« Les faits du jour, l'effet de nuit » Après avoir prêté son serment d'Hippocrate, Rym Lamine Boudabbous s'adonne à la peinture. C'est là que le dialogue s'instaure entre l'artiste et le support; elle est à l'écoute de sa toile suivant le conseil de Pasteur : « guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours. » Ne dit-on pas que la médecine est un art ? Le transfert coule de source, et, comme une araignée tisse sa toile, un fil virtuel la relie à ses états émotionnels. Sa démarche est louable car elle donne au « regardeur », la possibilité d'avoir une libre interprétation de l'œuvre ; celui-ci aura le loisir de l'apprécier ou le contraire, et si l'on donnait la parole à la surface peinte, elle dira comme André Gide « pour moi être aimé n'est rien, c'est être préféré que je désire ». La peinture de Rym varie, et sa vision picturale autodidactique, est guidée par ses impulsions intérieures. « C'est à force d'idéalité seulement qu'on reprend contact avec la réalité » ; cette phrase de Bergson illustre bien « les faits du jour, l'effet de nuit », présentation de sa première exposition, qui semble être l'écho silencieux de son message inaugural. Entre des titres comme « structure » et « décadence », « constellation » et « métamorphose », se place « le pays du Tendre », ce pays allégorique aux divers chemins de l'amour imaginé par Mademoiselle de Scudéry, qui nous donne une note d'espoir et «l'espoir n'est-il pas cette mémoire qui désire ? », et le désir de Rym est de s'abandonner à la rêverie. Sa peinture rappelle au niveau des correspondances, le peintre américain Mark Tobey (1890-1976) et son « white writing », et l'écriture picturale de la médico-plasticienne reflète une pureté certaine, une tache blanche dans ses effets de nuit. L'exposition de Rym Lamine Boudabbous se tient actuellement à la Galerie d'Art et d'Essai le Damier ( Mutuelleville), jusqu'au 13 février 2013. Sylvain Monteleone