Pas de podium. Pas d'ouverture estivale vers une compétition continentale! La marge de manœuvre clubiste s'est rétrécie comme peau de chagrin. Retour sur un «annus horribilis». Rideau sur une saison misérable où le CA, le plus gros budget de la Ligue 1, est devenu le contre-exemple à ne pas suivre. L'implacable logique économique du football moderne aura parlé. Rien ne va plus, les jeux sont faits. Plus de droit à une session de rattrapage ou à un rebondissement dont seul le football a le secret. Ce n'est plus envisageable maintenant que la boucle est bouclée. Pas de podium. Pas d'ouverture estivale vers une compétition continentale! La marge de manœuvre s'est rétrécie comme peau de chagrin. La fin justifie les moyens dit-on. «Sauf qu'il n'est pas non plus logique que l'évaluation du rendement soit très différente selon les résultats finaux» relativisent et tempèrent certains. Mais il faut être lucide. Le groupe de joueurs n'est pas taillée pour la course aux places d'accessit. Il va falloir secouer le cocotier et prendre le taureau par les cornes dans l'intérêt du club et non selon les desiderata de tel ou d'untel. Cette saison, on a semé le vent et on a récolté la tempête. S'il est important de se fixer des objectifs, le but n'est pas forcément d'atteindre tout ce que l'on prévoit. Mais prévoir, c'est déjà influer sur ce que l'on va faire. Les succès arrivent souvent à ceux qui savent ce qu'ils veulent, et qui s'en donnent les moyens. C'est dire l'importance des travaux herculéens qui attendent le CA en été. Pour un traditionnel postulant, achever l'exercice à 38 points du champion sonne comme un terrible aveu d'impuissance et d'incompétence. Le prestige du CA s'en est retrouvé terni et même les dernières étreintes de certaines starlettes face au CAB n'ont fait que confirmer cette médiocrité ambiante qui colle à la peau du club. La peur du haut niveau ou résignation de façade? Maintenant, l'intersaison doit forcément être mise à profit pour se réconcilier avec son environnement, balayer les dysfonctionnements et sortir de cette profonde léthargie. Il ne faut pas se leurrer. La saison est ratée. L'équipe n'y est pas et voilà pourquoi: primo, les recrutements n'ont pas franchement été à la hauteur, le tout sur fond d'instabilité du staff technique. Le CA n'a rameuté aucun gros nom dans la capitale, ces «gros noms» ayant surtout débarqué chez ses concurrents. Puis, le club de Bab Jedid a misé essentiellement sur la jeunesse. Problème, ce n'est pas forcément avec des paris que l'on atteint des objectifs importants, mais avec des grands joueurs, et ce, en dépit du fait que les jeunes ont montré des choses intéressantes. En clair, on a affaibli l'équipe au lieu de la renforcer. Maintenant, là où ça devient grave, c'est que les décideurs seraient en passe de «rééditer le coup» en brandissant la carte des jeunes dans l'optique de la prochaine saison. Comme si c'était suffisant pour retrouver les hautes sphères. La peur du haut niveau ou résignation de façade? Secundo, depuis les trois coups de la saison, un impressionnant contingent est passé par l'infirmerie. Eh oui, à quelques joueurs près, il s'agit de l'équipe-type. Trop de blessures à répétition, ce qui, forcément, interpelle sur la préparation physique des joueurs. Surtout qu'ils se sont blessés à des moments extrêmement importants. Tertio, la saison passée, si le CA a régalé via un jeu spectaculaire, porté vers l'attaque, et un collectif huilé qui fonctionnait à merveille, c'est en raison de l'omniprésence de joueurs-clés qui ont porté l'équipe à bout de bras (Khelifa, Meniaoui, Zouheir Dhaouadi, Haddedi, Belkaroui, Djabou un temps et même Hamza Agrebi). Des noms au-dessus des autres. Puis, quelque chose s'est brisé. Certains deviennent méconnaissables et sont même portés disparus. Ils sont tout simplement cramés d'où la question récurrente des alternatives sur le banc des remplaçants. Encore heureux que le CA fût sauvé par le gong, Walid Jeridi ayant sifflé la fin du calvaire face aux Cabistes suite à une énième claque signée Prince Ibara en fin de chapitre clubiste. Une fin tragique qui résume un «annus horribilis», une situation suffocante, asphyxiante et étouffante. En semant les germes du chaos, les «tontons flingueurs» qui se reconnaîtront ont tout d'abord poussé le CA au bord du précipice, puis ont fini par le jeter dans le ravin ! A l'heure où le CA est plongé dans une ambiance post-apocalyptique, digne de la série «The Walking Dead», il serait vital de proposer un véritable «Plan Marshall» pour redresser ce géant aux pieds d'argile et le prémunir des fossoyeurs de l'extérieur... comme de l'intérieur d'ailleurs ! «Le Club Africain est une mentalité» : le fait d'avoir voulu proclamer comme une incantation ce type de formule éternelle n'est-il pas un aveu d'orgueil démesuré et de prétention mal placée ? Pour un club tiraillé par de profondes dissensions internes qui l'ont gangrené, un étrange silence enveloppe la sphère clubiste. Comme celui qui précède une marche funèbre ! Il n'y a plus besoin de sonner du cor ni de se dédouaner ni de tenter un subterfuge pour s'en sortir par une pirouette. Après avoir savonné la planche à l'envi, il est inutile de tromper l'opinion publique. Car quand la défaite entraîne la défaite, que tout se ligue contre vous, la raison s'égare et l'on «débloque»! On ne peut rien contre la marée montante. Mais l'heure viendra où la marée se retirera et où des âmes de bonne volonté se remettront à re-construire. Cette heure est peut-être plus proche qu'on ne l'imagine...