Nous avons tous pu relever, ces derniers temps, l'évolution étrange que subit la formation en cycle ingénieur, de biens, voire d'actifs de l'entreprise dans la vie universitaire, notamment dans le domaine de la maintenance industrielle. La définition de la maintenance n'est pas encore stabilisée. A priori, la définition générale adoptée par la normalisation internationale s'impose logiquement comme «Ensemble de toutes les actions techniques, administratives et de management durant le cycle de vie d'un bien, destinées à le maintenir ou à le rétablir dans un état dans lequel il peut accomplir la fonction requise.». La fédération européenne des sociétés nationales de maintenance propose la définition suivante «Toutes les actions qui ont pour objectif de garder ou de remettre une chose en état de remplir la fonction qu'on exige d'elle. Ces actions rassemblent toutes les actions techniques et toutes les actions d'administration, de direction et de supervision correspondantes.». Le marché mondial de la maintenance est très important et on constate que des secteurs presque absents il y a quelques décennies tels que les télécommunications sont actuellement les plus grands «consommateurs de la maintenance». Il y a quelques années la maintenance essentiellement «passive» se situait en aval (après la panne) avec des effets souvent dramatiques. Puis la maintenance préventive a conduit à intervenir avant la panne pour éviter ses effets tout en optimisant les dates de remplacement. Les techniques modernes de maintenance se développent dans notre pays, à la fois en largeur, par leur utilisation dans des secteurs non spécifiquement industriels, l'hôtellerie et le domaine médical par exemple et en profondeur, par l'emploi d'outils de plus en plus sophistiqués. De nouvelles opportunités existent pour les spécialistes dans ce domaine dans la mesure où le secteur ne se limite pas au marché local mais concerne aussi le marché mondial. Cette discipline prend de plus en plus d'importance et couvre de plus en plus de nouveaux secteurs. Et cela n'est pas étonnant puisque la complexité des systèmes et des applications actuelles requiert l'utilisation des nouvelles technologies. En effet, la maintenance effectuée d'une façon régulière sur le matériel et les outils de travail permet de détecter à temps les défaillances empêchant un bon rendement et d'apporter les remèdes qui s'imposent. Grâce à la maintenance, les prestations fournies aux citoyens dans tous les domaines (transport, équipements informatiques, électroniques, automobiles, etc.) sont plus fiables, le risque d'erreur ou d'accident étant réduit à son taux le plus faible. La diminution du risque de panne est, certes, possible par une meilleure fabrication des matériels, mais aussi par une maintenance préventive, bien développée. L'idée d'organiser le forum sur la maintenance a été initiée par trois enseignants chercheurs de l'Institut National des Sciences Appliquées et de Technologie (S. Hamza, S. Sassi et A. Tardy), dans le but d'amorcer une collaboration future et fructueuse entre l'institut et son environnement industriel et pour faire mieux connaître les techniques enseignées. L'INSAT organise régulièrement depuis 1999 un forum devenu international de la maintenance. L'objectif est de permettre de tirer profit de la complémentarité qui existe entre différents outils comme la gestion et la maintenance assistées par ordinateur (GMAO), la télémaintenance, ... afin de faire le point sur les dernières avancées scientifiques relatives aux performances et aux nouvelles technologies en maintenance et sur les problématiques industrielles auxquelles ces avancées sont susceptibles de répondre. Le forum est un pôle d'attraction de nombreuses compétences scientifiques et industrielles aux fins de réunir de façon périodique de nombreuses compétences pour débattre des problèmes afférents à la maîtrise des nouvelles technologies de maintenance au service du développement durable. Les entreprises tunisiennes étant dans le besoin en matière de formation, d'études, d'innovations et de recherche développement les universitaires sont à même de leur fournir des prestations appropriées. Leurs interventions peuvent instaurer des partenariats porteurs et une assistance technique précieuse dans le domaine de la maintenance industrielle. Le besoin proclamé pour la conception de nouveaux produits et l'élaboration de nouveaux procédés d'une part, et le regain d'intérêt porté à la modélisation/simulation d'autre part, nécessite l'implantation d'une industrie à forte valeur ajoutée au niveau du tissu industriel. La formation continue et l'assistance technique sont autant de facteurs qui contribuent à la construction de partenariats prioritaires souhaités. La maintenance doit faire partie de la culture d'une entreprise. Ainsi, les industriels doivent tenir compte de cette exigence. Une collaboration avec les experts de la maintenance est par conséquent inévitable car elle permet d'intégrer les méthodes d'optimisation dans la gestion de la production. Le forum permet d'établir une synergie des collaborations étroites et fécondes entre l'industrie et l'université afin de pouvoir mettre en application des projets d'intérêt commun. Le choix des thèmes ne relève pas, en réalité, du hasard, mais de considérations objectives et que la diminution du risque de panne est, certes, possible par une meilleure fabrication des matériels, mais aussi par une maintenance préventive, bien développée. La maintenance est, dans un premier lieu, une culture. En effet, au sein d'une entreprise, la maintenance doit être adoptée comme une éducation qui se traduit par des comportements. Elle est donc le reflet d'une certaine mentalité industrielle. En un deuxième lieu, la maintenance est une technique qui nécessite des outils (GMAO, etc.) ; elle est basée sur l'observation et l'action. Les progrès techniques réalisés dans le développement des machines industrielles sont dus, entre autre, à l'intégration de la fonction maintenance dans leur fonctionnement. Seul un service adapté pendant le cycle de vie ne laisse rien au hasard pour chercher les causes des dégradations et des dysfonctionnements des machines. La détection précoce des dégradations et des dysfonctionnements des équipements de production permet à lui seul de planifier la maintenance, d'effectuer les réparations nécessaires et d'éviter les arrêts non planifiés. Sommes-nous préparé à pour résoudre les problèmes en question et de suivre les progrès technologiques dans ce domaine ?
Dr. S. HAMZA Chercheur à l'Institut National des Sciences Appliquées et de Technologie Responsable du Forum International de la Maintenance