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Musulmans «hors les murs»
Publié dans Le Temps le 21 - 06 - 2016

Les premiers musulmans d'Europe prennent pied avec Abd ar-Rahman 1er, et avant lui, avec Tariq Ibn Ziyad, le général berbère, quand il se rend maître de l'extrême sud de la péninsule Ibérique, lors d'une victoire mémorable remportée sur le roi wisigoth Rodrigue. Nous sommes alors au début du VIIIe siècle, en 711, une année faste pour l'islam débutant. Derrière les soldats suivent les religieux, les commerçants, les familles. Historiquement l'Espagne est le pays qui a hébergé le plus grand nombre de musulmans, et le plus longtemps, sept siècles au moins.
Peu après l'Espagne, moins de dix ans plus tard, ils franchissent les Pyrénées. Leurs premières incursions guerrières sont lancées contre le Languedoc et dans la région narbonnaise. Située à la frontière du Territoire de la Paix (Dar as-Sûlh) et du Territoire de la Guerre (Dar al-Harb), Narbonne était, aux yeux des généraux arabo-berbères, un verrou stratégique important. Mais cette présence en terre franque ne dure qu'un demi-siècle. Pépin le Bref réussit le miracle de l'arrêter.
Que reste-t-il aujourd'hui de ce passé ? Peu de chose en réalité. Le dernièr millénaire fut celui d'une désislamisation active et aussi, amour-propre oblige, celui du déni général de l'influence musulmane en Europe et surtout en Espagne. A cela, il faut ajouter la colonisation qui, dans son principe même, induit qu'un peuple colonisé ne peut avoir été le colonisateur. La présence musulmane en Europe a ainsi repris, au gré des migrations, au fil des colonisations, une Reconquista projetée cette fois au-delà de la mer, et qui a achevé la récupération des terres tombées sous le glaive de Mahomet. L'histoire de l'immigration en Europe et plus particulièrement en France a tout juste un siècle. Elle a débuté avec la cohorte d'ouvriers venus des colonies et qui s'activèrent dans trois domaines essentiellement, du moins entre les deux guerres : les usines automobiles, surtout autour des grandes villes (Sochaux, Poissy, Boulogne-Billancourt, Puteaux), les mines dans le Nord et à Saint-Etienne et les exploitations agricoles. Elle s'est poursuivie avec une demande forte en main-d'œuvre dans le bâtiment et les travaux publics, surtout après la Seconde Guerre mondiale (ne fallait-il pas reconstruire les villes, les routes et les ponts détruits par les Allemands ?), et s'est en quelque sorte achevée par le regroupement familial des années 1970 et 1980. Depuis 1974, l'immigration est « officiellement » stoppée, mais les flux migratoires, notamment clandestins, ont continué d'alimenter le marché national sans que même l'établissement de l'espace Schengen, qui a déplacé le problème vers les frontières extérieures de l'Europe continentale, ait pu y mettre un terme.
Aujourd'hui, nous sommes à la troisième génération d'immigrés. Eux-mêmes se considèrent d'abord Français, Belges ou Anglais, malgré les tentatives de plusieurs gouvernements de leur refuser la naturalisation (Allemagne). Plusieurs autres vagues d'immigrations européennes – des chrétiens pour l'essentiel, Polonais, Portugais et Italiens – s'étaient, avant même l'ouverture des frontières européennes, intégrées aux pays où elles se trouvaient. Or, le problème de l'immigration maghrébine ou turque réside dans sa confession religieuse. L'islam porte en soi une vision si opposée à celle du capitalisme d'inspiration chrétienne qu'il n'est pas anormal que des frictions importantes aient lieu entre communautés. Mais amplifier ces frictions, c'est aussi agir à l'encontre du mouvement naturel des peuples, qui consiste à intégrer les étrangers vivant sur leur sol, notamment en leur accordant des statuts dignes d'une nation : réfugiés politiques, travailleurs, étudiants, hommes d'affaires, etc. le premier pays « musulman » d'Europe reste la France, avec plus de 4,5 millions de résidents permanents, dont la moitié est de nationalité française. Les plus nombreux sont les Algériens et les Marocains, suivis par les Tunisiens, les Turcs et les Africains. Les Marocains sont majoritaires en Belgique, suivis de près par les Turcs. Les musulmans y forment une communauté d'un peu plus de 250 000 membres, ce qui représente un quart de la population étrangère du Royaume. L'Allemagne accueille pour l'essentiel des Turcs, lesquels sont ouvriers du bâtiment et des travaux publics ou manœuvres dans les aciéries et dans l'industrie automobile.
Ainsi, l'on ne peut comparer la situation des musulmans d'Amérique à celle des musulmans d'Europe, tant l'histoire des uns est différente de l'histoire des autres. Tout d'abord, on ne parle pas d'émigration ouvrière aux Etats-Unis, comme ce fut le cas pour l'Europe. L'immigration américaine a longtemps été dominée par les Mexicains et par les Asiatiques. Le niveau général d'instruction des musulmans d'Amérique est supérieur, en moyenne, à celui de leurs coreligionnaires européens. Or, qui dit instruction, dit technicité, professionnalisme, agilité linguistique et une plus grande mobilité sociale et politique. Ce détour par les Amériques m'encourage à dire un mot sur l'ensemble des migrations musulmanes dans le reste du monde. On connaît l'intrépidité des négociants arabes qui, peu à peu, colonisèrent la plupart des Etats du Sud-Est asiatique, mais on ignore à peu près tout des petites implantations musulmanes en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Nouvelle-Calédonie et aux îles Fidji. Idem dans les pays d'Afrique de l'Est et ceux du Centre qui veulent encore ignorer la forte immigration de travailleurs ou de marchands musulmans descendus du Nord. Pour des raisons historiquement différentes, ces populations sont venues soit pour travailler, soit pour coloniser des territoires. L'émigration arabo-islamique en Nouvelle-Calédonie est ainsi constituée de déportés algériens qui furent envoyés par la France dans ces contrées lointaines à la fin du XIXe siècle. Les Malais d'Australie furent d'abord pêcheurs de perles ou métayers, les Albanais de Nouvelle-Zélande, des réfugiés. Aujourd'hui, le pourcentage officiel des populations musulmanes en Océanie oscille entre 1% et 10% de la population par pays. Ils sont 200 000 en Australie, 300 000 dans l'ensemble de l'archipel océanien.


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