Un film, une scène et c'est le charivari. Il suffit désormais d'un rien, pour que la foule s'indigne et verse dans des cagerottes de pouilles, voire de blasphème ; cette fois, c'est vraiment aller trop loin ! Voici une esquisse de l'effervescente situation : Nessma TV diffuse vendredi soir dernier un film iranien dans lequel, il y a une séquence où Dieu est « personnifié ». Mauvaise pioche diraient une bribe de la société, et, devinez quoi ? Celle-ci a pour emblème : l'islamisme. Ce n'est pas tout à fait une surprise. Néanmoins, une autre frange de la société, s'y est de même prise au jeu. Un projet casse-gueule pour Nessma. Mais ils ont pris le risque, par surcroît, en cette période arachnéenne où tous s'en mêlent les pinceaux depuis la conflagration vécue surtout sous nos cieux. Nessma plaide la liberté d'expression. Les assaillants plaident le sacrilège de l'islam. La guerre est alors déclarée : les attaques sur les réseaux sociaux, la razzia des locaux de la chaîne, et ils ont même battu en brèche les frères Karoui. Les menaces de mort sont également de rigueur. Mais bon sens qu'arrive-t-il à notre Tunisie tolérante ? Pourquoi tant de haine envers nous-mêmes, car nous nous tirons à boulets rouges les uns les autres et pas le moindre lieu de débat ou de discussion ? Sommes-nous face à faux débat ? Le fait est que le droit de protester contre des actes anticonformistes – selon les principes de chacun- est accordé dans l'absolu à tout un chacun à condition que les formes de contestations ne frisent pas dangereusement les chantournements de la violence et de la hargne. Ne sommes-nous pas désormais idoines à la résolution de conflits dans le respect mutuel et dans un canevas civilisé ? Bien sur que oui. Alors qu'attendons-nous pour sauter le pas ? N'avons-nous pas mis au rebut une dictature pour mettre en place une démocratie basée sur des valeurs de tolérance et des égards face aux différences ? Les assaillants – et nous nous réservons de dire, barbus ou autres qualificatifs discriminatoires- auraient tout bonnement pu réclamer aux propriétaires de Nessma TV de présenter publiquement des excuses en rapport à l'offense commise. En hommes de médias respectueux de son audimat, ils auraient tout bonnement acquiescé le faire. L'incident n'aurait pas eu un impact aussi fichu. Voyez maintenant, les occidentaux qui parlent de nous, de nos désaccords bâtis sur nos divergences, qui salutairement devraient dessiner nos richesses, maintenant, ils parlent de nous comme d'un peuple cancre. Nessma s'est peut être ou probablement trompée quant à la date de diffusion du film. Mais qui n'a point pêché, lui jettes la première pierre. Et puis, bon Dieu, ne tombons pas dans ce pas-de-loup où nous redressons un tort par au autre. Face à autant d'incompréhension, ne prenons pas nos vies en dérision.