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Une vraie révolution
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 07 - 2017

La résolution d'abolir la monarchie et d'instituer la République fut adoptée à l'unanimité par la Constituante. Elle spécifiait aussi que l'Assemblée chargeait Bourguiba des fonctions de président de la République
Il était 18h15 quand Jallouli Farès, le président de la Constituante annonça, le 25 juillet 1957du haut de la tribune du Palais du Bardo, l'abolition de la monarchie. La Tunisie devint république, et Habib Bourguiba, leader du mouvement national et chef du gouvernement, devint son président.
Evénement pressenti par bon nombre de Tunisiens et d'étrangers, surtout au regard de la marginalisation grandissante du roi Mohamed Lamine Pacha Bey (1881-1962) et de la famille husseïnite qui régnait sur la Tunisie depuis 1705. En effet, la Constituante avait aboli, le 30 mai 1956, les privilèges de ladite famille.
En même temps, Bourguiba, chef du gouvernement depuis le 14 avril 1956 mais qui se comportait comme vrai chef d'Etat, accaparait de plus en plus le pouvoir tout en veillant au démarrage des réformes administratives, sociales et culturelles dont les grandes lignes avaient été fixées par le mouvement national.
Chèrement acquise le 20 mars 1956 après 75 ans d'occupation, l'indépendance de la Tunisie ouvrait la porte à la construction du nouvel Etat moderne et des grandes réformes sociales et culturelles. A cette époque-là, il était question uniquement d'instaurer une monarchie constitutionnelle où le roi aurait un poste purement symbolique.
Il faudrait rappeler ici que le mouvement national n'avait jamais remis en question le caractère monarchique du régime tout au long du combat pour l'indépendance, car les textes ayant établi que ce que l'occupant appelait protectorat gardait un soupçon de souveraineté au pays en la personne du monarque.
C'est donc malgré lui que Mohamed Lamine Bey (souverain depuis 1943 suite à la destitution par la France de son prédécesseur le roi martyr Moncef bey) avait accepté le 29 décembre 1955 d'appeler le peuple à élire une constituante.
Il comptait, quant à lui, créer une commission qui sera chargée d'élaborer le texte fondamental qui devait octroyer au roi de larges pouvoirs et à la famille régnante de grands privilèges. La Tunisie, rappelons-le jouissait, depuis le 3 juin 1955 de l'autonomie interne.
Un processus inéluctable
Le 25 mars 1956, le peuple élut donc au suffrage universel direct et libre sa constituante, dont la première mission était de doter le pays d'une nouvelle constitution prenant en considération l'évolution du pays. Le décret beylical qui instituait ce suffrage spécifiait que la mission de ladite assemblée consiste à doter le royaume d'une constitution.
Le 8 avril de la même année, elle siégea pour la première fois, date hautement symbolique puisqu'elle coïncidait avec la commémoration des grandes manifestations populaires du 8 avril 1938, réclamant, entre autres, la création d'un parlement tunisien. Bourguiba sera élu président de l'Assemblée et le 14 avril il sera nommé chef du gouvernement.
Respectant le protocole, Bourguiba se pliait malgré lui à certains actes d'allégeance envers le roi allant jusqu'à louer, dans ses discours, son patriotisme et les sacrifices qu'il a consentis. Mais dans les coulisses, le leader du mouvement national et chef du gouvernement n'arrêtait pas de tirer à boulets rouges sur le roi et sur la monarchie.
Dans les réunions privées avec le roi et même en présence de la reine, Bourguiba ne cachait pas son mépris pour ces derniers. A plusieurs reprises il fut cassant avec eux, rappelant à chaque fois qu'il est le leader incontestable et unique du peuple, détenteur de la légitimité du pouvoir.
C'est que Bourguiba n'acceptait pas le partage du pouvoir et surtout le fait que le roi avait composé avec son frère ennemi, le leader Salah Ben Youssef, qui dénonçait l'autonomie interne et les « concessions » de Bourguiba et qui était devenu le redoutable opposant à ce dernier.
Une position qui s'était traduite par une profonde crise qui avait failli déboucher, à cette époque-là, sur une guerre civile. Le mouvement yousséfiste sera réprimé dans le sang et son chef lâchement assassiné le 12 août 1961 à Francfort (Allemagne).
Bourguiba ne pouvait aussi accepter le fait que le roi ait demandé secrètement au gouvernement français de continuer à le protéger ainsi que sa famille selon les traités ayant établi l'occupation. Un acte de trahison selon Bourguiba
L'abolition de la monarchie était devenue donc inévitable et la vieille institution obsolète. Surtout que plusieurs de ses chefs avaient eu des positions très peu honorables vis-à-vis du pays et du peuple. Griefs mis en valeur lors de la tenue de la fameuse assemblée extraordinaire ayant signé la fin de la monarchie.
C'est ce que Bourguiba a mis entre autres en valeur dans son discours fleuve et incendiaire qui clôtura les débats. Et aussi le fait que le roi avait accepté en 1953 les soi-disant réformes proposées, depuis plus de deux ans par les autorités coloniales, qui instituaient la cosouveraineté en donnant droit à l'élection de Français au sein des institutions représentatives. Propositions que l'ensemble des composantes du mouvement national rejetait.
Sur les 98 députés, 93 étaient présents (quatre parmi eux étaient devenus ambassadeurs et Hédi Nouira était en mission à l'étranger). Ce qui démontrait l'importance du rendez-vous et donnait une idée sur le poids de la décision qui en découla.
La résolution d'abolir la monarchie et d'instituer la République fut adoptée à l'unanimité. Elle spécifiait aussi que l'Assemblée chargeait Bourguiba des fonctions de président de la République et qu'elle devrait prendre la forme d'un décret ayant force de loi séance tenante.
La Constituante étant souveraine, le décret ayant appelé à son élection devenait, ainsi, selon certains jurisconsultes, caduc. Et le fait qu'il spécifiait que la Tunisie est un royaume devenait par conséquent nul.
D'autres voyaient par contre que la Constituante n'avait pas à se prononcer sur la nature du régime parce que les électeurs ne lui avaient pas accordé ce droit, puisque le décret sur la base duquel ils avaient exprimé leur volonté, spécifiait que la Constituante était chargée d'élaborer « une constitution pour le royaume ».
Décisions controversées
Aussitôt investi des pouvoirs de chef de l'Etat, Bourguiba chargea une délégation d'informer le roi déchu de la décision des représentants du peuple et de veiller à son transfert du palais de Carthage à sa nouvelle résidence.
Lui, son épouse, ses fils et quelques membres de sa famille seront assignés à résidence et leurs biens saisis. Ils vivront dans la misère surtout pendant les deux années consécutives à leur expulsion. Certains parmi eux seront même incarcérés sans aucun jugement. Et l'ex-roi ne sera pas autorisé trois années plus tard à accompagner son épouse jusqu'à sa dernière demeure.
La Tunisie sera dotée, le 1er juin 1957, d'une constitution qui instaurera un régime présidentialiste et Bourguiba, candidat unique, sera élu au suffrage universel direct et libre, en novembre de la même année, président de la République. Cette première République autoritariste deviendra petit à petit un parti-Etat et connaîtra une sévère dérive sécuritaire.
Elle sera vidée totalement de sa substance lorsqu'en 1975, la constitution sera manipulée dans le sens d'une présidence à vie en faveur de Bourguiba avec une succession automatique en cas de décès de ce dernier ou de son incapacité avérée à diriger le pays, le fameux article 57. Bourguiba sera destitué, le 7 novembre 1957, par Zine El Abidine Ben Ali, son Premier ministre en vertu dudit article.
Ce dernier sera à son tour déposé en vertu de la même constitution, le 14 janvier 2011, après un soulèvement populaire sanglant. La constitution du 1er juin 1959 sera abolie quelques semaines plus tard, sous la pression de plusieurs courants politiques influents. Une nouvelle constitution donnant naissance à la IIe République sera adoptée le 26 janvier 2014 par une Constituante ayant été élue le 23 octobre 2011.
Alors que certains ont préféré l'appeler nouvelle République, d'autres appellent depuis un certain temps à l'instauration de la troisième République, car selon eux le régime parlementaire aménagé en vigueur actuellement s'est avéré inefficace.


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