Une histoire rocambolesque, ou plutôt deux histoires en « une », comme on se plait à nommer les choses de nos jours. Ça a commencé avec une première plainte portée par une jeune fille, accusant son ami de l'avoir embobinée, avant de l'attirer chez lui et abuser d'elle. Or, ce même suspect allait par suite porter lui-même plainte pour avoir été arnaqué par une tierce personne. Une affaire étrange et abracadabrante, n'est-ce pas ? Eh bien, voyons les détails pour pouvoir la démêler, du moins en connaitre les péripéties, selon les versions présentées par ses différents protagonistes. Voilà qu'une jeune fille, habitant une des nombreuses cités-dortoirs de la capitale, se présente aux enquêteurs du poste de sa localité pour porter plainte à l'encontre d'une de ses connaissances, l'accusant de l'avoir soudoyée, avant de laisser tomber, un jour, son masque et dévoiler ses véritables intentions, celles de la traîner chez lui, sous un quelconque prétexte, et la violer sans le moindre ménagement. Elle affirmera en outre qu'elle l'a rencontré depuis quelques mois déjà et, leurs liens se consolidant de jour en jour, il lui aurait promis le mariage. Suffisant pour elle pour lui faire confiance et le suivre un peu partout. Jusqu'au jour où l'ami en question, et futur époux, lui a suggéré de l'accompagner chez lui. Mais une fois arrivés, changement d'attitude et de programme, le type s'est montré sous son vrai visage, celui d'un amateur de chair fraîche. Présenté ainsi, le tableau laissait croire que le bonhomme mis en cause courait de graves ennuis, risquant à l'évidence une longue incarcération et un séjour longue durée derrière les barreaux. Or, une fois interpellé, le suspect racontera une tout autre version, puisqu'il affirmera qu'il n'a connu la plaignante que pour quelques heures seulement, le jour où il l'a invitée à sortir en sa compagnie, mais niant catégoriquement de l'avoir touchée, avant de se quitter pour n'avoir pu trouver un terrain d'entente sur le plan pécuniaire ! Au moment de la confrontation il n'a pas dérogé d'un iota, maintenant ainsi ses déclarations; quant à la fille, elle s'est effondrée pour avouer que son histoire était effectivement inventée de toute pièce. Ce qui lui a valu, en passant en jugement, une condamnation de verser une amende de deux cents dinars, pour dénonciation calomnieuse. La toile de la seconde partie de cette étrange affaire s'est tissée pratiquement en parallèle, dans ce sens que la famille du suspect aurait été contactée par une personne, soutenant que ce dernier n'a eu son salut qu'à l'intervention d'un cadre influent de l'arrondissement et que celui-ci demandait cinq mille dinars en contrepartie de ses efforts. Gourmand et non moins cupide, le type n'a pas hésité à relancer une seconde fois les membres de cette famille pour un supplément, arguant les frais occasionnés par les démarches entreprises pour tirer d'affaire le suspect. Or, les parents du jeune homme ont eu des doutes quant à la véracité de l'histoire telle que présentée par ce louche individu et se sont empressés de porter plainte. C'est ainsi qu'on a pu découvrir les magouilles du type, rapidement interpellé, de même que son frère qui était apparemment de mèche avec lui. Les enquêteurs sont également parvenus à saisir la somme de trois mille dinars, avant d'envoyer les deux frères complices devant un juge d'instruction, celui-ci ordonnant leur mise en détention avant de passer en jugement.