Tout le monde est unanime que la situation économique du pays est catastrophique, sauf le gouverneur de la Banque Centrale, qui joue au psychologue. Les principaux indicateurs économiques sont au rouge, et le pays est entré en récession durant le premier trimestre. Mais parfois des signes de reprise apparaissent et qui donnent une lueur d'espoir sur un hypothétique dénouement de cette crise. Après la révolution la Tunisie a acquis un capital sympathie important dans les sphères économiques mondiales. Ceci s'est matérialisé dans les premiers résultats des IDE durant les 6 premiers mois de l'année, publiés par la FIPA. En effet, après des baisses dépassant les 26% durant les premiers mois, la baisse s'est soldée à -17.2% seulement durant les 6 premiers mois. Un résultat encourageant pour le futur.
La FIPA, machine à slogans Le rôle de la FIPA durant cette période est très crucial. En effet, elle doit déployer tous ces efforts pour essayer de convaincre les investisseurs à investir en Tunisie, ceux qui ont déclaré leur intention de concrétiser, et aussi ceux déjà installés à maintenir leurs investissements et ne pas délocaliser. C'est donc un effort sur tous les fronts, qui s'oppose à une réalité dramatique, celle des sit-in, des grèves imprévues, des coupures de routes, des difficultés d'approvisionnement et de carences administratives manifestes. Pour attirer les investisseurs il faut des atouts et des arguments, et à ce moment la Tunisie n'en a pas malheureusement. La FIPA continue ces efforts de personnalisation des contacts, de participation à des rencontres, séminaires et foires sous la houlette d'un fervent connaisseur monsieur Noureddine Ben Zekri. Depuis le 14 Janvier la FIPA s'est inscrite dans une logique de campagnes avec des slogans frappants et qui peuvent attirer les investisseurs. Après le slogan «investir dans la démocratie», la FIPA a lancé un nouveau slogan qui est «nouvelle Tunisie, nouvelles opportunités». Or l'argent ne vient pas seulement par les slogans, mais aussi par les faits, les incitations et la stabilité. La FIPA doit surtout s'orienter vers les pays scandinaves et pays du Golfe, qui sont aujourd'hui prêts à investir et miser sur le futur. La FIPA doit être plus réaliste et non moraliste.
Des signes de regain de confiance Les chiffres des IDE depuis le 14 Janvier, ont certes enregistré une baisse importante, mais annoncent tout de même une légère reprise. Cette situation est semblable à celle enregistrée en 2009 suite à la crise mondiale. La Tunisie a enregistré une baisse de -32% sur toute l'année. Selon les derniers chiffres publiés par la FIPA, les investissements directs étrangers ont atteint au terme des six premiers mois 2011, 775,3 MD contre 936,6 MD durant la même période de 2010, soit une baisse de l'ordre de 17,2. Toutefois et si on se réfère à la baisse constatée depuis le début de l'année qui s'est toujours située à 25%, on peut dire qu'une certaine reprise de l'IDE commence à se dessiner. Ces investissements sont répartis à raison de 734,5 millions de dinars en IDE et 40,8 millions de dinars en portefeuille contre respectivement 826,6 et 108 millions de dinars au cours des six premiers mois 2010, ainsi les baisses seraient de 11,4% et 62,2%. L'analyse sectorielle des flux des IDE révèle une concentration sur les secteurs énergétiques et les secteurs des industries manufacturières pour des valeurs respectives de l'ordre de 430 MDT et 196,8 MDT. Malgré la baisse en volume, la contribution des IDE dans la création des emplois a connu pendant les six premiers mois une croissance de 3,3%. En permettant la création de 6128 nouveaux postes d'emplois contre 5932 au cours de la même période 2010. Les baisses constatées en volume sont principalement subies par les secteurs ci-après: tourisme, industries manufacturières et énergie avec respectivement 92,9%, 18% et 5,7%. A l'opposé des autres secteurs, le secteur des activités de services affiche sa bonne santé avec une augmentation de 38,7% des investissements réalisés au cours des six premiers mois de l'année 2011 soit 102,5 MDT contre 73,9 MDT au cours de la même période de l'année précédente. Enfin, le premier semestre de l'année 2011 serait caractérisé par: · L'entrée en production de 85 nouvelles entreprises à participation étrangère. · La réalisation de 112 opérations d'extension d'entreprises étrangères déjà implantées en Tunisie, dans le cadre du développement de leurs activités. · La création de 6128 nouveaux postes d'emplois dont 5470 dans les industries manufacturières. · Sur les 85 nouvelles entreprises entrées en activité, 11 sont implantées dans les régions de l'intérieur. Il faut rappeler que les IDE ont chuté de 24.1% durant les 5 premiers mois et de 24.5% durant les 4 premiers mois (soit 448,8 MD). Ce résultat est encourageant mais ne doit pas cacher les difficultés du pays à s'imposer sur la scène mondiale, ni la qualité de ces investissements qui restent concentrés dans l'énergie et non pas dans des secteurs à forte valeur ajoutée. Les chiffres des 6 premiers mois, ont aussi un effet psychologique sur l'activité économique du pays, et qui peuvent aider à relancer l'investissement. Si les étrangers investissent, pourquoi pas les nationaux. La FIPA doit surtout lancer une grande campagne à l'adresse des tunisiens résidents à l'étranger, qui jusqu'à présent ne semblent pas répondre à l'appel du devoir national, ni au niveau des transferts ni des séjours dans leur pays. Une situation qui doit impérativement changer, car la Tunisie est l'affaire de tous les Tunisiens. Le changement de cap nécessitera certainement un grand effort de la part de tous les intervenants, car «le vent de la contre-révolution souffle fort en ces moments».