«C'est la facture de la transition démocratique», affirment les responsables du ministère du Commerce !- Hausse des prix, pénurie des produits alimentaires, déséquilibre des circuits de distribution, prolifération du marché parallèle et du trafic illégal des aliments de base… des pratiques qui ne font que déstabiliser le marché local et surtout appauvrir le pouvoir d'achat du consommateur tunisien déjà affaibli. Mais il paraît que c'est le coût que les Tunisiens doivent notamment, payer pour assurer la transition démocratique, commente le premier responsable du commerce intérieur, Mohamed Dimassi lors du point de presse donné hier au siège du ministère du Commerce et du Tourisme. Tenu en présence de Fathi Fadhli, Directeur Général de la Concurrence et des Enquêtes Economiques et Lotfi Kheder, Directeur de l'Observatoire du Commerce Extérieur, la rencontre était une occasion pour présenter l'état des lieux du marché mais également pour renvoyer la balle dans le camp des consommateurs. Ces derniers seraient, selon eux, responsables du déséquilibre de l'approvisionnement du marché en certains produits, dont le lait. Le problème qui se pose à ce niveau serait dû à l'affluence des points de vente, et à l'achat abusif et le stockage du produit. Fort heureusement, les responsables ont présenté d'autres arguments plus au moins convaincants. Le mois de septembre est celui de la basse lactation, d'où la réduction de la quantité du lait. Ce n'est pas tout. La fermeture d'une unité de production de produits laitiers qui assure 20 % du marché a entrainé un déséquilibre au niveau de l'approvisionnement. Mais le Directeur Général du Commerce Intérieur rassure. La Tunisie dispose d'un stock technique variant entre 10 et 11 millions de litres, sauf qu'il ne faut pas l'utiliser pour des raisons techniques, d'où le recours à l'importation de 3 millions de litres.
Hausse des prix
Evoquant la hausse des prix du poulet et des œufs enregistrée ces derniers jours, les responsables avouent que les prix affichés dépassent de loin les charges d'élevage. Il importe de dire à ce niveau que les éleveurs sont en train d'imposer les prix à leur guise. Question de compenser les charges supplémentaires enregistrées il y a des années quand le coût de la matière première avait augmenté. Cela a été confirmé par les directeurs qui ont annoncé que des discussions étaient déjà en cours de réalisation entre les différents partenaires pour fixer le prix des œufs. Sauf que la tâche n'est pas si facile qu'on ne l'imagine car « il y a plusieurs partenaires avec qui le ministère doit négocier en l'absence d'un seul vis-à-vis », déclarent-ils. Autre point soulevé lors du point de presse, le non respect du circuit de distribution. Un facteur qui ne manque pas d'importance et qui est également, derrière la hausse des prix ainsi que le déséquilibre du marché en termes d'approvisionnement. Il est clair que les équipes de contrôle économique n'arrivent pas à limiter ces pratiques efficacement malgré les efforts déployés à ce niveau. Nous sommes bel et bien « dans une situation exceptionnelle », d'après M. Fadhli. Conséquence ; les producteurs, les grossistes et les commerçants imposent leurs lois les uns aux autres à leurs manières. Mais c'est le consommateur qui est le gros perdant. Il paye de son salaire ces spéculations ainsi que l'opportunisme des maillons de la chaîne de distribution. Nul ne peut nier que la Tunisie passe par une phase de transition démocratique et qu'elle est dans une situation exceptionnelle, reste que les autorités de tutelle ont un rôle à jouer pour assurer l'équilibre du marché et protéger le pouvoir d'achat du consommateur.