Le dernier épisode du scénario de la phase transitionnelle a été finalement achevé. Les Tunisiens, souffrant d'une overdose de sujets politiques consommés durant plus que trois années de suite, poussent le soupir de soulagement pour enfin céder la scène aux personnages principaux. En réalité, le citoyen Tunisien n'a jamais été intéressé autant à la politique que pendant la période postrévolutionnaire, ses intérêts se restreignent à son boulot quotidien ainsi qu'à ses loisirs. Ces derniers, se partagent entre culture et sports, mais, au premier plan, restent focalisés pour la majorité des gens, de différentes catégories, sur le football. Un sport à effet magique, le football a, depuis très longtemps, constitué un centre d'intérêt public rassemblant jeunes et adultes, femmes et hommes. C'est le sport de spectacle comme on l'a toujours appelé ce qui fait qu'un match de football, surtout lorsqu'il s'agit de la ligue Tunisienne ou Européenne, ou encore d'une coupe mondiale, recueille un nombre de suiveurs énorme. Les fans des clubs sportifs en Tunisie vont jusqu'à sacrifier de leur temps et de leur argent au profit de leurs équipes préférées et y sont tellement fidèles qu'elles fassent partie fixe de leur vie. Le football a le pouvoir, en vérité, un pourvoir à détourner l'intérêt public, à faire que les gens déchargent toutes leurs énergies pour supporter une équipe mais pas autant pour revendiquer des droits ou lutter pour une cause. Quel secret réside derrière ce phénomène ? Ambiance des rues pendant un derby Un match de derby a eu lieu mercredi dernier, les supporteurs de l'une ou de l'autre des deux équipes ont déjà marqué leur présence dans les rues depuis lundi, un groupe allant un groupe venant, ils faisaient le défilé avec leurs banderoles criant leurs slogans spécifiques. Mercredi, Les cafés populaires ainsi que les salons de thé et la majorité des espaces publics étouffaient pendant deux heures de temps par du monde et ont du réaliser la recette d'une semaine en une après-midi. Tout près du périmètre de l'un des cafés du centre ville, les cris poussés du moment à l'autre, pour applaudir un but ou protester contre une décision de l'arbitre, assourdissaient l'oreille, dehors, le silence régnait, l'ambiance ressemble à celle qui précède l'annonce des résultats des élections, mais le taux d'adrénaline est visiblement plus accru. «Il n'y a pas mieux pour se défouler» A la fin du match, on s'est dirigé vers un nombre de gens qui ont choisi de le suivre en public dans un café du quartier, et on les a interrogés sur ce que possède le football comme effet sur eux, et sur une grande part de la société, voire les femmes. Leur poser ces questions était d'ailleurs plus facile avec un résultat nul. Zakaria, un jeune de 23 ans, explique que le football est un sport exceptionnel. Il ne peut pas être comparé aux autres sports, il ajoute que c'est fascinant et c'est spectaculaire d'ailleurs il n'y a pas que les Tunisiens qui y donnent de l'importance, c'est un sport international. Quant à Hajer, l'une des jeunes qui on suivi le match en tout enthousiasme, avoue que le fait que les femmes s'intéressent au football est étrange en Tunisie, cependant, elle voit que ce sport n'est pas de moindre importance pour les femmes, celles-ci ont également besoin de changer d'air à part que de s'abonner aux festivals de musique ou dans des clubs de danse. Elle ajoute que c'est aussi prestigieux qu'une femme supporte un club de football. Imed, lui, est venu avec son fils et son neveu pour regarder le match, il affirme que le peuple Tunisien manifeste de l'intérêt spécial au football et que rien ne réussira à l désintéresser de son moyen de défoulement le plus populaire et accessible. Il indique que cela est certainement l'une des causes qui font que les jeunes sont de moins en moins intéressés par le volet culturel. « Le secret réside dans le football lui-même », finit-il. Mourad, accompagné de sa copine, a été de insatisfait du résultat du match mais nous a répondu que ce sport soit accrochant et recrute l'intérêt public voire même le détourne des autres questions sociales ou politiques, explique un peu que le peuple cherche à décontracter l'atmosphère surtout après une longue phase ennuyante de changements politiques. Ceci ne constitue pas cependant un prétexte, car depuis l'ère de Ben Ali, il n'y a pas mieux pour voir un rassemblement du peuple, qu'en parlant de football. La notion de loisir est mal comprise en Tunisie : De point de vue psychologique, Mme. Boukraa Hajer indique que lorsqu'on parle de football on parle forcément d'argent. Les investisseurs du domaine sportif sont en effet conscient que leur gain est optimal spécifiquement dans le football. Elle ajoute que de nos jours, les personnages qui ont de l'argent veulent accéder au pouvoir, passent par le financement des clubs sportifs. On peut donc dire, selon la sociologue, que le football devient un pouvoir en lui-même. Mme Hajer ajoute que la notion de loisir n'est pas claire en Tunisie, en d'autres termes on ne sait pas se divertir, c'est ce qui fait que le football soit un moyen incontournable de loisir public. C'est en fait lié à tout un système y compris ses composantes économiques et culturelles. Il faut noter, d'après elle, que ce domaine n'apporte rien finalement sur le plan économique puisqu'il n'est pas un domaine de production et ne crée que provisoirement des postes d'emploi. Le secret de ce pouvoir reste lié au jeu lui-même, notamment ses techniques qui laissent un champ libre au débat public.