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Paris, Narbonne, Bruxelles et Berlin… sur les traces de la Révolution tunisienne
Entretien - Leila Souissi, Commissaire d'expositions
Publié dans Le Temps le 28 - 06 - 2011

Leila Souissi qui joue depuis tant d'années, le rôle de révélateur de talents en Europe comme en Tunisie, est Officier des arts et des lettres de la République française (2010). Maniant la plume avec dextérité, elle embrasse d'abord, une carrière de journaliste- reporter freelance, qu'elle mènera avec brio pendant de nombreuses années.
De critique artistique pour de nombreux journaux, TV et radios, elle décide de consacrer son temps et sa passion exclusivement à l'art et devient alors, commissaire d'expositions et agent d'artistes en Tunisie et à l'étranger.
Spécialiste de l'art contemporain, elle a notamment organisé la désormais célèbre exposition des sculpteurs dans les Jardins de la Résidence de France, et un événement sur l'art éphémère au Palais Abdellya à la Marsa. Ses dernières expositions en date, celle qui vient d'avoir lieu à L'IMA et l'autre, qui ouvrira ses portes début juillet à Narbonne en France. Entretien.

Le Temps : Quel a été le déclic qui a été à l'origine de la naissance du collectif de photographes tunisiens, « Dégage » ?

Leila Souissi : Début janvier 2011, il y avait une cinquantaine de photographes professionnels et non professionnels tunisiens qui prenaient des photos de tout et ne savaient pas ce qu'ils allaient en faire. Mal traités par la police, battus pour certains, ils ont trouvé refuge dans les appartements et boutiques où les citoyens les ont protégés contre la police. Ils ont vu par ailleurs, mourir devant leurs yeux, le photographe maroco-français, Lucas Mebrouk Dolega, 32 ans, alors qu'il couvrait les manifestations à Tunis pour l'agence EPA.
A cette période précise, j'étais entre Venise et Narbonne et j'ai vécu ces moments d'intense angoisse grâce à Facebook car au début, on ne lisait pas grand ‘chose dans les médias étrangers.
C'est un travail réalisé pour les Tunisiens de l'extérieur et aussi, pour tous ceux qui n'ont pas eu l'occasion de descendre dans la rue et vivre un événement grâce auquel on a eu une génération de photographes.

En quoi consiste le projet de « Dégage » qui a été monté à L'IMA au mois de mai dernier, et dont l'écho a été largement médiatisé dans la presse française?

Le projet de « Dégage », consiste à réunir dans un DVD, les photos de 12 photographes (quatre filles exceptionnelles et huit garçons dont trois professionnels: Adib Samoud, Akram Melomane Belaid, Amine Boussoffara, Hanène Saïdi, Haithem Chebbi, Rafaa Lahiani, Rania Dourei, Rim Temimi, Seif Chaabane, Sélim Tlili, Yassine Hamrouni, Zeineb Henchiri), ayant participé à la révolution de janvier 2011.
L'image n'a besoin ni de textes, ni de paroles, elle transmet directement l'émotion, la dynamique, l'ampleur , la détermination et le courage de tous ceux, jeunes et adultes , hommes et femmes représentant toutes les couches de la société tunisienne , ruraux et citadins , artistes et anarchistes, Ligue des droits de l'homme et membres des partis islamistes, femmes voilées et femmes libres refusant les diktats religieux, membres du barreau et jeunes diplômés au chômage… présents dans la foule qui a déferlé sur Tunis et les autres villes du pays, sans se laisser intimider par les tirs de la police et des milices du pouvoir qui ont provoqué la mort de centaines de manifestants.
Je trouve le travail des photographes présenté dans le DVD, remarquable ; il constitue un véritable document historique, car, entre le début des événements mi-décembre2010 avec l'immolation du jeune Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid , et le 14 janvier 2011, date de la fuite de Ben Ali, aucun organe de la presse tunisienne n'a eu le courage de publier dans les journaux ou de présenter à la télévision, le moindre reportage ou la moindre photo de cette révolte populaire.
Le DVD regroupe donc des témoignages photographiques inédits de cette révolution historique dont le déroulement n'a pas encore atteint son terme puisque les dernières œuvres contenues dans ce document, ont été prises lors de la manifestation pour la laïcité qui a eu lieu le 19 février sur l'avenue Bourguiba à Tunis. Une manifestation qui a regroupé toutes les composantes de la société tunisienne scandant les termes de « liberté, dignité, laïcité » ; un événement encore jamais vécu en Tunisie.
Le projet présenté du 18 au 30 mai dernier, à l'Institut du Monde Arabe à Paris, proposait une quarantaine de clichés inédits et s'intitulait « Révolution tunisienne ». Ajoutons à cela, un DVD regroupant 200 photos des moments forts des événements de cette période, a été visionné en boucle en marge de l'événement, sans oublier la performance du collectif de graphistes qui ont exposé un best-of de leurs affiches publiées sur les réseaux sociaux pendant la révolution.

Comment jugeriez- vous cette expérience, surtout qu'elle est vécue par de jeunes photographes dont les prises de vue, les instantanés, traduisent un véritable espoir ?

Depuis la création de l'IMA, c'est pour la première fois que cet organisme consacre son espace à une exposition tunisienne d'artistes exclusivement tunisiens. Un succès monumental dans la mesure où on a enregistré le jour du vernissage, le nombre de 1850 visiteurs. Par ailleurs, les 1200 catalogues et 500 affiches que nous avons préparés, ont été pris d'assaut.
J'ai signé un contrat avec le collectif de photographes pour l'exclusivité de toutes leurs œuvres, pour une durée d'un an.
Côté financements, les Français se sont chargés des catalogues et le ministère de la Culture tunisien, a pris en main le développement des photos et le contre collage ainsi que le voyage des photographes pour Paris.
Je dirai enfin, que tout ce travail sera remis aux archives nationales tunisiennes.

Après l'IMA, l'exposition est vouée à connaître d'autres destinations, lesquelles ?

Justement, elle partira pour Narbonne grâce à l'initiative de M. Jacques Bascou, député-maire de cette ville.
En réalité, la ville de Narbonne a décidé l'année dernière de mettre, dans le cadre de son Festival «Horizon Méditerranée», la Tunisie à l'honneur. J'ai été nommée commissaire de cette exposition, laquelle se tiendra dans la salle des Consuls de l'archevêché de Narbonne et ce, du 2 juillet au 4 septembre 2011.
L'intitulé de cette exposition est «Traversée», symbolique rappel des nombreuses traversées de la Méditerranée qu'ont fait les savants et artistes dès les débuts de la civilisation arabe.
Trois artistes tunisiens ont été sélectionnés pour l'occasion : Amel Ben Attia, Mohamed Ben Slama et Nicène Kossentini. DVD, installations et oeuvres peintes seront présentés au public narbonnais.
« Une voie ouverte, vers l'autre côté de la mer, l'autre côté du miroir présent dans l'installation de Nicène Ksontini, dans lequel chaque identité se reflète. Un chemin vers l'autre, comme dans les peintures et la vidéo d'Amel Ben Attia qui rend à l'amour sa dimension universelle et à l'image de la féminité sa force originelle.
Quant à Mohamed Ben Slama, sa "Traversée" évoque celle d'un rideau de scène. Oscillant dans ses toiles entre deux univers, les jardins de Jérôme Bosch ou ceux du Douanier Rousseau, il renverse les rôles et prend l'observateur à contre-pied… »
En plus de ces artistes et en hommage à la révolution tunisienne, une vingtaine de photos du collectif “Dégage" seront exposées.
A part la France, le ministre allemand des Affaires Etrangères demande de voir l'expo de l'IMA à Berlin, lors de la prochaine visite du ministre tunisien des Affaires Etrangères au mois de juillet.
A Bruxelles, 150 tirages de nos photos vont être exposés à partir de fin septembre prochain, dans les stations métro de toute la ville.
C'est un projet qui sera entièrement porté et financé par les citoyens tunisiens de Bruxelles. Comme il fera partie aussi, du cursus scolaire dans les deux langues du pays : français et flamand.
L'on a reçu par ailleurs, une demande du centre culturel égyptien à Paris proposant une expo de photographes tunisiens et égyptiens qui se déroulera sur trois semaines. Chez nous, c'est à Hammamet que le projet du collectif « Dégage », élira domicile, vers le 20 juillet 2011.
Propos recueillis par Sayda BEN ZINEB


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