L'Orchestre arabe de Barcelone a donné un récital samedi dernier au théâtre municipal de Tunis dans le cadre de la 31ème édition du festival de la médina dans une ambiance conviviale et chaleureuse. Créant un mixage entre les genres et un brassage de cultures enrichissant, il a fait tomber les frontières en établissant des passerelles de dialogue entre les deux rives de la Méditerranée. Les thématiques chantées sont relatives à l'amour, la paix et la tolérance. Environ une quinzaine de titres, dont le plus grand nombre est tiré de leur dernier album Libertad (Liberté) composé en hommage au « Printemps arabe ». Sur la scène de la Bonbonnière, la formation composée de huit concertistes espagnols et marocains s'est servie de différentes gammes espagnoles pour embarquer l'assistance dans un voyage de rêve au cœur de l'Orient, du Maghreb et de l'Andalousie. Les deux artistes Mohamed Solimane et Mohamed Bout Ayoub ont permis au public d'apprécier, grâce à leur voix savoureuse, des chants exprimant les tourments et les douleurs des peuples sans tomber dans le cliché. La cause palestinienne est au centre de leur musique. De Nidae Filastine (l'appel de la Palestine) à El Qods en passant par La lil'hozn (non à la tristesse), Ahlem El Machriq (rêves d'Orient), l'éternelle question palestinienne dont on ne trouve pas encore de solutions est mise en exergue dans un élan lyrique élevé. « Transmettre un message d'amour, de paix et de tolérance dans le monde par la voie du dialogue entre les cultures est notre mission première » a affirmé Mohamed Solimane, premier violoniste, chef d'orchestre et fondateur de l'Orchestre Arabe de Barcelone. D'autres pièces musicales du registre mystique évoquant l'errance, le destin et l'attachement au divin à l'instar de « Enti en'nour », « Allahou Allah », « Taedjebni el coursa lebyout Allah » ont constitué des moments de ferveur ayant emballé par leurs rythmes l'assistance. Les rythmes sont marqués par une fusion entre différents genres musicaux ayant pour influence la world music, le jazz et les rythmes sud-américains dans la lignée des Chick Corea, Al Di Meola et Joe Zawinul, ou encore Yellowjackets et Steps Ahead. Un heureux métissage entre sonorités andalouses, orientales et occidentales qui prouvent que la musique évolue au grès du monde. Entre « mouwachahat », vibrations des 6/8 maghrébins pour le mysticisme soufi, déhanchements de la salsa et dissonances et irrégularités des rythmes jazzy, la formation enchainent les morceaux sans en écorcher leur sens. La musique gnaoui s'est invitée à la soirée pour conquérir un public pas très nombreux mais absolument conquis. La prochaine fois, il y aura sûrement une plus grande affluence.