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Et vogue la galère
Ici Bas
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 06 - 2011


Par Abdelhamid GMATI
On ne peut oublier nos milliers de compatriotes, jeunes et moins jeunes, qui ont quitté le «Navire Tunisie», pour se hisser vaille que vaille sur des embarcations fragiles, inappropriées à la recherche d'un utopique Eldorado européen. Ils n'avaient aucune certitude, aucune information, ils savaient même qu'ils n'étaient pas les bienvenus sur les rivages qu'ils visaient. Ils ont quand même bravé les intempéries, et les dangers et se sont dit «et vogue la galère», advienne que pourra. Plusieurs, quelques centaines, ont payé de leurs vies leur bravade. Les autres, malgré les accords officiels, sont refoulés, mal traités, mal aimés. Ils sont loin de leur rêve. On s'est posé la question sur les raisons qui poussent ces Tunisiens, ces «harragas» à se livrer aux vents contraires. Certes, l'être humain est un nomade et cherche toujours une herbe plus verte ailleurs. Certes, il est difficile de demander à un jeune, diplômé ou pas, rêvant d'une vie meilleure, chômeur depuis longtemps, d'attendre un hypothétique emploi payé 200 ou 300 dinars. Mais il n'y a pas que ces considérations matérielles; il y a autre chose de plus grave: le manque de perspectives, l'absence d'horizon et d'espoir. Qu'a donc le «Navire Tunisie» de si rébarbatif, alors que l'expulsion du dictateur permettait tous les espoirs ? Cinq mois et demi après la Révolution, le navire navigue à vue, ballotté par toutes sortes de vents.
La situation socioéconomique, à la base du déclenchement de la Révolution, ne s'est pas améliorée, au contraire elle s'est détériorée. Le gouvernement de transition fait ce qu'il peut, multipliant les initiatives, n'aboutissant pas à des résultats notables. Pour créer des emplois, il faut des entreprises et, à part celles qui existent et qui sont en piteux état (grèves, occupations, destructions, détériorations), il est nécessaire d'en créer d'autres et pour ce faire, on a besoin de capitaux, d'investissements; que nous n'avons pas en suffisance. Certes, il a été décidé des recrutements dans les administrations et les sociétés publiques mais a-t-on besoin de ces emplois ? Sont-ils productifs ? A part, peut être dans le domaine de l'enseignement où les besoins étaient réels depuis longtemps, les autres emplois relèvent plutôt de considérations politiques, le but étant d'alléger la pression du chômage.
Les partis politiques et les associations n'ont réussi, jusqu'ici, qu'à se multiplier. Certes les plus anciens, les plus structurés, les plus fortunés, font ce qu'ils peuvent, non pas pour aider à résoudre les problèmes pressants du pays, mais pour se donner des assises, pour gagner de nouveaux adhérents. Certains usent de moyens illégaux et utilisent les lieux de culte pour distiller leurs discours. Mais qu'est- ce qui empêche les autres partis de faire de même ? Ne disposent-ils pas de beaux orateurs ou des prédicateurs dans leurs rangs ? Le résultat, qui commence à se faire sentir dans certains endroits, serait de vider les mosquées qui auraient ainsi un moment de répit et abriteraient alors que des discours religieux.
La liberté, toutes les libertés, que la révolution a fait miroiter, sont bafouées et empêchées presque quotidiennement. La dernière atteinte à ces libertés, de pensée, d'expression, de création, a eu lieu ce dimanche, en plein centre de Tunis. Certes, certains (pas tous) partis et associations «ont condamné les actes de violence et les agressions survenus dimanche contre des créateurs et des artistes tunisiens, au cours d'une manifestation culturelle organisée dans la salle de cinéma Afric Art, à Tunis. Ils considèrent que ces agissements n'ont aucun lien avec la sublime religion islamique et qu'ils constituent un dérapage dangereux menaçant la vie culturelle et les principes minimums des libertés individuelles et collectives». Mais «regretter» et «condamner», est-ce suffisant ? Cela ressemble aux réactions des pays arabes à chaque fois qu'Israël bafoue la légalité internationale, agressant et tuant des Palestiniens, femmes et enfants compris.
La justice tunisienne, sur laquelle repose l'Etat de droit et la démocratie, que l'on veut instaurer, traîne dans le traitement des affaires qui lui sont confiées. Si les dossiers d'accusation sont vides, qu'on le dise et qu'on arrête de maintenir la pression et d'alimenter la chasse aux sorcières que certains ont adoptée comme politique et revendication permanente. Les magistrats, par le biais de leurs associations professionnelle et syndicale, multiplient les appels à la grève pour n'importe quel prétexte, y compris la contestation du projet du décret-loi portant organisation de la profession d'avocat. Il nous semble qu'il y a d'autres moyens de faire entendre sa voix. Et il faut se rendre à l'évidence : on n'a pas toujours gain de cause en régime démocratique même si l'on est magistrat.  Les avocats, eux, jouent aux «avocats du diable» et ne cessent de saisir le parquet pour des affaires ne les concernant pas. Par contre, ils rechignent à défendre des accusés même s'ils sont les plus gros criminels sur terre : les règles de leur profession l'imposent. Par contre, certains ont appelé au jugement de leurs collègues, impliqués dans des affaires de corruption et malversations, sous la dictature. Aurait-on une nouvelle dictature de la magistrature et de «l'avocaterie» ?
Les médias ne sont pas en reste et semblent également être ballottés par des vents contraires. La première chaîne publique n'a pas trouvé mieux que de réserver plus d'une heure à une personnalité iranienne qui nous a dépeint l'Iran comme «un paradis terrestre». Pourtant des visiteurs indépendants, y compris des Tunisiens, décrivent ce pays comme un enfer pour les libertés publiques et privées et pour les femmes; on se demande même ce que ce serait sans la manne pétrolière. Une chaîne privée, tunisienne, organise des «polémiques» qui aboutissent à des débats de bas niveau, avec «crêpage de chignon», d'insultes et autres règlements de comptes. Un autre propose des retours sur le passé et invite des anciens responsables qui profitent de l'aubaine, pour jouer aux victimes innocentes, dire leur attachement à la démocratie etc. A quoi sert tout cela, à un moment où la population a besoin de savoir et comprendre les nouvelles dispositions légales, le nouveau mode de scrutin, les nouveaux partis, la future Constituante etc. ?
La Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique se trouve prise, encore une fois, dans une tempête et est contestée. Bien entendu, malgré les arguments fallacieux, avancés par les «dissidents», il se trouve que cette Instance veut débattre du statut des partis, de leur financement et du fameux «Pacte national». A-t-on besoin de cette polémique stérile alors que le temps presse et que les problèmes s'accumulent et n'attendent pas ?
Un navire, une galère, n'ont pas à faire qu'à des vents : ils doivent aussi composer avec les courants. Certains sont prévisibles et calculables. D'autres, plus profonds, plus pernicieux, sont traîtres et s'amusent au ballottage. C'est beau un navire qui virevolte sans qu'on sache pourquoi, les courants n'étant pas visibles, même pas sur les instruments de navigation. Le Premier ministre a estimé, lors de sa visite à la Foire de Sfax, que les sit-in, les grèves, les destructions, les occupations de lieux publics etc. ne seraient plus tolérés. Le «dégage» ne serait plus d'actualité et n'aurait plus sa raison d'être. Hélas, quelques jours après, les grèves reprennent et qui les mènent ? Les agents de la sécurité intérieure supposés mettre fin aux autres grèves !
Le navire avance quand même et dans ce flot de vents contraires, et de contre-courants, il y a quelques brises positives qui soufflent dans la bonne direction. Malgré tout, les galériens ne sont pas encore fatigués et continuent à ramer. Les timoniers, devenus plusieurs, ne savent pas lire les instruments, trop sophistiqués, et ont des boussoles à orientation variable. A moins de devenir tous des «harragas» et d'abandonner le navire. Mais ça c'était avant, lorsqu'il y avait de l'honneur et que les capitaines restaient à bord et sombraient avec le bâtiment. Aujourd'hui, c'est différent, même les rats restent. On avance, quand même sans savoir comment, ni pourquoi. Simplement parcequ'il n' y a pas d'autre solution. C'est l'esprit positif qui domine. Le port d'arrivée n'est pas encore connu et les rivages de la sérénité sont encore éloignés.
Alors disons comme nos compatriotes «harragas» : «Et vogue la galère», avec un brin de fatalisme, si proche de notre culture. On arrivera bien quelque part, advienne que pourra. Quitte à refaire une Révolution. Mais ça c'est une autre histoire


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