A quelques jours du mois de Ramadan, les Tunisiens se préparent et mettent le paquet pour faire la razzia sur les étalages alimentaires. Comme à l'accoutumée les super et hypermarchés sont encombrés et envahis par des consommateurs avides. Entre vacances d'été, préparatifs « ramadanesques », les soldes d'été qui commencent aujourd'hui et les charges fixes, la liste des dépenses s'étend, le couffin de la ménagère s'alourdit davantage et les poches se vident de plus en plus. Il est vrai que c'est un constat habituel, mais cette année d'autres facteurs entrent en jeu pour donner un autre goût au mois de Ramadan et à la période estivale en général. Une année exceptionnelle : un Ramadan en pleine révolution et en pleine guerre en Libye. Des milliers et des milliers de réfugiés libyens passent cette année le mois Saint et leurs vacances d'été en Tunisie. Conjoncture oblige. Ne dit-on pas que le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres. Loin de toute polémique, le conflit libyen a profité un tant soit peu à l'économie tunisienne. Rien que les exportations des produits alimentaires à destination de la Libye ont quadruplé passant de 53,1 millions de dinars (MDT) au cours des 4 premiers mois de cette année, à 192,2 MDT au cours du premier semestre de 2011. Une hausse remarquable qui vient dynamiser le volume des échanges commerciaux avec l'extérieur et estomper le déficit courant. Toutefois, ceci ne justifie en aucun cas les excès observés sur la frontière et les opérations de contrebande des produits alimentaires subventionnés. Où sont passées les unités de contrôle qui ferment les yeux sur les opérations illicites ? En effet, la frénésie de la consommation des Tunisiens et des réfugiés libyens, ajoutée à l'accroissement des exportations des produits alimentaires risque de déstabiliser l'approvisionnement sur le marché intérieur et font craindre des pratiques spéculatives. On déplore déjà un épuisement dans l'approvisionnement de plusieurs produits de base dont l'eau minérale, le sucre, la farine, les œufs et autres. Un éventuel déséquilibre entre l'offre et la demande risque d'enflammer les prix à la consommation, surtout que le Tunisien ne sera jamais enclin à l'abstinence et à maîtriser ses appétits et ses engouements de consommation quelles que soient les circonstances. Qu'elle soit une période critique ou pas, de Révolution ou non, le Tunisien est prompt à s'endetter davantage rien que pour satisfaire ses caprices culinaires. Qui supportera les coûts d'un marché déséquilibré ? Ci ce n'est le consommateur final qui crie son désarroi et déplore déjà l'érosion de son pouvoir d'achat et à laquelle il participe consciemment ou inconsciemment. Le commerçant opportuniste à souhait ne laisse pas échapper cette aubaine pour récupérer ses manques à gagner après une bonne période de disette. Un Ramadan exceptionnel certes dans une période révolutionnaire et de transition démocratique, mais il semble qu'il n'y a rien d'exceptionnel pour le consommateur et pour le Tunisien lambda qui cherche avant tout une amélioration de son pouvoir d'achat et qui en a marre de payer les pots cassés…