Les " kiosques ", ces petites boutiques plantées sur le trottoir, où l'on vend toutes sortes d'articles et de produits destinés à la consommation immédiate (journaux, cigarettes, boissons, friandises, cartes de recharge...), appelés communément " barraka " ou " kouchk " sont bâtis généralement en planches et se trouvent souvent à proximité d'une gare ou d'un arrêt de bus pour servir les usagers de ces moyens de transport publics. Mais ces petites boutiques en bois se multiplient de plus en plus tout autour des collèges et des lycées à tel point qu'on peut compter jusqu'à trois installées dans le même endroit et séparées de quelques mètres l'une de l'autre, comme ce lycée de la banlieue sud qui donne sur trois rues et dans chaque rue on trouve une " barraka " ! C'est à se demander s'il y a une réglementation quelconque qui régit l'ouverture de ces boutiques et leur installation à proximité des établissements scolaires ! Il va sans dire que ces " kiosques " installés devant ou tout près des écoles font un commerce florissant, sachant qu'ils vendent des produits spécialement destinés aux élèves : des cahiers, des doubles feuilles, des crayons, des gommes et des stylos, tout ce dont un élève a besoin avant d'entrer en salle pour passer un devoir. L'élève y trouve également de quoi casser la croûte pendant la récréation de 10h et de 16h et pendant les heures creuses : ils achètent des biscuits, du chocolat, des boissons gazeuses, mais aussi du " mlawi " très prisé par les élèves. C'est pour cette raison que la plupart des buvettes scolaires qui se trouvent au sein même des établissements ont fermé leurs portes, ces buvettes sont là pourtant pour servir les élèves et éviter leur sortie dans la rue pendant les récréations, ce qui pourrait être à l'origine de plusieurs risques : accidents, retards, actes de violence devant l'école... A ce propos, un locataire d'une buvette dans un lycée de banlieue nous a déclaré : " depuis que les " kouchk " sont installés tout près du lycée, tous les élèves ne restent pas dans la cour du lycée, ils vont s'approvisionner dans ces boutiques ; rares sont les élèves qui viennent acheter leur goûter chez nous. Ici, on travaille surtout avec les enseignants ou les agents de l'administration, mais ce n'est pas suffisant pour couvrir les frais. J'ai eu l'idée d'acquérir un photocopieur pour compenser un peu le manque ; maintenant beaucoup d'élèves et même des profs viennent faire leurs photocopies chez moi ! " Ils y vont surtout pour fumer Pourquoi les élèves sortent-ils de l'école pendant la récréation pour aller se ravitailler auprès de ces " kiosques " avoisinants ? " La réponse est toute simple, nous a affirmé l'un des propriétaires de ces petites boutiques, c'est que les élèves viennent chez nous surtout pour fumer, chose interdite dans l'école ; alors, ils viennent acheter des cigarettes ! Pas mal d'élèves, filles et garçons, passent le temps de la récréation à fumer ici même devant le kouchk ; ils mangent quelque chose et dès la sonnerie ils regagnent l'école ! " Il faut aller jeter un coup d'œil du côté de ces petites boutiques à l'heure de la récréation et même pendant toute la journée, aux heures d'entrée et de sortie : une foule d'élèves s'y donnent rendez-vous à cet endroit pour manger, fumer, rigoler...A la sonnerie, ils vont reprendre leurs cours en laissant le sol tout autour du " kiosque " jonché de mégots, de paquets vides, de canettes, de bouteilles en plastic et des restes de nourritures de tous genres ! Un coup dur pour l'environnement scolaire ! C'est qu'il ne faut pas trop compter sur les propriétaires de ces boutiques pour enlever ces déchets qui proviennent de la consommation des élèves ; il faut plutôt attendre le passage de la benne à ordures pour s'en débarrasser, au cas où elle arriverait ! Il est à noter que la majorité de ces " kiosques " ne vendent pas de journaux, chose paradoxale, d'autant plus qu'ils sont destinés essentiellement à la vente de journaux, de livres et de revues. A notre question sur l'absence de journaux et de livres dans ces " kiosques ", l'un des vendeurs nous a tout simplement répondu : " Les élèves n'achètent pas de journaux ; l'argent qu'ils possèdent est surtout dépensé dans l'achat de cigarettes ou des cartes de recharge pour téléphones portables ou encore dans la bouffe ! " L'une des conséquences graves de la sortie des élèves pendant la récréation pour aller s'attrouper autour de ces " kiosques " est l'entrée en retard en classe : la pause qui dure officiellement dix minutes est souvent allongée jusqu'à quinze minutes ou même plus ; ce qui peut déteindre sur le déroulement des cours. L'administration reste cependant incapable de trouver la solution adéquate à ce problème, ne pouvant pas obliger les élèves à rester dans l'établissement à l'heure de la récréation ! " Les portes du lycée doivent être ouvertes à chaque sonnerie, nous a confié le concierge d'un lycée de banlieue, vu qu'il y a des élèves qui viennent et d'autres qui rentrent, suivant l'emploi du temps de chaque classe. C'est surtout à 10h et à 16h de l'après-midi que les élèves tardent à regagner leurs classes parce qu'ils dépassent souvent le temps imparti à la récréation de quelques minutes, c'est devenu une habitude ! On n'y peut rien, on ne peut pas refuser à des centaines d'élèves d'entrer, même en retard ! " Oui, en effet, il faut plus de 10 minutes pour manger son goûter, boire sa boisson et fumer sa cigarette, car souvent il faut faire la queue devant ces fameux " kouchk " avant d'être servi, tant les clients sont nombreux aux heures de la récréation ! Un commerce sans doute florissant, pourvu qu'il soit contrôlé !