L'Office national de l'assainissement (Onas) contribue aujourd'hui à la lutte contre le stress et la pollution hydriques de par ses multiples missions et l'expansion de son champ d'intervention. Les efforts qu'il déploie au niveau de la promotion et la valorisation des produits des stations d'épuration en eaux traitées et boues dans les secteurs de l'agriculture et du tourisme contribuent à la diminution des effets du déficit pluviométrique enregistré ces dernières années. L'entretien avec Habib Omrane, P.-d.g. de l'Onas, a, justement, porté sur les nouvelles orientations qui appellent, à leur tour, à des changements structurels en vue d'une meilleure implantation et un rôle plus vital dans les régions. L'Onas s'impose aujourd'hui comme un partenaire incontournable dans la lutte contre la pénurie d'eau. Quels sont les projets et programmes exécutés dans ce contexte? C'est en 2016, première année du plan quinquennal 2016-2020, qu'on a procédé à la mise au point d'une stratégie qui tient compte de la nécessité de généraliser les services d'assainissement dans le milieu urbain, l'amélioration de la qualité des eaux traitées et leur promotion et réutilisation dans tous les secteurs de développement, ainsi que le recours aux nouvelles technologies dans le domaine de l'assainissement, l'amélioration des prestations rendues. Notre effort consiste à améliorer la qualité des eaux usées dans les stations d'épuration qui sont au nombre de 119 et qui traitent 255 millions de m3 d'eau. 70% de cette eau est considéré de bonne qualité. 65 millions de m3 d'eau sont réutilisés chaque année dans les domaines de l'agriculture et du tourisme. Très prochainement, cette eau sera aussi réutilisée dans le domaine industriel, c'est-à-dire dans le refroidissement des machines. On a un programme de réhabilitation de 55 stations d'épuration et on va dans ce cadre travailler sur l'augmentation de la capacité des stations d'épuration devenues vétustes. 10 stations ont déjà été réhabilitées et 22 autres sont en cours de réhabilitation pour l'amélioration de la qualité des eaux usées dans le cadre de l'exploitation dans le domaine de l'agriculture. On a actuellement un programme pour la réalisation de systèmes de transfert des eaux usées et des eaux traitées tels que le projet de Sousse Hamdoun (financé par la KFW, banque allemande de développement) où il est question stocker les eaux usées dans un bassin à proximité des zones agricoles et surtout les oliveraies, ainsi que le projet de Tunis Nord (financé par la Banque internationale de développement, Bird). Ce deuxième projet comprend la réalisation d'un réseau de transfert des eaux traitées de la décharge actuelle du canal du golfe au bassin de stockage des eaux traitées, ainsi que la réalisation d'un bassin de stockage des eaux traitées d'une capacité de 160 mille m3 afin de permettre aux agriculteurs de bénéficier des eaux traitées de haute qualité pour l'irrigation à Borj Touil . Nous avons d'autres petits projets à proximité des stations d'épuration. A titre d'exemple, nous avons la station Beni Hassen de traitement des eaux usées et qui produit une eau de bonne qualité. Mais à ce niveau, le problème de la perte d'eau persiste toujours. On a créé, avec le concours du Crda de Monastir, un petit projet en vue de pomper et refouler les eaux vers les zones agricoles qui se trouvent tout près de la station d'épuration. Ce projet sera réalisé au niveau d'autres stations (Mornaguia et Sousse-Sud) Nous visons aussi le renforcement de la capacité de traitement des eaux usées dans les grandes villes touristiques. En effet, 10 terrains de golf sont totalement irrigués par les eaux traitées, dont ceux de Hammamet, Sousse, Monastir, Tunis (La Soukra) Djerba et Tozeur. Quels sont les grands axes du programme 2018? C'est surtout la réhabilitation des réseaux d'assainissement. 250 km de réseau sont chaque année réhabilités. Pour cette année, on va commencer par le réseau de Jendouba puis Ghardimaou en vue de permettre à la municipalité le revêtement de la chaussée. Il y a également les réseaux de Monastir, de Sousse et de Sfax. Au programme aussi pour l'année en cours, la réhabilitation des stations d'épuration ainsi que des stations de pompage qui sont vétustes. Il est impératif pour nous donc de renouveler les équipements d'autant plus que les stations de pompage sont le corps du réseau d'assainissement. Il est aussi question de construire de nouvelles stations d'épuration. Des stations sont déjà en cours de construction à Makthar et à Sousse Hamdoun avec un taux d'avancement d'environ 80%. La station de Gafsa va être remise en service durant le mois de mars prochain. Qu'en est-il de la gestion des boues des eaux industrielles? On travaille sur trois grands axes avec la KFW (banque allemande de développement), à savoir la maîtrise de la pollution industrielle et la gestion des boues ainsi que l'efficience énergétique, on ne peut plus continuer à consommer et dépenser beaucoup d'argent pour l'énergie dans les stations d'épuration. Pour la maîtrise de la pollution industrielle, on a environ 5.400 unités industrielles mais le taux de raccordement aux services d'assainissement est uniquement de 72% pour ces unités, 28% ne sont pas raccordées en raison de problèmes techniques. On a pensé à créer une station commune pour tous les industriels dans certaines zones et on a déjà commencé cette expérience à Ben Arous avec une station spécifique pour le traitement des rejets industriels. On va reproduire la même station au niveau des zones industrielles à Bizerte, Medjez El Bab, Moknine, Sfax, Enfidha et El Fejja. Pour la gestion de la boue, cette dernière est utilisée, après son traitement au niveau des stations d'épuration, comme engrais et pourrait produire l'énergie électrique. La boue contient du méthane, un biogaz à partir duquel il est possible de produire de l'électricité. On utilise près de 140 mille m3 de boue par an. Malgré ces grands projets et la diversité des objectifs de l'Onas, cette grande entreprise, est toujours pointée du doigt par le citoyen après de fortes pluies. L'Onas est chargé uniquement des eaux usées, les eaux pluviales ne sont pas de son ressort. Un facteur qui est le plus souvent passé sous silence. Toutefois, on intervient dans le cadre de la Commission nationale de lutte contre les catastrophes naturelles avec nos propres moyens qui ont connu beaucoup de développement ces dernières années (aspiratrices géantes, mini-cureuses pour débouchage, mini-hydrocureuses, groupes électropompes tractables...). La dernière grande intervention a eu lieu à Ben Guerdane qui n'est pas doté de réseaux d'eau usée ou d'eaux pluviales. Cette intervention vient suite aux inondations qui ont lieu en décembre dernier dans ce gouvernorat. On a utilisé des aspiratrices géantes d'une capacité de 20 m3. Nous envisageons la décentralisation des structures de l'Onas et la création de départements dans chaque gouvernorat. Actuellement, l'Onas est doté d'une seule direction régionale qui est chargée de l'exploitation des réseaux et des infrastructures d'assainissement. Cette direction est dépourvue de pouvoir décisionnel. Pour cette raison, il est vital de passer à la décentralisation pour attribuer plus d'autonomie aux directeurs régionaux. L'ONAS en chiffres selon le rapport annuel 2017 Les investissements réalisés s'élèvent à environ 162 MDT contre 158 MDT prévus, soit un taux de réalisation de 102%. Les dépenses d'exploitation réalisées ont atteint environ 291,6 MDT. Le budget d'investissement de l'année 2018 s'élève à 254 MDT. Le nombre de stations d'épuration est passé de 115 en 2016 à 119 en 2017, le volume des eaux usées à 263 millions m3, celui des eaux traitées dans les stations d'épuration à 260 millions pour la même année. 2% des eaux traitées ont été utilisées dans les espaces verts, 25% dans les terrains de golf, 73% dans les périmètres irrigués.