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Autant en emporte le vent
La fiction tunisienne de 1990 à 2010
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 09 - 2010

Les critiques et les téléspectateurs «avertis» s'étonnent de la qualité de la fiction tunisienne qui va de mal en pis. Et ils se posent toujours les mêmes questions : que fait une commission de sélection des scénarios ? Pourquoi la production de fictions est-elle quasi exclusivement consacrée au mois de Ramadan ? Quel est le montant de l'enveloppe qu'alloue la télévision nationale à la fiction ? Qu'est-ce qui fait que nous n'avons pas une réelle industrie de fiction télévisuelle à l'instar de ce qui existe en Egypte ou en Syrie ? Pourquoi est-ce que notre fiction ne s'exporte pas ? Pourquoi est- ce que ce sont les mêmes noms qui reviennent au-dessus des titres ? Etc.
Beaucoup de questions qui révèlent un manque d'informations. Car la réalité de la fiction tunisienne est beaucoup plus compliquée qu'on ne le pense. Celle des autres pays arabes n'est pas non plus la même, elle dépend de plusieurs facteurs économiques et de choix politiques. Nous ne prétendons pas avoir des réponses, mais comme nous avons été témoins pendant quelques années du mode de fonctionnement de la fiction et notamment à l'ERTT, nous allons essayer d'apporter quelques éclaircissements.
Flash-back
Au début des années 90, à peine la relance de la fiction tunisienne avait-elle eu lieu, avec «Ennas h'kaya» de Hamadi Arafa, un feuilleton dont la production exécutive a été prise en charge par feu Ahmed Baha eddine Attia, que les choses ont rapidement changé. Les choix de l'administration de l'époque, basés entre autres sur l'ouverture de la RTT sur les compétences extérieures à l'entreprise, n'étaient finalement qu'un effet d'annonce, puisqu'il n'y a pas eu de réelle mise en place d'une stratégie de production qui soit conforme aux besoins du diffuseur et validée par la sphère politique. Par conséquent, la continuité devenait impossible. La quantité et la qualité de la production demeurent indissociables de la vision et du niveau de conscience des enjeux chez les responsables nommés aux postes clés. C'est dire donc que les moments les plus marquants de la fiction tunisienne des vingt dernières années n'étaient rien d'autre que le fruit du hasard.
En 1997, on a créé l'Anpa (Agence nationale de promotion de l'audiovisuel). Cette entité attachée à l'ERTT ( ?!), censée soulager la télévision des vicissitudes de la production, a fini par prendre une ampleur inconsidérée en tant que producteur, laissant peu de place à l'initiative privée. Mais que la gestion des projets lui soit confiée, ou qu'elle soit accordée à des partenaires privés, la structuration de cet organisme ne lui permettait pas d'avoir des mécanismes de contrôle et de maîtriser des projets engagés, tant au niveau artistique qu'à celui des coûts. Aucune des deux structures n'a donc ni l'opportunité ni les moyens de réfléchir ou de concevoir des projets à moyen et long termes. Et, bien entendu, aucune planification n'est envisagée pour diffuser à l'étranger les œuvres produites, alors qu'il y a, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, une demande réelle d'achat de certains de nos programmes, aussi bien de fiction que de variétés.
Deuxième tournant
En l'an 2000, une nouvelle équipe de responsables a été nommée à la télévision (à Tunis 7 et à Tunisie 21). Une quarantaine de nouvelles émissions ont été créées. Le mot d'ordre était le suivant : des programmes de proximité pour réconcilier le public tunisien avec sa télévision nationale. Concernant la fiction, le processus de sélection des scénarios a changé. Ce changement a consisté à:
- Centraliser tous les projets dans un même service, chez le diffuseur. De ce fait, l'Anpa jouerait uniquement le rôle d'un département d'exécution de la production.
- Etablir une règle de conduite claire avec les créateurs : réception des projets (note d'intention, synopsis, traitement, scénario) conformément à une gradation convenue : lecture des textes par une commission triée sur le volet, rapports circonstanciés sur tous les textes présentés, présentation des conclusions de la commission aux auteurs concernés, formulation de demandes claires selon les recommandations de la commission, etc.
Cette règle du jeu a permis de suivre certains projets, étape par étape, en bonne entente entre les auteurs et l'administration, représentée par le service fiction.
- Mettre sur pied un atelier du scénario, permettant à une dizaine d'auteurs de présenter leurs travaux à un scénariste conseil étranger.
L'objectif de cette méthode était de faire mûrir des scénarios et de donner des œuvres de fiction de valeur et en nombre significatif.
Il était entendu que les résultats de cette nouvelle organisation ne pouvaient être immédiats, mais il était possible d'en voir les prémices.
Toutefois, cette restructuration a très vite montré ses limites et a permis de mettre le doigt sur les véritables problèmes de la fiction :
L'identification des besoins du diffuseur en matière de fiction n'est pas évidente. La sélection des projets à produire se fait souvent dans l'urgence, sous la pression d'une échéance, généralement celle de Ramadan. Les œuvres sont ainsi produites sans feed back, ni droit de regard.
Les projets proposés sont entièrement conçus par leurs auteurs, sans aucune concertation préalable avec l'ERTT ou l'Anpa. Ils peuvent de ce fait ne pas correspondre aux besoins supposés du diffuseur.
L'administration de la télévision est occupée, la plupart du temps, à gérer le quotidien, à colmater des trous dans la programmation conçue dans l'urgence. L'Anpa, de son côté, s'est retrouvée occupée à exécuter les urgences de la télévision (notamment les émissions de service).
On ne sait jamais quel est le budget consacré à la production de la fiction.
Il n'existe pas de cahier des charges qui gère les relations entre la télévision et les partenaires privés.
Aucune planification n'est envisagée pour diffuser, à l'étranger, les œuvres produites, ni pour coproduire avec un autre pays arabe, alors qu'il y a une demande réelle.
Une des solutions
A l'époque, il fallait peut-être trouver une autre solution. Il aurait été plus logique et plus efficace de créer une Unité fiction à l'instar de ce qui existe dans toutes les télévisions modernes. Installer cette unité au sein de l'Anpa, là où les projets devraient être conçus, fabriqués et vendus. Les prérogatives de cette unité auraient été d'identifier les besoins du diffuseur et d'y répondre, de proposer les projets à produire, de décider de la question de savoir à qui confier la réalisation et la production, d'exercer un droit de regard sur les productions de l'écriture à la diffusion, et ce, en assistant et en conseillant les auteurs au stade de l'écriture, en contribuant aux choix des partenaires artistiques et de production, en se rendant compte des conditions de tournage et de postproduction et en contrôlant la conformité du produit avec le scénario accepté.
Les objectifs de l'unité fiction auraient été de produire tout au long de l'année, en multipliant les commandes et en développant les prospections, d'améliorer la qualité de la fiction, en organisant des ateliers d'écriture ou de mise en scène, de promouvoir la fiction tunisienne en dehors des nos frontières, en élaborant une nouvelle stratégie de marketing, et d'être présents sur la scène internationale, en concevant ou en participant à des coproductions.
Mais de qui et de quoi dépendait cette décision?
Toujours est-il que, aujourd'hui, nous assistons à une «rechute» de la fiction. Elle devient depuis quelques années, on ne peut pas mieux dire, artisanale. Les autres chaînes, notamment privées, sont loin de proposer quelque chose de différent, une alternative. Elles ont l'air de suivre le modèle de la chaîne mère, au niveau des choix, de l'absence de vision et de stratégie de production. La majorité des professionnels de l'audiovisuel sont en train de chômer, et la place est conquise par des débutants qui ne sont pas prêts, ni sur le plan technique ni sur celui de l'artistique, à porter un travail aussi long et aussi délicat qu'un feuilleton. Et plus les chaînes de télévision se créent, plus le marché se rétrécit. Ce qui est bizarre, c'est que tout le monde, ou presque, se focalise sur le court terme : «Demain est un autre jour!» Ni les télévisions, ni leurs collaborateurs, d'ailleurs, ne pensent à demain. Ils fonctionnent tous dans l'urgence, et de préférence au moindre coût. Est-ce un état d'esprit général?
Des drames grossiers servent d'éléments à des feuilletons où la prétention visuelle contraste de la manière la plus ridicule avec la pauvreté affligeante du contenu.
Le public, quant à lui, est franchement divisé. A part les curieux et les optimistes, il y a ceux qui la regardent quand même, mais qui, sans cesse, la critiquent. Il y a également ceux qui boycottent la fiction locale et zappent pour trouver leur compte ailleurs. Il y a aussi, et il s'agit d'une majorité, ceux qui ne ratent aucun épisode. Ces derniers sont-ils «consentants» ou bien motivés par le besoin de voir leur propre image, si déformée soit-elle ?
Un «uniformisme» dans le savoir-faire et les goûts domine au point que le fait de s'attacher à la conception de scénarios, à des travaux sur la dramaturgie d'écran, se voit frappé de discrédit. Un tel acharnement dans l'erreur doit avoir ses conséquences sur l'avenir de la fiction tunisienne... Si avenir il y a.


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