Plusieurs pays émergents, notamment l'Inde, grand producteur de génériques, se sont engagés, à partir du 1er janvier 2005, à protéger les médicaments brevetés, ce qui fait craindre aux ONG que les médicaments à bas prix ne soient plus accessibles à terme pour les pays pauvres. Depuis sa création en 1995, l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) s'est attachée à protéger les entreprises innovantes de la contrefaçon par le biais des accords sur la propriété intellectuelle (Adpic, ou Trips en anglais) qui leurs donnent notamment un brevet d'exclusivité de 20 ans sur leurs inventions.
Les grands laboratoires pharmaceutiques, notamment Européens et Américains, jugent cette protection nécessaire pour garantir que leurs efforts de recherche et de découverte soient payés en retour. Ces accords laissaient aux pays en développement les moins pauvres (pays émergents) jusqu'à l'an 2000 pour s'y conformer, sauf pour ceux qui ont demandé un délai additionnel, et à qui l'OMC a fixé l'échéance du 1er janvier 2005. Parmi les pays producteurs de médicaments génériques (copies de médicaments brevetés), le Brésil et la Thaïlande se sont conformés ces dernières années aux règles de la propriété intellectuelle, l'Inde a demandé à bénéficier du délai additionnel, ainsi que d'autres Etats comme le Maroc, le Paraguay ou la Tunisie. Or l'Inde est aujourd'hui "le troisième fabricant et premier exportateur mondial de médicaments génériques (moins chers que les médicaments encore sous brevet), en particulier à destination de l'Afrique", d'où son importance dans la fourniture de traitements aux pays pauvres, souligne l'ONG Française ACT UP. A partir du 1er janvier, les compagnies pharmaceutiques indiennes ne pourront plus copier les nouveaux médicaments mis sur le marché, ainsi que les médicaments sortis depuis 1995 et pour lesquels leurs inventeurs ont déposé une demande de brevet qui s'appliquera à partir de la date de dépôt de la demande. Il en serait aussi ainsi de la Tunisie.