• « Personne ne sait, ce qui va se passer dans une semaine », prévient Me Lazhar Akremi, porte-parole de Nida Tounès • « Il a parlé comme s'il ne vivait pas en Tunisie », déplore Dr. Faouzi Charfi, dirigeant à Al-Massar • « C'est un discours identique à celui de Ben Ali, le 11 Janvier 2011 », affirme Jilani Hammami, porte-parole du Parti des Travailleurs. • « Il n'a pas les aptitudes pour diriger un Gouvernement », regrette Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti des Patriotes Démocrates Unifié Face à la recrudescence des manifestations de colère et de mécontentement dans les régions et à Tunis faisant suite à l'assassinat de Mohamed Brahmi et appelant entre autres à la démission du Gouvernement et la dissolution de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC), les observateurs et les différentes composantes de la classe politique s'attendaient à une réaction décisive et salutaire de la part du gouvernement, un geste qui puisse débloquer la crise qui sévit dans le pays. Finalement, Ali Laârayedh, après un silence a, finalement réagi. Pour dire et affirmer la détermination du gouvernement à ne pas plier ou céder à la pression de la Rue et a proposé que les prochaines élections soient organisées le mardi 17 décembre prochain. Vis-à-vis des contestataires, il a aussi laissé entendre qu'il irait jusqu'à faire occuper la rue par ceux qui défendent la légitimité. A-t-il parlé en tant que chef de Gouvernement ou de leader du parti au pouvoir ? Quelle a été la réaction de la classe politique ? Me Lazhar Akremi, porte-parole de Nida Tounès a affirmé au Temps qu'il s'agissait « d'un discours de menace et de non reconnaissance de la vérité, plein de désespoir et de violence. C'est un discours qui nous rappelle les dictatures avant leur chute. Elles voient leurs désirs et non la réalité. Je pense qu'il est attaché au pouvoir, parce qu'il sait qu'en quittant le pouvoir, il ne pourra pas réaliser les résultats qu'il espère lors des prochaines élections. Il a besoin du pouvoir qui lui permet de falsifier les élections. Ce qu'il a promis n'est ni logique, ni réaliste. Il a mis sa main sur le ministère de l'Intérieur. J'espère qu'il ne s'impliquera pas dans le sang des Tunisiens. La Rue doit jouer son rôle. Personne ne sait, ce qui va se passer dans une semaine ». Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti des Patriotes Démocrates Unifié, rappelle au Temps que « tout le monde attendait l'intervention chef du Gouvernement considéré comme responsable de la marche de l'Etat tunisien. Il nous a surpris par sa fuite en avant et la non reconnaissance de l'échec du Gouvernement. Il existe une unanimité, à l'exception de son parti, que la période d'Ali Laârayedh, comme celle qui l'a précédé, était catastrophique pour le pays. Dommage il a déçu les Tunisiens. Son prédécesseur était plus audacieux en annonçant sa démission. Lui, il s'entête. Nous n'avons pas vu Ali Lâarayedh, assumant son rôle de chef du Gouvernement, mais celui d'un responsable du parti Ennahdha. Un ton menaçant, une sommation de faire descendre les gens dans la Rue. Ce n'est pas une attitude normale d'un responsable politique. En résumé, Ali Laârayedh, n'a pas les aptitudes pour diriger un Gouvernement. Pas plus que son parti ne mérite d'être au pouvoir. La revendication de faire tomber le Gouvernement est légitime. IL faut former un Gouvernement d'indépendants. Ali Laârayedh fait ce qu'il veut. Les Tunisiens ont le droit de constituer un Gouvernement loin, de la répartition des portefeuilles sur la base de quotas partisans ». Dr Faouzi Charfi, dirigeant à Al-Massar est aussi déçu. Il précise au Temps « on attendait un discours qui donne des signaux de calme et d'apaisement. On s'attendait à un évènement avec la proposition de solutions. On a eu un non-évènement. Il était un chef de Gouvernement partisan. Il a prononcé un discours de fermeté et d'autoritarisme. C'est un discours de menaces à peine voilées contre la population mécontente. Au lieu d'appeler au dialogue sérieux, il dit que le Gouvernement continuera à exercer son pouvoir. L'ANC aussi. Nous avons l'impression qu'il a parlé comme s'il ne vivait pas en Tunisie. Nous avons vécu un 2ème assassinat politique, un attentat avec la disparition de 9 martyrs. La situation est très grave. Lui, il continue à penser qu'il n'y a rien à changer. C'est un discours de division. Il a stigmatisé une partie de la population tunisienne qui veut entraîner le pays dans le chaos. C'est faux. Le chaos est ce que nous vivons. Nous voulons remettre le pays sur le bon chemin, ce qui ne peut se faire qu'avec un dialogue réel. Ce discours a pour message qu'ils ne quitteront pas le pouvoir. Il n'a pas été rassembleur ou fédérateur, ni au niveau des exigences du moment. J'ai l'impression que c'est le discours de Ben Ali du 12 Janvier, chose inacceptable de la part d'un chef de Gouvernement de transition. Le pays se dirige insidieusement vers une catastrophe et ils rétorquent que tout va pour le mieux. Il est clair que les menaces d'attentats sont la conséquence de la permissivité d'Ennahdha ». Jilani Hammami, porte-parole du Parti des Travailleurs et dirigeant au Front populaire, affirme au Temps que « c'est un discours identique à celui de Ben Ali, le 11 Janvier 2011 qui avait parlé de fermeté (Bi kolli hazm, Sa youhassaboun). Ali Laârayedh a menacé de faire descendre ses hommes dans la Rue. Pour lui, tout va bien, comme s'il n'y avait ni sit-in dans les gouvernorats, ni manifestations, ni opposition qui revendiquent la dissolution de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) et la chute du Gouvernement. S'il avait un minimum de dignité il aurait présenté sa démission le lendemain de l'assassinat de Mohamed Brahmi, ou aujourd'hui. Il est inadmissible qu'un gouvernement ne puisse pas protéger ses soldats. Il s'agrippe au pouvoir. Cela précipitera inéluctablement la chute de son Gouvernement et de sa personne en tant qu'homme politique. Je pense que le Gouvernement n'a encore que quelques jours devant lui. Même la Constituante, elle se disloquera d'elle-même, prochainement. Comment ? Les formules sont nombreuses. La plus faible est qu'elle disparaîtra d'elle-même. Le peuple est appelé à continuer à revendiquer la dissolution des instances de pouvoir de la Troïka qui n'ont fait qu'échouer. L'opposition et la société civile sont appelées à préparer l'alternative pour faire aboutir la prochaine étape et résoudre les problèmes du pays ».