Des universitaires, des experts en droits de l'homme et des journalistes tunisiens connus sur la scène ont constitué un Collectif appelé « Perspectives démocratiques », s'assignant pour mission principale la diffusion d'une culture politique répondant aux exigences de l'étape post révolutionnaire que vit actuellement la Tunisie, et ce à destination du grand public des Tunisiens sans distinction. Ce Collectif qui comprend aussi des blogueurs, est soutenu et parrainé par l'Institut Arabe des Droits de l'Homme dont le siège se trouve à Tunis. Il a inauguré, hier, ses activités en organisant à l'espace El Teatro, à Tunis, une rencontre sur le rôle de l'information dans l'étape actuelle, animée par les membres du Groupe, et à laquelle assistaient de nombreux journalistes, enseignants universitaires, blogueurs et autres acteurs intéressés. Le débat a porté sur trois axes de réflexion dont le premier a concerné les rapports entre l'information et l'action politique sous le titre « l'information entre les principes et l'instrumentalisation ou l'exploitation politique ». Le second axe a porté sur les rapports entre l'information proprement dite, ou information traditionnelle et l'information dite alternative véhiculée à travers l'Internet et les réseaux sociaux électroniques. Elle est appelée aussi « information citoyenne ». Le troisième axe de discussion a concerné la liberté de presse, la codification et les exigences éthiques et déontologiques dans l'exercice du journalisme, sous le titre « le paysage médiatique entre la liberté et la codification ». Redonnant vie, par son nom, au fameux mouvement tunisien « Perspectives » de la fin des années 1960 et des années 1970, le nouveau mouvement « Perspectives démocratiques » s'est présenté comme « étant un groupe de réflexion constitué après la Révolution tunisienne, en vue d'instaurer et d'impulser le débat sur la transition démocratique ». Il a déclaré être un groupe travaillant dans l'indépendance totale à l'égard des partis politiques et qu'il ne vise pas à s'ériger en structure associative. Le but de son action est de développer les capacités d'analyse et de discernement politiques chez le public et l'opinion nationale en ce qui concerne les exigences du processus démocratique, face à la prolifération des partis politiques en Tunisie post révolutionnaire et en prévision des importantes échéances électorales qui attendent le peuple tunisien, durant la période à venir, et ce dans un cadre complètement nouveau pour lui, grâce aux acquis réalisés, grâce à la Révolution, en matière de démocratie et de liberté à tous les niveaux. Par son sérieux, la qualité du débat et le niveau élevé des interventions, cette première rencontre a montré l'utilité d'une pareille initiative. Le sujet a été abordé et traité de tous les points de vue, mais la discussion a permis notamment de soulever des interrogations plutôt que d'apporter des solutions. Comment le journaliste peut-il contribuer à façonner et à éclairer positivement l'opinion publique, en se contentant d'exercer son travail avec le professionnalisme requis, c'est-à-dire fournir des informations complètes et exactes sur les évènements, sans perversion aucune et sans exclusion, ni intervention intéressée de sa part. Et dans quelle mesure peut-il le faire, quand même le voudrait-il, car il a toujours derrière lui la ligne éditoriale de l'entreprise médiatique dans laquelle il exerce, journal, radio, télévision. Les entreprises d'information elles-mêmes doivent-elles rester neutres ou prendre position et défendre par conviction telle ou telle tendance. Pérennité de la presse traditionnelle Enfin, quelle place doit-on accorder aujourd'hui à l'information alternative ou citoyenne véhiculée via l'Internet et les réseaux sociaux électroniques, dans le paysage médiatique. L'idée répandue mais qui reste à vérifier est que cette information alternative aurait joué un rôle important dans la marche de la Révolution tunisienne et de la Révolution égyptienne. Quoiqu'il en soit, cette information alternative via l'Internet appelée « alter média »' s'est avérée être un moyen efficace pour mobiliser les masses et les opinions publiques sur des sujets en particulier, partout dans le monde. Cependant, l'expérience a montré ses limites, car elle peut être annihilée techniquement, au même titre d'ailleurs que les chaînes satellitaires, sans compter les dérives auxquelles elle peut donner lieu, n'étant pas assujettie à une éthique et à une déontologie professionnelle. La presse traditionnelle reste, ainsi, irremplaçable à condition qu'elle sache assurer et garder, dans toutes les circonstances, son rôle de premier informateur sincère et objectif de l'opinion publique sur les affaires nationales et internationales.