « les symboles de la malversation et leurs pions » et où le PDG par intérim s'est engagé à révoquer ces derniers sans la tenue du conseil de discipline agissant ainsi en dehors de toute légalité et oubliant qu'il n'est pas habilité à procéder de la sorte vu le caractère intérimaire de sa fonction. Le syndicat a ajouté que « la coterie des prévaricateurs » ne s'est pas contentée de ces actes d'intimidation et qu'elle est allée bien au-delà en menaçant ses membres de violence physique et même de mort par l'intermédiaire de ses hommes de main qui se trouvent en dehors de l'établissement s'il ne lui donne pas accès aux documents et aux preuves se trouvant entre ses mains. Appel à une mobilisation générale Le Syndicat Autonome a souligné sa détermination à poursuivre tous les auteurs de détournement de fonds et d'exactions, ceux qui ont touché aux deniers publics dans toutes les institutions financières et en particulier la BNA et ce malgré toutes les menaces qu'ils ont reçues et les conspirations dont ils font l'objet. Il a demandé aux collègues de toutes les régions de lui fournir les listes de tous les responsables dont les actes de malversation sont établis. Pour mener à bien leur entreprise et faire aboutir leur action, les militants syndicalistes lancent un appel à toutes les honnêtes gens, aux hommes libres et à la société civile avec toutes ses composantes, les personnalités, les organisations, les associations et les partis politiques, pour se ranger de leur côté et leur prêter main forte afin de lutter contre ces « pratiques sordides ». Le Syndicat a mis en valeur le grand apport des agents et des cadres de la Banque avant et durant la Révolution, ces derniers ont lutté pendant des années en consentant des sacrifices énormes, certains d'entre eux ont connu la répression, la torture, l'emprisonnement et le licenciement abusif. Ils formé un rempart contre la cession de l'établissement à l'un des ex amis intimes de Ben Ali et l'ont ainsi sauvé de la privatisation. La STB et la BH seraient les théâtres d'actions similaires à celle de la BNA.